Silver a écrit :
Plus exactement, je dirais qu'il y a eu maintien de la langue celtique dans les régions "périphériques", alors qu'elle a été remplacée par des dialectes germaniques dans les anciennes zones de colonisation romaine, puisque les anglo-saxons se sont installés dans les régions urbaines et de plaines agricoles, comme les romains. On ne peut donc conclure définitivement que l'emprise romaine a été plus lâche en Bretagne sur la base d'un leg de régions périphériques.
Le fait qu'il y ai eu une substitution de la langue germanique à la langue latin en Bretagne montre que celle-ci n'était pas fermement implantée, comme elle a pu l'être en Roumanie/Dacie, où le rôle du christianisme est totalement inexistant pour en expliquer la diffusion. La Dacie soumise par Trajan et abandonnée par Aurélien n'a pu intégrer le latin que sous la domination romaine. L'évangélisation de cette région ne s'est sans doute faite que de manière très diffuse par l'entremise des Goths convertis par Ulfila au Ve siècle... en langue gothique....
Silver a écrit :
Et concernant la Bretagne romaine, je ne pense pas que l'on puisse dire qu'elle ait été moins romanisée que la Gaule, notamment par le réseau routier (
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Roman ... tannia.svg ), les villes, ouvrages d'art et sites créées (je rappelle pour quelques villes : Londres, Newcastle, Manchester, Lincoln, Colchester, York, et peut-être d'autres
http://www.bbc.co.uk/history/ancient/ro ... s_01.shtml ), ou encore la culture (restes d'amphithéâtre à Chester, bains à Bath, édifices militaires jusqu'en Ecosse...).
Si l'on compare avec certaines régions de France comme les Vosges, le Jura, le Massif Central...cet impact est bien plus lourd. Dans les montagnes, et les "mauvais pays" par extension (Sologne, Massif Armoricain, Ardennes, Bresse, Brenne, Bas-Dauphiné...), la présence romaine semble y avoir été plus discrète, essentiellement militaire. Or, même dans ces régions reculées, y-compris la haute-montagne, la langue latine a remplacé tous les dialectes précédents. Il faut donc chercher la disparition de la langue gauloise dans autre chose que la colonisation "culturelle".
Je ne trouve plus la source, mais il me semble avoir lu que certains auteurs latins avaient constaté dans le Bas-Empire la persistance des langues vernaculaires dans certaines régions de Gaule.
Je ne sais pas si vous en avez conscience, mais vous comparez la romanisation de toute la Bretagne à celle des franges les plus reculées de la Gaule... autant dire justifier la généralité par l'exception. La Gaule est bien plus profondément de culture latine que la Bretagne ne serais-ce que par la présence militaire ; en gaule elle est concentrée uniquement sur la frontière et dirigée presque exclusivement contre les germains, alors qu'en Bretagne les trois légion sont réparties sur le territoire en faisant la province la plus militarisée de l'Empire... Alors s'il y avait eu une adhésion massive derrière la romanité je pense que l'étau militaire se serait déserré. D'ailleurs dès le départ des troupes romaines au Ve siècle, les royaumes britto-romain prennent directement une empreinte celtique très marquée ce qui n'existe pas chez les Gaulois où les quelques résurgences celtiques ne sont que très allogènes...
Silver a écrit :
Oui, c'est ce qui reste à expliquer. Mais il y a probablement d'autres motifs. Encore une fois, le fait que le latin se soit répandu dans la plupart des vallées de montagne, même reculées montrerait plutôt une adhésion des populations à autre chose qu'une emprise commerciale, militaire ou administrative, puisque ces régions en étaient à l'écart. Et cette autre chose, c'est peut-être la religion. La christianisation de l'actuelle Grande Bretagne ne débute vraiment qu'au 7ème siècle, ce qui peut être une explication.
J'en conclu donc que pour vous être Romain, faire parti d'un Empire durant un demi millénaire n'a pas d'impact dans des régions situées à quelques encablures de Rome... Mais que le christianisme sans doute par l'opération du saint esprit parvient à extirper les langues anciennes de leurs pitons rocheux... C'est fortement improbable, déjà parce que la langue latine avait largement évoluée au Ve siècle, et les dialectes dérivées locaux avaient déjà pris une teinte assez marquée ; la tête par exemple provient de
testa (morceau de poterie) et non de
caput... or les prêtres, des gens cultivés n'employaient pas ce genre de termes mais s'en tenaient à une certaine rigueur archaïque...
Silver a écrit :
Dans les montagnes, et les "mauvais pays" par extension (Sologne, Massif Armoricain, Ardennes, Bresse, Brenne, Bas-Dauphiné...), la présence romaine semble y avoir été plus discrète, essentiellement militaire.
Je suis curieux que vous me montriez sur quoi vous fondez ces allégations... des traces de camps romains?
Silver a écrit :
Or, même dans ces régions reculées, y-compris la haute-montagne, la langue latine a remplacé tous les dialectes précédents. Il faut donc chercher la disparition de la langue gauloise dans autre chose que la colonisation "culturelle".
Petite chose ; les populations civiles, dans leur immense majorité n'entendent rien au contenu du culte précis et sont bien plus touchés par les prédicateurs. Au fond leur culte chrétien est assez mal conscientisé avant le VIIIe siècle.
Silver a écrit :
Oui, c'est ce qui reste à expliquer. Mais il y a probablement d'autres motifs. Encore une fois, le fait que le latin se soit répandu dans la plupart des vallées de montagne, même reculées montrerait plutôt une adhésion des populations à autre chose qu'une emprise commerciale, militaire ou administrative, puisque ces régions en étaient à l'écart. Et cette autre chose, c'est peut-être la religion. La christianisation de l'actuelle Grande Bretagne ne débute vraiment qu'au 7ème siècle, ce qui peut être une explication.
Ce sont les élites des sociétés indigènes qui ont transmis la culture romaine et c'est grâce à cet intermédiaire que le modèle s'est transmis. Ils ont rapidement appris le latin et l'idiome s'est également diffusé sur une période très longue ; il a fort à parier que cette diffusion faisant disparaitre des langages locaux ne s'est pas fait de manière tardive... encore une fois vu le peu de terme gaulois en français... Il ne faut pas oublier également que la messe en latin au Moyen Âge est incompréhensible pour la majorité de la population ce qui montre un détachement net de l'origine de la transmission de l'idiome latin.
Silver a écrit :
J'en ignore les mécanismes, mais ils sont probablement proches de ceux qui ont permis l'expansion de l'espagnol en Amérique latine. Il faut peut-être chercher du côté du rapport des anciennes populations avec la langue liturgique.
Qu'est-ce que cela signifie?! Vous pensez que c'est l'entremise du latin liturgique qui a permis la diffusion de l'espagnol?