Hitler était d'une certaine façon un stratège mais pas un tacticien, en somme. De toute façon, il faisait entrer dans ses plans des données "idéologiques" qui l'amenaient à prendre des décisions ineptes, c'est déjà un handicap. Le coup des trains de déportés prioritaires sur l'armée est le plus caricatural mais il y en a d'autres. Un général (List je crois) a été limogé parce qu'il s'était rendu au QG d'Hitler sans apporter de carte de son secteur. Or, c'est Hitler lui-même qui interdisait aux officiers se déplaçant en avion au-dessus de zones tenues par les partisans, d'avoir des cartes avec eux !
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Réoccuper la Rhénanie en mars 1936 alors que la France avait encore le dessus militairement et donc risquer de tout perdre, c'était une folie. Et ça n'a marché que parce que c'était une folie..
Sur le papier, un coup d'audace. Mais Hitler, hélas, avait fort bien jugé à qui il avait affaire : à propos des politiciens franco-britanniques, il parlait de vermisseaux. Il
savait que la France ne bougerait pas. Comme il savait qu'elle n'attaquerait pas pendant que la campagne de Pologne mobilisait l'essentiel des forces et du matériel de la Wehrmacht.
Comprendre ce point-clé qui rendait tout possible, et agir en conséquence, c'est bien de la stratégie, on ne peut guère le réduire à de la chance. En revanche, l'analyse qu'il a fait de l'état d'esprit britannique en 1940, faussé par sa vision idéologique (les Anglais étant pour lui de souche germanique) était complètement fausse, ce qui lui a coûté cher.
Quant à Staline, comme tous les dictateurs il s'est pris pour un génie militaire et naturellement a fait n'importe quoi, mais il semble - que les connaisseurs rectifient ! - qu'on lui doive l'organisation des Fronts de réserve, en 1941, qui ont permis d'encaisser l'offensive allemande puis de lancer une première contre-offensive. De plus, il semble qu'il ait au moins su laisser un peu plus la bride sur le cou à ses officiers capables, les réutiliser après des limogeages de façade, contrairement à Hitler, et rattraper quelques gaffes, par exemple en débarrassant les troupes des commissaires politiques de première ligne. Mais il est bien difficile, pour les deux moustachus, de démêler la part d'actif et de passif qui leur est effectivement due, en toute objectivité...