Ayant insisté plusieurs fois sur le fait que ce qui se passe dans les tribus de chasseurs/cueuilleurs actuelles, ou même du XIXème siècle, ne saurait en rien préjuger du fonctionnement des tribus préhistoriques, et pour dissiper ces notions stéréotypiques sur les rôles de genre dans les tribus de CC qui ne renvoient en fait, en tout ethnocentrisme inconscient, qu'à des (certaines) pratiques occidentales, voici un résumé en ce qui concerne les rôles de genre dans les tribus indiennes d'Amérique du Nord:
http://en.wikipedia.org/wiki/Gender_rol ... can_tribesLa majorité de ces tribus étaient matrilinéaires et matrilocales. Cela signifie concrètement que les enfants étaient la propriété du clan de la mère, et que lors du mariage, l'homme venait habiter dans la famille de la femme, la proximité de sa mère et des autres membres de son clan facilitant les maternités de la jeune mariée.
Le jeune époux n'exerçait pas autorité sur elle, mais au contraire devait se soumettre à l'autorité du frère le plus âgé de son épouse. La propriété de la terre et des maisons était transmise par les femmes, qui pouvaient divorcer facilement en jetant simplement les affaires de leur mari hors de leur tipi ou hutte.
Dans certaines tribus, les chefs masculins étaient désignés, et limogés si ne donnant pas satisfaction, par des assemblées exclusivement composées de femmes "sages" matures.
Dans la majorité des tribus, les rôles de genre n'était pas très différenciés, et se chevauchaient largement, ou presque entièrement. Ceci pour une raison simple: il était risqué de refuser d'enseigner aux femmes des techniques qui pouvaient sauver la tribu en cas d'urgence, et plus généralement, tout le monde devait avoir acquis les compétences conditionnant la survie du groupe.
Groupe qui n'était pas assez nombreux pour qu'une division des rôles rigide puisse être mise en place de toute façon.
Les filles Sioux, Apaches--Choctaws, Iroquois, Hadenosaune, Muskogees, Cherokees, etc.
comme les garçons, apprenaient donc à construire des habitations; chez les indiens Pueblos, les hommes construisaient la structure en bois, les femmes gâchaient et appliquaient plâtre et mortier.
Elles apprenaient à monter à cheval, à fabriquer des outils et des armes, à chasser, à se servir d'une arme, à suivre une piste.
Elles chassaient le bison aux côtés des hommes, elles dépeçaient la bête, la découpaient, tannaient le cuir pour faire des chaussures, et la cuisaient. Les femmes Osages étaient renommées pour leur habileté à la chasse au bison.
Le cas échéant, et comme elles savaient monter à cheval et se servir d'armes, les femmes pouvaient aussi combattare aux côtés des hommes.
De même, dans nombre de tribus, les hommes apprenaient des activités dites féminines, comme de filer, tisser, coudre et fabriquer des vêtements, cuisiner, cueillir des plantes médicinales etc.
Certaines tribus (minoritaires) étaient patriarcales--Omahas, Poncos, Atthabascans; dans cette dernière tribu, en cas de disette, la nourriture allait en priorité aux hommes.
Des tribus ont évolué d'un système matriarcal vers un système patriarcal. Contrairement à ce que pensaient à une certaine époque certains anthropologues, le contraire s'est également produit.
Chez les Inuit Caribous et Greenlanders et chez les Pueblos, les différences de genre étaient minimales.
Dans des tribus comme les Ktunoxas, Navajos, et quelques autres, un 3ème genre , mi-homme/mi-femme (''double esprit"), était reconnu socialement.
Le concept des femmes incapables d'accomplir certaines taches et forcées de ne pas s'éloigner de l'habitation pour rester avec les enfants est caractéristique de sociétés établies dans certaines régions, relativement récentes historiquement, suffisamment nombreuses, complexes, stables et sophistiquées pour avoir mis en oeuvre une différenciation des rôles de genre tranchée et rigide.
Vu leurs conditions de vie difficiles et précaires, une telle division était contre-productive pour les tribus indiennes ci-dessus, et les femmes de ces tribus n'étaient donc pas éduquées dans la notion que certaines taches leur étaient impossibles, dans "l'impuissance apprise" inculquée traditionnellement aux femmes méditerranéennes/occidentales.
Ceci parce que la survie de la tribu dépendait du fait qu'elles soient capables d'accomplir ces taches comme les hommes, si ceux-ci étaient momentanément ou durablement indisponibles.
Autrement dit, des femmes incompétentes et inutiles sauf pour les taches maternelles et domestiques et confinées à la maison étaient un luxe décadent que ces tribus ne pouvaient tout simplement pas se permettre
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