Christian27 a écrit :
De toute façon si les Allemands avaient attaqué de la même façon qu'ailleurs en Europe, càd en bombardant les villes, qu'est-ce que cela aurait changé sur le sort des civils ? Il y aurait eu comme ailleurs des milliers de morts.
Si l’armée suisse était déjà loin, ils n’auraient pas bombardé les villes (il n’y a qu’à voir le cas de la France). Ce qui aurait changé, c’est le moral des soldats et le sentiment d’abandonner les leurs en étant soi même plus en sécurité.
Christian27 a écrit :
La Suisse ne possédait pas de chars mais au fond cela a été un avantage dans le sens que l'armée en a rendu très difficile le déplacement, ceci par des barrières en béton ainsi que par la possibilité de miner les ponts. Si l'armée avait possédé des chars elle se serait ainsi autopénalisée.
Oui en effet. Est-ce que cela aurait pu être un problème pour contre-attaquer ? Je ne sais pas vu qu’elle était mal dotée en blindés (car je crois bien qu’elle en possédait quand même, des chars). Et en effet, même en possédant d’autres armes que des fusils, comment aurait-elle pu mener ces contre-attaques, pratiquement parlant ? Car une fois les ponts minés et les routes bloquées, la circulation est problématique aussi dans l’autre sens, celui de la contre-attaque.
Christian27 a écrit :
Juste encore une réponse sur votre question concernant ceux qui pensent que l'armée a été inutile. Je suppose tout de même que lors de la votation de 1989, les 35% qui ont voté contre l'armée ne vont pas ensuite admettre que l'armée a été utile pendant la SGm, donc en gros le tiers des suisses et probablement plus.
Pas sûr du tout. La question n’était pas de savoir si l’armée avait été utile pendant la Seconde Guerre mondiale, mais bien si elle était utile et adaptée en 1989. Je pense que vous mélangez les choses, ou du moins faites un raccourci trop rapide. Je vous renvoie à l’hypothèse de jadis qui met en avant le contexte de 1989 pour expliquer d’abord l’idée des initiateurs ; puis, dans un deuxième temps, les raisons qui ont amené le peuple a voter pour ou contre.
Christian27 a écrit :
La TV suisse romande a produit un film dans lequel ses stratèges démontrent l'inutilité de l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale. Regardez bien vous n'y trouverez à aucun moment la moindre allusion à l'utilité de l'armée. En tout cas le pauvre vieux de la mob qui témoigne au début du film se fait bien des illusions s'il croit encore à la moindre reconnaissance de la part de ces savants stratèges
L'honneur perdu de la Suisse (c'est le titre du chef d'oeuvre) ici:
Quelle mauvaise foi ! Le but de ce documentaire était de montrer les autres aspects (surtout l’économie), pas de gloser sur l’armée suisse.
Et s’il y a un gros défaut à ce documentaire, c’est d’opposer les historiens aux témoins de ce conflit. Car en gros on veut nous faire choisir l’un ou l’autre, alors que ces visions sont complémentaires.
Et pourquoi parler de « stratèges » ?
Narduccio a écrit :
Certains pays semblent s'être orientés vers la participation professionnelle de leurs armées aux forces de maintien de la paix. Ils ont une armée "taillé pour". Leur formation tient compte des problèmes de coordination qui peuvent exister quand on est une partie de forces internationales. Ces actions de maintien de la paix étant souvent rétribuées, c'est un moyen de maintenir une armée moderne à peu de frais. Et c'est aussi un moyen de participer aux diverses réunions qui concernent certains sujets sensibles de par le monde.
Vous pensez à quels pays ? Parce que dans les exemples récents (ce sont ceux que je connais le mieux), les pays contributeurs en troupe n’ont pas forcément une armée taillée pour et ne constituent pas vraiment des parangons de vertu. Par contre oui, c’est un moyen de financer son armée.
La Bosnie est justement un exemple frappant où les casques bleus ont échoué. Et c’est ce modèle, entre autre, qui a conduit certains pays à vouloir étendre le pouvoir des casques bleus, surtout le droit de se défendre et d’utiliser les armes pour empêcher des crimes. Mais justement, les pays qui envoient les troupes sont intéressées par la rétribution et ne veulent pas que leurs soldats prennent trop de risques.
En revenant sur le thème de la discussion, on peut donc souligner le rôle de l’armée pour dissuader. Il s’agit de montrer ou de faire croire qu’une attaque contre elle ne serait pas raisonnable. Si cette stratégie fonctionne, oui, on peut espérer maintenir la paix. Si cela ne fonctionne pas, il faut s’attendre à un effet inverse. Mais comme l’a montré Narduccio, il faut un certain nombre de circonstances pour que cela marche.
Dans le cas des forces de maintien de la paix, le bilan est très contrasté également. Si plusieurs missions ont permis de garantir une certaine stabilité, de faire du « monitoring » avec des observateurs soldats mais pas prêts à intervenir, il y a également toute une série de cas où la présence massive de forces de maintien de la paix n’a pu empêcher les parties au conflit de se battre et, pire, n’ont pu éviter de graves crimes de guerre et crimes contre l’humanité. De plus, ce sont par définition des armées étrangères qui interviennent. Ainsi, si certaines forces armées multinationales ont pu garantir la stabilité en vue d’une reconstruction et d’une paix durable, ce système a connu des ratés dramatiques.