Tous les pays occidentaux ont de bonnes relations avec Taïwan, mais pas d'ambassade à Taïwan, avec lequel, théoriquement, nous n'entretenons pas de relations diplomatiques.
Moyennant quoi, dans la pratique, nous avons une "délégation" à Taïwan, comme tout le monde, ce qui revient au même. (Je crois que ça implique des difficultés de détail, par exemple pour la délivrance de visas, qu'on traite par le même genre d'artifices.)
Même les Etats-Unis font cela, et souscrivent officiellement à la théorie de la RPC selon laquelle il n'existe qu'une seule Chine (dont Taïwan forme "une province rebelle") tout en invitant benoitement les dirigeants chinois continentaux "à rechercher une solution par le dialogue" à cette dissidence scandaleuse...
pendant qu'ils fournissent à Taïwan les armes - et le soutien naval éventuel - pour se défendre du risque d'invasion.
Quand De Gaulle a été le premier grand pays à reconnaître la RPC ( après la Grande-Bretagne, en fait, mais celle ci y était contrainte par la question du statut de Hong Kong) aux alentours de 1966, la situation était inverse : la Chine nationaliste réfugiée à Taïwan prétendait représenter la seule autorité légitime sur l'ensemble de la Chine. De Gaulle a estimé que près de 20 ans après la victoire de Mao il n'était plus tenable de maintenir cette fiction.
De Gaulle a dit quelque chose dans le genre : "Taïwan va nous en vouloir, mais à un moment il faut bien prendre en compte la réalité."
Les Américains ont hurlé - on était en pleine guerre du Vietnam, et la Chine fournissait en armes le Nord Vietnam - ils ont hurlé bien davantage au moment du discours de Pnom Penh, et au final ils ont établi des relations en 71, avec le voyage de Nixon en Chine, sans doute pour ouvrir une voie diplomatique supplémentaire de discussions pour mettre fin au mieux à la guerre du Vietnam.
Nixon était un authentique admirateur de De Gaulle et s'intéressait à ses analyses stratégiques.