En histoire, avant de porter un jugement moral, il faut comprendre les faits et les comportements des personnes. Je poste donc un petit dialogue entre Leclerc et Giraud issus des mémoires de ce dernier:
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Leclerc: -"Alors, mon général, vous avez vu le général de Gaulles à Anfa. L'accord est fait?"
Giraud: -"Je l'espère quelques modalités à mettre au point."
L: -Oh, mon général, c'est très simple. Vous n'avez qu'à faire comme le général Catroux. Vous vous mettez sous les ordres du Général de Gaules.
G: -Doucement, doucement, Leclerc. Le général de Gaulle a travaillé de son coté. Moi du mien. Nous devons nous entendre, c'est certain, mais il faut tenir compte d'un certain nombre de réalités qui éxistent et qu'il ne faut pas bousculer, sous peine de voir tout s'écrouler.
L: - Mon général, permettez-moi de vous dire franchement la vérité, ce que nous pensons, nous les gaullistes: tous ceux civils et militaires, qui n'ont pas rejoint le général de Gaulle depuis juin 40, ou qui se sont opposés à lui sont des traîtres. Ils doivent être punis comme des traîtres.
G -Comme vous y allez, Leclerc ! Mais alors, à la rentrée en France, c'est la guillotine à chaque village, et les éxécutions en masse des suspects.
L - Parfaitement, mon général, pas d'hésitation.
G - Et cette armée d'Afrique, Leclerc, à laquelle vous avez appartenu, que vous connaissez bien, qui vient de se battre héroïquement en Tunisie, elle est composée de traîtres aussi ?
L - Je ne parles pas des subordonés, mon général, qui n'ont fait qu'obéir, mais les chefs doivent être impitoyablement éliminés.
Dans le livre "La grande histoire de la seconde guerre mondiale" de Pierre Montagnon, celui-ci en rapportant ce dialogue ajoute:
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Les propos eurent-ils cette teneur exacte que les anciens compagnons de Leclerc refutent ? A sdéfaut de véracité absolue, ils ont le mérite d'éclairer. Le ton de Giraud répond bien à ses sentiments lorsqu'il évoque ces propres mérites. Celui de Leclerc, le jeune chef plein de fougue, rend bien la vindicte qui devait l'animer contre les tièdes et les anti-gaullistes; quand à la fameuse guillotine, autant lui laisser valeur de galéjade.
S'il pensait que les tièdes méritaient la guillotine, je vous laisse deviner ce qu'il devait penser de français pris les armes à la mains dans un uniforme énemi, engagés militaires de surcroit et faisant le coup de feu contre ses troupes.
De nombreux "malgré-nous" se rendirent à des armées françaises. Une fois leur statut reconnus, la plupart eurent le droit de reprendre les armes et de combattre dans les unitées françaises.