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@ LTN503
Comme vous pouvez vous l’imaginer, je pense comme vous
. Il est temps de réhabiliter la pensée militaire et la pratique tactique et stratégique antérieures au 1er Empire ! Dans son Cours sur la petite guerre donné à l’Ecole de guerre de Berlin dans les années 1810-1812, Clausewitz lui-même a appuyé sa réflexion en majeure partie sur des études de cas issues des guerres du XVIIIe siècle, et très peu sur les campagnes napoléoniennes.
Je rebondis sur la question de la « guerre en dentelles », et j’ai envie à ce sujet de vous citer un extrait de l’excellente analyse de Jean-Pierre Bois (dans son livre : Fontenoy, 1745. Louis XV, arbitre de l’Europe, Paris, Economica, 1996, p. VI-VII).
JP Bois écrit à propos de l’expression de « guerre en dentelles », de façon assez percutante : « … la guerre n’est belle que pour ceux qui ne la font pas. »
Voici l’extrait qui met cette vérité en lumière, et qui est un commentaire, par JP Bois, du célèbre échange de politesses de Fontenoy (« Messieurs les Français, tirez les premiers ») :
« Le mot de Fontenoy, quelle qu’en soit la forme exacte, n’est certainement pas inventé. Mais qu’il ait été retenu par les historiens du XIXe siècle, Guizot, Michelet ou Henri Martin, créateurs d’une histoire nationale bientôt racontée aux enfants, n’est pas un hasard.
En effet, en valorisant ce dialogue, ne s’est-il pas agi d’insister sur le caractère léger de la guerre des rois, effacé par la violence et l’héroïsme national et patriotique des guerres de la République, immédiatement suivantes ? Cette courtoisie extrême, en un tel moment, a été généralement admise comme l’expression accomplie de la guerre du XVIIIe siècle : le fusil le cède à la dentelle, et la bataille devient un échange de politesses entre les représentants d’une noblesse ‘insouciante et adorable, ironique et blasée, qui pousse jusqu’à la folie le mépris de la vie, et le culte de l’honneur jusqu’au sublime’, selon le mot du comte Alexis de Volon en 1851…
Rien n’est plus faux. S’il est acquis que Français et Anglais se soient salués avant de tirer et d’en venir aux mains, il ne faut pas oublier que les officiers et les soldats, qui la font, savent que la guerre n’est belle que pour ceux qui ne la font pas. Après le feu, il y a le corps-à-corps et l’arme blanche, la mêlée et le choc physique, les blessures et le sang, le cri des hommes et le bruit du canon, les camarades qui tombent et qui meurent. A Fontenoy, quinze mille Anglo.Hanovriens et cinq mille Français sont mis hors de combat. […]. La guerre en dentelles n’existe pas. »
==> Et JP Bois de souligner, 1) qu’il a fallu bien du courage à ces deux officiers, F. et GB, pour contrôler ainsi leurs sentiments alors qu’ils savaient que, dans la minute qui suivrait, le feu serait terrible ; 2), que, de façon plus pragmatique et tactique, l’avantage, dans la guerre du XVIIIe siècle, restait plutôt à celui qui avait gardé son feu plus longtemps… Et c’est ce qu’il faut retenir finalement de cet échange verbal.