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Message Publié : 24 Nov 2003 23:16 
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Oui, mais quel est l'enjeu réel ?
Le fait de dire que Charlotte a reçu une pension de l'Empereur ne signifie pas que Napoléon avait les mêmes buts politiques que l' "incorruptible"... :roll:
Peut-être y avait une fascination de la part du corse pour ce petit d'Arras, ou encore en hommage de sa rencontre avec Augustin.
Mais, je ne vois rien d'autre...( enfin si, étant donné la nature des rapports avec certaines femmes pensionnées par Napoléon... :lol: )

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 27 Nov 2003 17:51 
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Thucydide
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il n'y a pas réellement "d'enjeu". Mais c'est étrange d'accorder une pension à la soeur d'un homme qui représente (à tort ou à raison) tant de confusion dans les esprits et dans l'histoire.
Napoléon avait un souci de réconciliation nationale. Peut-on dire que cette pension qui n'est pas passée inaperçue, je pense, était dans la même logique que l'amnistie des anciens terroriste ? Ne risquait-elle pas de créer des remous politiques ?
En tout cas, j'aurais bien aimé voir la tête de fouché quand il a appris cela. :lol:

Pourquoi Louis XVIII n'a pas supprimé cette pension ? Il s'agit quand même de la soeur de celui qui réclamait la mort du roi sans procès !

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Je ne saurais emplir un récipient qui fuit, Ni abreuver de mots sensés un imbécile. (Euripide)


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 Sujet du message : Corruption?
Message Publié : 09 Mai 2004 21:41 
Citer :
De plus, face à toutes les passions déchainées par la Terreur, certains disent qu'ils préfèrent la corruption car elle ne fait pas couler de sang.

===========================================
Le sang des guillotinés était visible par tous,
Le sang que fait couler la corruption est plus discret.
Il est invisible , il est aussi plus lent à couler...
Mais il coule de même soyez en sûr.!

Cordialement.......


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Message Publié : 26 Oct 2004 8:29 
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Grégoire de Tours
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Dans ces 8 pages (mais j'ai pu manquer des passages), je n'ai pas trouvé trace de la qualification de Napoléon comme étant "un Robespierre à cheval".
J'aimerais savoir de qui est cette appréciation (Metternich ?), et quand elle a été formulée. Merci !

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Ad augusta per angusta
"Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être..." Goethe


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Message Publié : 04 Déc 2004 9:36 
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Grégoire de Tours
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Localisation : Versant lorrain des Vosges
Fabien de Stenay a écrit :
Dans ces 8 pages (mais j'ai pu manquer des passages), je n'ai pas trouvé trace de la qualification de Napoléon comme étant "un Robespierre à cheval".
J'aimerais savoir de qui est cette appréciation (Metternich ?), et quand elle a été formulée. Merci !
Si cela intéresse quelqu'un d'autre que moi (on dirait que non... :( ), j'ai une partie de la réponse : l'auteur est Mme de Staël, mais je ne sais pas à quelle date elle l'a dit ou écrit.

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Message Publié : 04 Déc 2004 11:00 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 30 Juil 2003 21:44
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Cela m'intéresse, mais je ne sais pas de quand est cette phrase de madame de Stael. La question a son importance, car je ne vois pas en quoi Napoléon aurait été un Robespierre à cheval.

Le Bonaparte des débuts a peut-être pu donner cette impression ?

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 Sujet du message : Napoléon et Robespierre
Message Publié : 20 Juin 2013 20:50 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Alain.g a écrit :
Il n'est pas anormal qu'accusé par les thermidoriens qui avaient suspendu sa carrière, d'avoir été jacobin et ami du frère de Robespierre, Napoléon ait voulu plus tard relativiser le rôle de l'incorruptible. Un classique. Il avait en effet commencé sa carrière avec la Convention et s'était fait protéger pour avoir de l'avancement.




