calade a écrit :
ces évêques ont oublié leur "coeur de cible" , la bourgeoisie et ces élites traditionnelles dans lesquels naissent les vocations.
mike92 a écrit :
Si c'est parmi les tenants de l'ordre catholique traditionnel (donc sans doute la bourgeoisie)
Je crois que nous faisons nous-mêmes les mêmes erreurs d'analyse que les évêques sus-cités à l'époque. Ils ont été nombreux à croire dur comme fer que l'Eglise catholique était embourgeoisée, et qu'elle devait se "socialiser" pour récupérer les masses populaires.
La prémisse 1 était largement discutable (église=bourgeois): il y a nombre de régions où, avant la dernière guerre, agriculteurs, artisans
voire ouvriers se pressaient plus volontiers à l'église que les bourgeois.
La prémisse 2 passerait pour une vraie faute "politique" (besoin de se "socialiser"). Lorsque l'on cherche à occuper le terrain contre un concurrent, il n'est pas utile de chercher à lui ressembler, mais au contraire de faire valoir que l'on s'estime meilleur.
Dans ma région du Limousin, j'ai connu des militants actifs des JAC dans les années 50 qui, clairement, s'inscrivaient dans une lutte anti-communiste: si les journaliers, les jeunes paysans n'allaient pas là, c'est la cellule du parti qui les accueillait à bras ouverts. Mais ces militants plaçaient l'engagement sur un plan prioritairement moral et spirituel. Il va sans dire qu'ils étaient minoritaires dans leur mouvance. Mais leur action a été plus efficace si l'on se place du côté de l'église catholique, en termes de vocations sacerdotales et de taux de pratique que l'on peut observer chez ces militants ou leurs descendants.
Mais je crois que le sentiment d'avoir à se renouveler était irrépressible dans l'Église catholique des années 60, à tous niveaux, dans tous les milieux, et que les évêques comme Achille Liénard vivaient à leur époque, tout simplement. On peut donc surement parler d'échec comme le titre ce fil, mais pas de faute.
L'intervention du début du Concile mentionnée par Alain est intéressante à plus d'un titre. Elle est manifestement préparée, ce qui donne en effet l'idée de groupes d'évêques organisés venus au Concile avec des objectifs précis. Elle est surtout saluée par la presse de l'époque comme les premiers signes de temps nouveaux dans l'Église, un vent démocratique inconnu. Après un pontificat de Pie XII centralisateur avec une curie toute-puissante, voilà que la feuille de route et les groupes de travail décidés par les bureaux romains peuvent voler en éclats si la base le demande!
Rétrospectivement on voit là une naïveté qui pourrait faire sourire, mais c'est exactement comme pour les engagements sociaux dont nous parlions plus haut: nous, nous connaissons la suite de l'histoire; nos prédécesseurs, non.