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Les deux "courants" s'appuient sur des sources qui, apparemment, se contredisent.
Il serait bon de s'interroger là-dessus. Werth et Courois s'appuient essentiellement sur des archives secrètes soviétiques, ouvertes depuis l'après-1991, alors que "ALR" utilise des archives de diplomates et d'hommes politiques occidentaux des années 1930, essentiellement (cf son site sur la question).
Cela nous amène déjà à un premier enseignement, au-delà de l'engagement politique de chacun, : ALR utilise ses sources comme si les hommes politiques occidentaux, diplomates et médias
savaient ce qui se passait en Ukraine à cette date, alors que le régime soviétique maquillait ses crimes dans l'étouffement de la société civile et sa mort.
Personne de l'extérieur ne pouvait réellement savoir à cette date la nature des crimes du régime soviétique à l'égard de son peuple et en particulier des koulaks (paysans riches) et des minorités nationales, non-russes que Staline opprimait.
Les Ukrainiens avaient la particularité d'appartenir aux deux catégories : ils constituaient une minorité qui ne souhaitaient pas subir l'hégémonie russe (cela se remarquait déjà sous les Tsars) et leurs "terres noires" avaient de hauts rendements céréaliers, ce qui permettait aux paysans propriétaires de grandes parcelles (laissés sous la NEP), de s'enrichir.
Tout le monde est d'accord là-dessus, sauf que pour ALR la famine est sur-estimée et accidentelle (
), sans volonté préalable de punition de la part de Moscou.
Alors, elle "descend" le nombre de morts de trois millions - ce qui en laisse toujours entre 3 et 4 (c'est toujours ce qui m'écoeure dans ces macabres décomptes : qu'est-ce que cela change, des centaines de milliers d'innocents sont quand même massacrés !
) - et prend pour argent comptant les notes des ambassadeurs Français à Berlin dans un vaste complot polo-vaticano- allemand contre l'URSS, souhaitant surexciter les Ukrainiens contre le pouvoir moscovite.
Rien, ne vient étayer cette thèse fantaisiste dans l'historiographie mondiale. Qui plus est, elle nous explique que le financement allemand aux organisations autonomistes ukrainiennes datent de 1918, sans pour autant reconnaître que Staline et le PCUS avaient prémédité cette famine au début des années 1930.
Bref, elle est illogique dans son raisonnement et procède d'une mauvaise foi sans comparaison possible.
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Pour ma part et a ce que j'en sais, la verite doit probablement se situer quelque part entre les deux dans la mesure ou nous avons la affaire a deux courants historiques "militants".
Je ne crois pas, car cela reviendrait à soutenir que cette famine ne fut qu'accidentelle, ce qui est faux.
Les koulaks ukrainiens étaient systématiquement torturés, déportés et/ou excécutés. Il fallait qu'ils disparaissent "en tant que classe" pour les membres du politbureau. Lorsque cette historienne reconnaîtra cela, il n'y aura plus "plusieurs thèses" et on pourra parler de révisionnisme - ce qui me paraît plus intéressant et contructif -, et non plus de négationnisme dans lequel elle s'enlise lamentablement.
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Si Courtois et Werth, historiens engages mais serieux, ont le droit a la parole, ALR, engagee aussi et serieuse aussi, doit egalement l'avoir. Or, elle fait l'objet d'une campagne de calomnies (Pas ici mais sur le Net par ailleurs) de la part de gens qui ne sont pas des historiens et dont certains courriers sont entaches d'antisemitisme qui me fait les soupconner d'une certaine nostalgie un tantinet nauseabonde.
Elle ne se comporte pas de meilleure façon sur son site...
C'est l'affaire médiatisée qui est politique et polémique, mais il est des événements que l'on ne peut contester et je voudrais que l'on recentre les débats sur ceux-ci, que j'avais rappelé plus haut.
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Que certains, mal remis de la guerre froide, cherchent a charger Staline de plus de noirceurs qu'il n'en a eu, et il en a eu de nombreuses, c'est de bonne guerre.
Les nier est encore pire !
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Duc de Raguse, ma reaction (Epidermique, je vous l'accorde) viens du fait que, plus haut, nos echanges se resument comme suit :
1 - Vous me dites que si ALR s'appuie sur des archives staliniennes, il y a des doutes a se faire.
2 - Je vous dis que l'essentiel de ce que j'ai lu s'appuie sur des archives diplomatiques occidentales diverses.
3 - Vous dites ensuite, en gros, que c'est nul de ne pas s'appuyer sur les archives sovietiques.
Aurais-je mal lu ?
Vous n'avez pas compris, c'est indéniable.
Lorsque je parle d'"archives staliniennes", je fais référence aux mensonges d'Etat qui furent véhiculés à la population soviétique et à l'étranger. Se fonder là-dessus, c'est ce moquer du monde !
Lorsque je fais allusion aux archives soviétiques, je pense aux archives ouvertes après l'effondrement de l'URSS en 1991. C'est sur celles-ci - restées secrètes - qu'il faut fonder son analyse et son jugement.
Avez-vous mieux compris ?