Quelques réflexions de Napoléon à Sainte-Hélène sur Robespierre :

« Il nous parla longuement de la révolution française, de Danton, de Robespierre qui tous deux avaient péri pour avoir voulu maîtriser leur œuvre. Il avait connu Robespierre ; il nous dit ses mœurs austères, sa sévère probité, la recherche de sa toilette, et ses regrets trop tardifs d'avoir fait tomber la tête de Danton. « La canaille, disait Robespierre, est bien difficile à conduire ; quoiqu'on fasse, elle est toujours l'ennemi mortel de ceux qui dînent à deux services. Si les circonstances ne me viennent point en aide, elle me tuera. Je ne vois de force possible pour l'arrêter et pour fermer le gouffre révolutionnaire que le prestige de la victoire et d'une grande gloire militaire.
[…]
Croyez-vous que les hommes qui ont mené la France à 93 aient choisi la terreur par partie de plaisir ? Non, certes ; Robespierre n'aimait pas plus le sang que je ne l'aime. Il a été entraîné par les événements, et, je le répète avec conviction, c'est par humanité, c'est pour arrêter les massacres, pour régulariser le mouvement de rancune populaire, qu'il a créé des tribunaux révolutionnaires, comme un chirurgien qui, pour sauver le corps, coupe les membres.
[…]
Ni Robespierre, ni Danton, ni Marat, n'avaient d'égaux, quand « Liberté, égalité ou la mort » se lisaient en lettres de sang sur toutes les bannières françaises ; ils étaient les premiers d'une aristocratie terrible, dont la livrée était teinte journellement par la hache du bourreau. Dans toutes les sociétés, il y a une aristocratie nécessaire. »
(Montholon, Récits de la captivité de l’Empereur Napoléon à Sainte-Hélène)



« [Robespierre] a été culbuté parce qu’il voulait devenir le modérateur et arrêter la Révolution. Cambacérès m’a raconté que, la veille de sa mort, il avait prononcé dans ce sens un magnifique discours qui n’avait jamais été imprimé. Billaud et d’autres terroristes, voyant qu’il faiblissait et ferait indubitablement tomber leurs têtes, se liguèrent contre lui et excitèrent les honnêtes gens soit-disant à renverser le tyran, mais en réalité pour prendre ensuite sa place et faire de plus belle régner la terreur. Le peuple de Paris, en jetant Robespierre à bas, croyait détruire la tyrannie, tandis que ce n’était que pour la faire refleurir plus que jamais. Mais une fois Robespierre par terre, l’explosion fut telle que, quelque tentative qu’ils aient faite, les terroristes ne purent jamais reprendre le dessus.
Collot d’Herbois a commis des atrocités à Lyon ; on ne conçoit pas comment il a pu faire fusiller cinq ou six mille individus, et certes, dans une pareille ville, l’exécution de cinquante ou soixante meneurs eût été au-delà du nécessaire.
Carrier écrivait à la Convention que la Loire était un beau gouffre révolutionnaire. Ces hommes-là étaient biern plus sanguinaires que Robespierre. Ce dernier était probe et avait des mœurs sévères. Il commit une grande faute en faisant périr Danton. Il aurait dû exiler Chaumette, Hébert, etc., et non les envoyer à l’échafaud, mais en ce temps-là, on ne connaissait que la guillotine. Le parti de Danton était très nombreux ; il s’est vengé en renversant Robespierre. Tous ceux qui ont voulu arrêter la Révolution en ont été les victimes. »

(Gourgaud, Journal de Sante-Hélène)



« Robespierre a péri pour avoir voulu arrêter les effets de la Révolution, et non comme tyran. Ceux qu’il voulait faire périr étaient plus cruels que lui : Billaud de Varennes, Collot d’Herbois, etc. Il mit contre lui le parti de Danton qui était puissant et immense. Probablement, il ne put faire autrement.
Je crois que Robespierre a été sans ambition. S’il en a eu, ça ne peut avoir été qu’à la mort de Danton, qu’il aurait alors sacrifié par faiblesse ou par ambition. Ce fut ainsi une faute d’avoir fait périr la Commune de Paris.
Il criait contre les dilapidations des députés en mission, ce qui les avait indisposés. Tallien était odieux à Bordeaux, Billaud de Varennes et Collot d’Herbois à Lyon. Il voulait, en les sacrifiant, se populariser dans ces villes et mettre un terme à tant de sang. Les révolutionnaire, voyant sa marche, résolurent de le sacrifier.
La veille de sa mort, Robespierre prononça un très beau discours, où il dévoila le plan de la Commune. Il dit que, depuis six semaines, il n’allait plus au Comité et était étranger à ce qui s’y faisait. L’Assemblée fut émue, se prononça pour lui, et peu s’en fallut qu’il n’eût le dessus. Son discours, très fort, ne fut pas imprimé ; on craignait qu’il ne fût dangereux. Cambacérès m’en a souvent parlé. Je voulais le faire imprimer comme pièce historique et regrette de ne pas l’avoir fait. »

