Alain.g a écrit :
la guerre de Vendée qui a donné lieu à des ordres révolutionnaires officiels d'extermination et fait plus 100.000 victimes. Le jeune Bonaparte aurait refusé pour cette raison de commander en Vendée !
Quand on se penche sur le problème, ce n’est pas vraiment ce qui ressort des documents contemporains du refus du jeune Bonaparte.
Le 29 mars, Bonaparte, toujours à l’armée d’Italie, était nommé à celle de l’Ouest. On peut à ce sujet citer un extrait du rapport présenté à la Convention nation au nom du Comité de salut public :
« Armée de l’Ouest :
Buonaparté (Néapolone), général de brigade. A des connaissances réelles dans son arme »Un mois plus tard, l’intéressé écrivait à Hoche, son futur supérieur :
"Une lettre de la commission du mouvement des armées de terre m'apprend que j'ai été nommé à commander l'artillerie de votre armée, du moment que j'aurai remis à celui qui doit me succéder, et que j'attends tous les jours, les papiers et instructions nécessaires, je partirai pour Nantes, très empressé de faire votre connaissance et servir sous vos ordres." Le 7 mai suivant, Bonaparte recevait à Marseille l’ordre de rejoindre son poste. Il partait le lendemain (
« J’arrive à Avignon bien affligée de l’idée de devoir être si longtemps loin de toi » Bonaparte à Désirée Clary, 9 mai 1795) et filait sur Paris où il arrivait vers la fin du mois.
Là, un nouvel ordre allait tomber. Le 13 juin en effet, Bonaparte était toujours affecté à l’armée de l’Ouest, non dans l’artillerie, mais dans l’infanterie.
L'empressement de la lettre 29 avril ne résista pas cette nouvelle affectation. Le 22 du même mois, il écrivait à Joseph :
" Je suis employé comme général de brigade dans l'armée de l'Ouest, mais non pas dans l'artillerie. Je suis malade, ce qui m'oblige à prendre un congé de deux ou trois mois. Quand ma santé sera rétablie, je verrai ce que je ferai." Le 5 août suivant, il présentait ses doléances au Comité de salut public en ces termes :
" Au premier travail qui fut fait pour les officiers généraux, il avait été nommé pour commander l'artillerie de l'armée de l'Ouest ; il s'y rendait lorsqu'il a appris qu'il n'avait point été compris parmi le nombre des officiers généraux d'artillerie. [...]
Si le général Bonaparte a été exclu du nombre des officiers généraux d'artillerie, il l'a été sans aucune raison et par l'impulsion de quelques intrigants connus de tous temps dans le corps, par leur assiduité à circonvenir tous les hommes en place, ce qu'ils appellent faire la guerre et avoir des années de service.
Le général Bonaparte attend de la justice des membres du Comité de salut public, chargés de la partie militaire, qu'ils voudront bien le restituer à ses fonctions " Cette lettre ne fut pas couronnée de succès et le 17 août, Bonaparte reçut finalement l'ordre de rejoindre son poste.
Le refus fut sa réponse :
" L'on m'a porté pour servir à l'armée de la Vendée comme général de la ligne : je n'accepte pas ; nombre de militaires dirigeront mieux que moi une brigade, et peu commanderont avec plus de succès l'artillerie. Je me jette en arrière, satisfait de ce que l'injustice que l'on fait aux services est assez sentie par ceux qui savent les apprécier. "(Lettre à Sucy, 17 août)
Après s'être plaint auprès de Barras, Fréron, Pontécoulant, Debry, il fut finalement attaché au Bureau topographique du ministère de la Guerre, dès le lendemain 18 août.