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L'art égyptien appartient en sculpture à une autre époque, il est massif, grandiose, l'objectif est très différent, il n'y a pas recherche de la beauté comme pour les grecs, il s'agit d'impressionner et de marquer l'essence des représentés sur le plan religieux
Je pense que vous retombez un peu dans ce vieux cliché sur l'art grec qui a été invalidé il y a presque deux siècles mais que l'on retrouve immanquablement dans les discussions sur ce sujet--voir ce que disait Narduccio sur la puissance invincible des stéréotypes, indestructible même par les preuves et démonstrations sans cesse réitérées--surtout quand ils servent à bétonner croyances structurantes et système de valeurs.
L'art grec n'était ni pur, ni sobre, ni parfaitement mesuré: nombre de statues grecques de la période classique n'étaient nullement d'une blancheur immaculée, elles étaient en fait peinturlurées--on a retrouvé et analysé les pigments depuis longtemps.
De même, lorsque vous dites que le but de cet art n'était nullement d'impressionner, c'est inexact: l'art grec comporte de nombreuses statues colossales, y compris à l'époque de Périclès. On l'oublie en Europe, parce que souvent on ne connaissait ces statues que par des copies grecques ou romaines de taille bien moindre et en marbre, mais les originaux du "Jupiter Olympien", de "l'Hercule Farnèse" et de l' "Athéna Parthenos" étaient des statues colossales.
Et pourquoi érige t'on des statues colossales si ce n'est pour impressionner par la taille même?
La coupure entre art classique et art archaique n'est pas non plus aussi nette que vous l'impliquez.
Cette notion de la pureté/rationalité de l'art grec a été théorisée par l'historien de l'art du XVIIIème Winckelmann, puis controuvée par les approches postérieures.
En fait, c'est Quatremère de Quincy, qui vivait fin XVIII/début XIXème siècle qui a été le premier, ou un des premiers, à déboulonner ces clichés, c'est lui qui a évoqué la polychromie de la statuaire grecque, le fait que le marbre n'était pas (dans les oeuvres originales) plus utilisé que le bronze, ou d'autres matériaux moins "nobles", l'existence de statues colossales, la qualité des productions artistiques archaiques/hellénistiques etc.
Ces faits ont apparemment été établis en pure perte, car ce stéréotype sur l'art grec, "preuve" de la rationalité (et donc inférant la supériorité) de la civilisation grecque et par extension occidentale, est apparemment indéracinable.