(Bertrand, Cahiers de Sainte-Hélène)



« L’Empereur rendait à Robespierre la justice de dire qu’il avait vu de longues lettres de lui à son frère, Robespierre jeune, alors représentant à l’armée du Midi, où il combattait et désavouait avec chaleur ces excès, disant qu’ils déshonoraient la Révolution et la tueraient.
[…]
L'Empereur, parcourant divers points de la révolution, s'est arrêté sur Robespierre, qu'il n'a pas connu, il est vrai, mais auquel il ne croyait ni talent, ni force, ni système. Il le pensait néanmoins le vrai bouc émissaire de la révolution, immolé dès qu'il avait voulu entreprendre de l'arrêter dans sa course ; destinée commune, du reste, observait-il, à tous ceux qui, jusqu'à lui, Napoléon, avaient osé l'essayer. Les terroristes et leur doctrine ont survécu à Robespierre ; et si leurs excès ne se sont pas continués, c'est qu'il leur a fallu plier devant l'opinion publique. Ils ont tout jeté sur Robespierre ; mais celui-ci leur répondait, avant de périr, qu'il était étranger aux dernières exécutions ; que, depuis six semaines, il n'avait pas paru aux comités. Napoléon confessait qu'à l'armée de Nice, il avait vu de longues lettres de lui à son frère, blâmant les horreurs des commissaires conventionnels, qui perdaient, disait-il, la révolution par leur tyrannie et leurs atrocités, etc., etc. Cambacérès, qui doit être une autorité sur cette époque, observait l'Empereur, a répondu à l'interpellation qu'il lui adressait un jour sur la condamnation de Robespierre, par ces paroles remarquables : « Sire, cela a été un « procès jugé, mais non plaidé », ajoutant que Robespierre avait plus de suite et de conception qu'on ne pensait ; qu'après avoir renversé les factions effrénées qu'il avait eues à combattre, son intention avait été le retour à l'ordre et à la modération. « Quelque temps avant sa chute, ajoutait Cambacérès, il prononça un discours à ce sujet, plein des plus grandes beautés : on ne l'a point laissé insérer au Moniteur, et toutes les traces nous en ont été enlevées. »
Ce n'est pas la première fois que j'ai entendu parler d'une lacune d'exactitude dans le Moniteur. Il doit y avoir, vers ce temps-là, dans les transactions de l'Assemblée, une époque tout à fait infidèle, les procès-verbaux ayant été arbitrairement rédigés par l'un des comités.
Ceux qui sont portés à croire que Robespierre, étant lassé, gorgé, effrayé de la révolution, avait résolu de l'arrêter, disent qu'il ne voulut agir qu'après avoir lu son fameux discours : il le trouvait si beau, qu'il ne doutait pas de son effet sur l'Assemblée. S'il en est ainsi, son erreur ou sa vanité lui coûtèrent cher.
Ceux qui pensent différemment objectent que Danton et Camille Desmoulins avaient précisément la même pensée, et que pourtant Robespierre les immola. Les premiers répondent que ce ne serait pas une raison ; que Robespierre les immola pour conserver sa popularité, quand il jugea que le moment n'était pas encore venu ; ou bien encore pour ne pas leur laisser la gloire de l'entreprise.
Quoi qu'il en soit, plus on s'est rapproché des instruments et des acteurs de cette catastrophe, et plus on y a trouvé d'obscurité et de mystère : cela ne fera que s'accroître encore avec le temps; aussi la vérité de l'histoire, sur ce point comme sur tant d'autres, ne sera probablement pas ce qui a eu lieu, mais seulement ce qui sera raconté. »

(Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)



