Lebel a écrit :
@ Narduccio
Mes sources
http://www.oradour.info/ruined/chapter5.htm.
Dans son site extremement documenté sur Oradour , l'auteur , americain , consacre un chapitre au jugement de Bordeaux , commenté impartialement et detaillé jour par jour
C'est le seul document dont je dispose , sur le procés , à l'exclusion d' equivalent officiel français
Il me semble que nous avons un problème de sources. D'abord un mot sur les 2 auteurs du livre que j'ai cité à 2 reprises. André Hugel n'est qu'un historien amateur. Il est actif au sein de la Société d'Archéologie de Riquewihr qu'il préside depuis 1978. Il est l'auteur de 7 livres, dont 2 qui parlent de la SGM.
Nicolas Mengus est, quant à lui, Docteur en Histoire médiévale, auteur de nombreuses publications sur les châteaux forts d'Alsace. Il est très sensibilisé à la tragédie alsacienne durant la SGM. Simplement parce qu'un membre de sa famille (Jean-Pierre Mengus) fut incorporé de force dans la Wehrmacht, un autre dans les Waffen-SS (Marcel Koenig), un autre fût réfractaire (André Claus), un évadé du Volkssturm (Auguste Mengus) et un condamné à mort pous son appartenance au groupe de résistance d'Alphose Adam (René Mengus). Ainsi, il a un membre de sa famille dans chacun des cas de figure possible.
Ce qui est génant, c'est qu'ils citent souvent les minutes du procès de Bordeaux qui sont conservées à l'ADEIF du Bas-Rhin à Strasbourg, qu'ils ont pu consulter tout à loisir.
Que dois-je donc penser quand je lis à la page 204, la note de bas de page suivante :
Citer :
34. Albert Daul précise par ailleurs qu'ils avaient dit à cet homme qu'il serait préférable qu'il ne rentre pas à Oradour, car ils sentaient que la situation était anormale (minutes du procès - audience du 17.1.1953, f°32).
Je pourrais multiplier les exemples.
Dois-je jeter mon livre au feu ?
Lebel a écrit :
Quant aux recensions de malgré-nous que vous citez , aucun témoin d' Oradour ne les a confirmés , ainsi que le dit Vézère :Mais le fait est que les survivants qui se sont échappés, c’est à leurs seules forces qu’ils le durent, en étant grièvement blessés le plus souvent. Et que les gestes d’humanité revendiqués par les accusés, ils n’en ont pas vu un seul. Que n’a-t-on retrouvé, pour les faire témoigner, ces gens dissuadés d’entrer dans le village et qui ont été ainsi épargné ?
Page 234
Citer :
Pendant que Steger traversait les champs, Albert Ochs à ses cotés, vers le bourg, Auguste Lohner est resté sur la route avec la mission d'arrêter les passants et d'abattre toute personne qui refuserait ou ne pourrait obtempérer à l'ordre de se rendre sur le Champ-de-Foire. "Étant ainsi placé sur la route, probablement non loin de l'intersection, de la route de Saint-Victurien et de al route de Limoges, j'ai vu venir une jeune fille, âgée de 16 à 18 ans, venant de la route de Saint-Victurien.
Je l'ai arrêtée et je lui ai dit de rebrousser chemin, qu'elle était en danger si elle continuait à s'approcher d'Oradour. Je lui ai demandé où elle voulait aller. Elle m'avait répondu à Oradour. Je l'ai prise par l'épaule, l'ai fait repartir en s'éloignant de cette localité" ; il ajoutera plus tard que la fille portait un sac à provision (166).
Allons voir la note de bas de page 166 :
Citer :
166. Audition du 22.11.1945 f°4-5. Il s'agit dans doute d'Yvonne Hyvernaud, née Gaudy. Dans ses dépositions des 24.8.1949, f°1, et 29.1.1953, f°4, elle indique en effet qu'elle se trouvait à Puy-Gaillard quand un Waffen-SS lui a dit de filer par la route nationale, car "on a tué un des nôtres" et qu'elle risquait donc d'être exécutée. Elle a ensuite rejoint la ferme Chez Lanie.
Lebel a écrit :
@ Raguse
Darthout a fait le récit de ce qu'il a vu et entendu avant d'être enfermé dans la grange et n'a pu distinguer les allemands des alsaciens .......aucun SS alsacien ne semble s’être adressé en français aux victimes
Cela fût évoqué à l'audience du 24.1.1953, f°8, la 2ème section (groupe Steger) serait effectivement descendue des camions à Bellevue. Une moitié aurait continué sur la route vers Oradour, l'autre serait allé vers la gauche, capturant les habitants des Brandes et remontant jusqu'à la moitié ouest du bourg. Lohner fait partie du groupe qui a suivi la route jusqu'à l'entrée du Champ-de-Foire
où il a servi d'interprète à Kahn et au docteur Desourteaux. Page 234.
Plus loin, il est dit :
Citer :
168. Dans sa déposition du 22.11.1945, f°10, Auguste Lohner précise : "Je n'ai pas entendu dire qu'il avait été demandé au maire de la commune de désigner des otages. Je n'ai pas dû me trouver sur le Champ-de-Foire à ce moment. Je me rappelle que l'alsacien Hoelinger, qui possède une bonne instruction et qui parle couramment les deux langues, souvent fut l'interprète de la compagnie lors de la campagne de France" (Archives Adeif 67)
Pour revenir au témoignage de Jean-Marcel Darthout. Il s'est retrouvé à un "mauvais endroit". En plein cœur du village. Là, où les malgré-nous étaient directement sous la surveillance des officiers et sous-officiers. Vous voulez quoi ? Qu'un malgré-nous déclare : "Habitants d'Oradour, moi et mes camarades voulons que vous sachiez qu'il y a un certain nombre d'alsaciens. Nous sommes totalement en oppositions avec le sort qui vous est fait, mais nous ne pouvons nous y opposer." Il est évident que c'était impossible. Donc, sauf s'il s'est trouvé aux endroits où il y a eu des tractations entre les officiers et les notables du village, il n'a pas du entendre les waffen-SS parler français (surtout que de le faire sans y avoir été invité par leurs supérieurs aurait pu leur valoir de partager le sort de la population). Après la fusillade, il a cherché a échapper à la vue des waffen-SS qui œuvraient dans le village (ils avaient ordre de l'incendier et de tirer à vue), il est donc évident qu'il n'a pas chercher à savoir si certains des soldats qui venaient de lui tirer dessus étaient des français ou pas et s'ils le traiteraient miséricordieusement s'il s'adressait à eux pour leur demander secours.
Pour ce que j'en sais, mais je ne retrouve pas le livre où c'est écrit, pour regrouper la population "paisiblement" sur le Champ-de-Foire, les officiers disent au maire qu'ils vont fouiller le village et qu'ils vont prendre des otages. Lorsque les femmes sont conduites à l'église, elles pensent (parce qu'on le leur a dit) qu'on les met à l'abri et donc, au début, elles ont peur pour les hommes de la commune. Elles comprendront plus tard qu'elles aussi sont en danger. En fait, fidèles à leurs habitudes, les allemands racontent à chacun des mensonges de circonstance pour que tout ce passe dans le calme, ce qui leur rend la tâche plus aisée.