J'ai eu l'occasion ces derniers jours de regarder à nouveau le DVD dont je parlais sur la page précédente.
La première chose m'ayant sauté aux yeux, bien que n'étant pas spécialiste des Mayas, c'est une grosse quantité d'approximations :
-les Mayas étaient environ 11 millions (ah bon ? d'où tient-on ce chiffre ?)
-s'ils ont disparu, c'est qu'ils sont tous morts (mais les Mayas n'ont pas disparu... c'est leur civilisation dite "classique" qui s'est effondrée et les cités de la jungle qui ont été abandonnées).
Et une pléthore de locutions du style "la mystérieuse disparition des Mayas" pour accentuer l'intérêt du spectateur.
Ceci étant, l'archéologue américain au centre du reportage a fait des recherches très sérieuses, malgré quelques affirmations un peu exagérées, et dégagé des hypothèses intéressantes.
D'abord, la sécheresse si souvent mise en cause. Il n'a pas sorti l'idée de son chapeau, il a fait procéder à des carottages de sédiments au fond d'un lac qui ont démontré en effet, notamment par la présence d'un grand nombre de schistes à la période donnée, qu'il y avait eu un phénomène climatique exceptionnel au IXe siècle sur plusieurs années. Aujourd'hui encore, à la fin de la saison sèche, les descendants des Mayas ont encore leurs petites cérémonies rituelles, mâtinées de christianisme, pour implorer le dieu de la pluie de leur apporter l'eau.
Ce n'est pas rien. D'abord, ces cités de la jungle, comme le précise le reportage, sont éloignées de tout point d'eau et vivent uniquement de leurs réservoirs qui se remplissent à la saison des pluies. Qu'une année, les pluies ne soient pas assez importantes ou absentes, et c'est la crise.
Ensuite, tous les peuples précolombiens ne disposaient que d'une seule ressource céréalière, le maïs, cultivé des rives du St Laurent à Rio de la Plata en Argentine. Les cités mayas, comme les autres et comme toutes les civilisations anciennes, avaient, par la force des choses, fondé toute leur économie sur l'agriculture. Récolte médiocre ou très mauvaise = crise économique dramatique, effondrement démographique, troubles politiques, etc.
Le maïs, par ailleurs, est une céréale gourmande en eau. Qu'on aille voir un peu dans nos régions françaises la tronche des maïs en période de sécheresse, c'est pitoyable. Pour eux, c'était pire que cela.
L'archéologue fondait aussi son étude sur la découverte de trente corps, 10 hommes, 10 femmes et 10 enfants, apparentés selon une analyse ADN, dans un charnier (j'ai oublié où...
). D'après certains détails de la dentition (pierres incrustées et autres choses de ce genre), il en avait déduit que ces personnes étaient probablement une famille de rois-prêtres massacrés par le peuple. Ce n'était pas une hypothèse, les crânes montraient des traces de violences évidentes, notamment celui d'un nourrisson de six mois à la tête tranchée au-dessous des oreilles. Des peuples qui se soulèvent en massacrant ceux qui sont censés les diriger et les guider mais se révèlent incapables (forcément) de contrer les éléments qu'ils prétendent maîtriser, ce n'est pas vraiment une première.
L'hypothèse de la guerre est aussi intéressante, mais une guerre, ça fait des morts, et des morts, ça se retrouve, ce qui n'est pas vraiment le cas des Mayas. Peut-être la sécheresse en question leur a-t-elle fait comprendre que leurs cités de la jungle étaient trop dépendantes des éléments naturels et qu'ils les ont tout simplement abandonnées pour des secteurs mieux approvisionnés en eau ? C'est un peu simpliste, certes, mais assez logique, d'une certaine manière.