« Robespierre, a-t-il dit, quoique ce fût un monstre altéré de sang, n’était pas aussi méchant que Collot d’Herbois, Billaud de Varennes, Hébert, Fouquier-Tinvile, et bien d’autres. Sur la fin, Robespierre voulait être plus modéré ; quelques temps même avant sa mort, il avait dit qu’il était las d’exécution, et il conseillait de revenir à un autre système.
[…]
Robespierre, m’a-t-il dit, n’était pas le plus méchant homme de la Révolution. Il ne voulait pas que la reine fût mise en jugement. Ce n’était pas un athée ; au contraire, il soutint publiquement l’existence d’Etre suprême contre l’avis de plusieurs de ses collègues. Il ne croyait pas non plus, comme le pensaient beaucoup d’autres, qu’il fût nécessaire d’exterminer tous les prêtres et tous les nobles.
[…]
Robespierre voulait qu’on mît le roi hors la loi, et non qu’on procédât à la ridicule moquerie de le juger. C’était un fanatique, un monstre ; mais il était incorruptible et incapable de voler ou de causer la mort de qui que ce fût soit par inimitié personnelle ou par le désir de s’enrichir. C’était un enthousiaste, mais qui croyait vraiment agir pour la bonne cause, et qui mourut sans laisser un sou. D’une certaine façon, on pourrait dire que Robespierre était un honnête homme. Tous les crimes commis par Hébert, Chaumette, Collot d’Herbois et autres lui furent imputés. Marat, Billaud de Varennes, Fouché, Hébert et plusieurs autres étaient infiniment plus méchants que lui. »
(O’Meara, Napoléon dans l’exil)

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 Sujet du message : Re: Napoléon et Robespierre
Message Publié : 20 Juin 2013 22:06 
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Georges Duby
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Voilà un roman, Napoléon ancien admirateur de Robespierre et impliqué par ses relations avec le frère de l'Incorruptible, en rajoute beaucoup sur le thème de sa modération au regard des autres. Il veut faire croire que sa bonne foi et sa vertu suffisent à excuser les excès de Robespierre. D'ailleurs il n'aimait pas le sang, la belle preuve d'innocence. Or, comme on sait depuis le 20è siècle, les vertueux sont souvent les pires tyrans et les plus sanguinaires.
Ce plaidoyer est ce qu'on fait de mieux pour faire apparaitre Robespierre comme non responsable des excès de la Terreur. Ce faisant Napoléon se blanchit lui-même non seulement de sa participation à la Terreur.
Mieux encore, Napoléon se blanchit pour toute sa carrière de chef d'Etat en montrant à travers le cas de son ancien mentor, combien l'exercice du pouvoir est difficlle, on se voit accusé de crimes commis par d'autres alors qu'on ne voulait pas les commettre. Quelle injustice. On était obligé et c' était pourtant pour le bien public ...
J'aime beaucoup la passage suivant:
" Croyez-vous que les hommes qui ont mené la France à 93 aient choisi la terreur par partie de plaisir ? Non, certes ; Robespierre n'aimait pas plus le sang que je ne l'aime. Il a été entraîné par les événements, et, je le répète avec conviction, c'est par humanité, c'est pour arrêter les massacres, pour régulariser le mouvement de rancune populaire, qu'il a créé des tribunaux révolutionnaires, comme un chirurgien qui, pour sauver le corps, coupe les membres. "
Certains passages sont irréels:
" Billaud et d’autres terroristes, voyant qu’il faiblissait et ferait indubitablement tomber leurs têtes, se liguèrent contre lui et excitèrent les honnêtes gens soit-disant à renverser le tyran, mais en réalité pour prendre ensuite sa place et faire de plus belle régner la terreur. "

Ce qui me gêne chez Napoléon, que j'admire par ailleurs, c'est que jamais, je crois, sous réserve de vérification, il ne dit comme Louis XIV qu'il a trop aimé la guerre et qu'il regrette ceci et celà. Il en aurait été grandi !

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 Sujet du message : Re: Napoléon et Robespierre
Message Publié : 21 Juin 2013 8:36 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
Ce qui me gêne chez Napoléon, que j'admire par ailleurs, c'est que jamais, je crois, sous réserve de vérification, il ne dit comme Louis XIV qu'il a trop aimé la guerre et qu'il regrette ceci et celà. Il en aurait été grandi !


Discours de circontance :

"Je ne crains pas de l'avouer, j'ai trop fait la guerre; j'avais formé d'immenses projets, je voulais assurer à la France l'empire du monde ! Je me trompais, ces projets n'étaient pas proportionnés à la force numérique de notre population. Il aurait fallu l'appeler tout entière aux armes, et je le reconnais, les progrès de l'état social, l'adoucissement même des moeurs, ne permettent pas de convertir toute une nation en un peuple de soldats. Je dois expier le tort d'avoir trop compté sur ma fortune, et je l'expierai. "

Pour la liste des fautes qu'il a admises à l'heure de l'exil, la liste n'est pas négligeable. Mais c'est un autre sujet.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et Robespierre
Message Publié : 21 Juin 2013 10:29 
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Georges Duby
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Ok, merci, celà me rassure.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et Robespierre
Message Publié : 21 Juin 2013 11:19 
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Georges Duby
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Un rajout:
Je reviens au sujet, un point passionnant: est-ce que Napoléon aurait pu accéder au pouvoir sans Robespierre, ses luttes avec les girondins modérés et les ultra-révolutionnaires et la suite des luttes internes aux montagnards qui débouche sur Thermidor.
N'est-ce pas Thermidor qui a créé Napoléon ? Je pose la question. Il avait d'ailleurs avec lui de nombreux thermidoriens et des montagnards qui cherchaient à mettre fin à la Révolution pour jouir d'un peu de calme.
Napoléon est sorti de ce besoin de sécurité des rescapés de la Convention. Il y a donc un lien entre sa carrière, sa consécration et Robespierre. A analyser.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et Robespierre
Message Publié : 21 Juin 2013 11:45 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
N'est-ce pas Thermidor qui a créé Napoléon ?


Thermidor est un jalon (comme le sera, mais de manière plus significative, Vendémiaire, véritable marche-pied vers l'Italie et le début de « l'épopée »). Dans l'immédiat, cela a failli coûté cher à Bonaparte.
 
Ainsi, le 6 août 1794, de Barcelonnette, les représentants Albite, Laporte et Saliceti, se référant à une mission de Bonaparte à Gêne (dont l’objet était en vérité d’obtenir des renseignements militaires (fortifications, troupes, matériel, capacités d’accueil) et politiques (fidélité de Tilly) ) écrivaient une lettre au Comité de salut public où ils dénonçaient les malversations supposées de Robespierre, Ricord et Bonaparte visant, selon eux, à faire échouer l’offensive combinée des armées des Alpes et d’Italie :
« Tel était, citoyens collègues, le plan, bien connu aujourd’hui, de Robespierre et Ricord ; il cadre parfaitement avec tous les mouvements de l’ennemi. Buonaparte était leur homme, leur faiseur de plans, auxquels il nous fallait obéir. Une lettre anonyme, datée de Gênes, nous a prévenus qu’il y avait un million en route pour corrompre un général ; tenez-vous sur vos gardes, nous disait-on ; Salicetti arrive, il nous apprend que Buonaparte s’est rendu à Gênes, autorisé par Ricord. Qu’allait faire ce général en pays étranger ? Tous nos soupons se fixent sur sa tête. »

En conséquence, dans la même lettre, les trois représentants annonçaient de promptes mesures :
« De nouvelles dispositions, commandées par les circonstances, vont être faites, et les satellites du tyran seront encore battus, si nous en croyons nos pressentiments.
Il importe d’abord d’écarter Ricord et Buonaparte ; nous allons prendre sur nous de nous assurer de leurs personnes, ainsi que de leurs papiers, et de vous les envoyer à Paris. »

Six jours plus tard, Albitte et Saliceti confirmaient l’arrestation de Bonaparte (survenue le 9 août). On parle souvent d'un internement au fort Carré d'Antibes, il s'agit plus vraisemblablement d'une assignation à résidence à la villa du comte Laurenti à Nice.
Finalement, les accusations s’étant révélées sans fondement, le 24 août, les représentants prévenaient le Comité de salut public de la libération de Bonaparte (ce dernier avait été remis en liberté le 20) :
« Par l’examen de ses papiers, et tous les renseignements que nous avons pris, nous avons reconnu que rien de positif ne pouvait faire durer sa détention plus longtemps, surtout quand nous avons trouvé l’arrêté de Ricord dont nous vous envoyons copie, par lequel ce représentant envoyait à Gênes le général Buonaparte, et que nous sommes convaincus de l’utilité dont nous peuvent être les talents de ce militaire qui, nous ne pouvons le nier, deviennent très nécessaires dans une armée dont il a mieux que personne la connaissance, et où les hommes de ce genre sont extrêmement difficiles à trouver.
En conséquence, nous l’avons remis en liberté, sans cependant l’avoir réintégré, pour tirer de lui tous les renseignements dont nous avons besoin, et nous procurer par son dévouement à la chose publique et l’usage de ses connaissances qu’il peut reconquérir la confiance et rentrer dans un emploi, qu’au demeurant il est très capable de remplir avec succès, et où les circonstances et la position critique dans laquelle se trouve l’armée d’Italie pourraient nous obliger de le remettre provisoirement en attendant les ordres que vous pourrez donner à son égard. »




Dans le Mémorial, Napoléon évoqua à ce sujet un tout autre scénario :
« Dans cette armée de Nice ou d'Italie, il enthousiasma fort le représentant Robespierre le jeune, auquel il donne des qualités bien différentes de celles de son frère, qu'il n'a du reste jamais vu. Ce Robespierre jeune, rappelé à Paris, quelque temps avant le 9 thermidor, par son frère, fit tout au monde pour décider Napoléon à le suivre. « Si je n'eusse inflexiblement refusé, observait-il, sait-on où pouvait me conduire un premier pas, et quelles autres destinées m'attendaient ? »

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 Sujet du message : Re: Napoléon et Robespierre
Message Publié : 21 Juin 2013 15:03 
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Georges Duby
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Sur la question y aurait-elle eu Brumaire sans Robespierre et Thermidor, la réponse est négative à mon avis si les girondins avaient gagné sur les montagnards. Elle est incertaine dans le cas où des montagnards modérés ennemis de Robespierre auraient réussi à le dominer ainsi que les enragés et autre ultra-révolutionnaires.
C'est en effet les excès qui ont amené une réaction dans la Révolution et donc Brumaire, pour rétablir l'ordre.
L'histoire a bien créé un lien entre les deux hommes. Napoléon est un prolongement non seulement de la Révolution mais plus précisément des montagnards, donc de 1789 et 1793 à la fois.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et Robespierre
Message Publié : 21 Juin 2013 15:53 
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Jean Mabillon
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Pour ma part j'aurais plutôt tendance à penser que Bonaparte est surtout issu du directoire. La corruption et l'inefficacité de ce régime ont créé un besoin d'ordre mais d'un ordre qui n'était pas la terreur. Bonaparte qui était autoritaire sans être trop violent (du moins en politique intérieure) répondait dès lors au besoin de al société française et de l'opinion publique en 1799. Jacobins ou Girondins? dès lors peu importe...


Néanmoins je me souviens d'une conversation avec Jean Tulard vers 2003 qui m'avait expliqué que Napoléon avait pu réussir à fonder son régime politique, économique, administratif et social et à réaliser son oeuvre législative uniquement parce qu'avant lui la Révolution avait tout détruit et presque rien créer. En 1789 il aurait été impossible de créer les préfets, le conseil d'Etat, etc ... tant les esprits voulaient du neuf et des libertés.
En 1794 de même tant les formes d'ancien régime étaient honnies.
Quant à la Banque de France, au franc germinal, à la cour des comptes ou au code civil, il s'agit de projets complexes qui ne pouvaient être élaborées que par un gouvernement fort et stable, sans réelle idéologie - ce qui n'était le cas d'aucun Gouvernement entre 1789 et 1799 quelles qu'aient pu être les bonnes volontés des dirigeants.


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 Sujet du message : Re: Napoléon et Robespierre
Message Publié : 21 Juin 2013 16:00 
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Inscription : 10 Fév 2009 0:12
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Alain.g a écrit :
Napoléon est un prolongement [....] des montagnards, donc de 1789 et 1793 à la fois.

J'ai du mal à voir Napoléon comme un farouche partisan de l'égalité.

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