Yongle a écrit :
Ce débat date au moins de l'époque des philosophes contractualistes. D'ailleurs, si vous regardez bien, ce qui est soi-disant « prouvé » n'est autre qu'une validation de l'hypothèse qu'a posé Rousseau dans son des inégalités parmi les hommes. au dix-huitième siècle, il le disait déjà, c'est à partir du moment où un homme a planté le premier piquet d'une clôture que que sont nées la propriété, la violence et ce que l'on appellera plus tard la lutte des classes. Nous arrivons icipeu ou prou, pour la Préhistoire, à exactement la même conclusion. J'oserais un petit… Ben voyons comme par hasard.
Notre amie, avec tout le respect que je lui dois, fustige les idéologues qui posent que les hommes sont mauvais par nature. Je la suis de ce côté-là, elle a bien raison, la position que tenait Hobbes se vérifie assez mal dans les faits. Par contre elle nous dit que le moteur de l'évolution c'est l'altruisme. Si ça ce n'est pas un postulat idéologique, qu'est-ce que c'est ? Le théoricien anarchiste Kropotkine était aussi arrivé à une telle conclusion au dix-neuvième siècle. Je suis loin de trouver ça faux, mais c'est au moins réducteur. La concurrence et l'instinct de survie personnelle ne sont pas moins propulseurs que l'altruisme et l'instinct de survie de l'espèce ; mon avis. On ne peut pas tirer la conclusion qu'il n'y avait pas spécialement de violence sous prétexte qu'on a prouvé que ce que l'on croyait auparavant être un charnier n'en était pas un. Alors, je ne veux pas m'amuser à foutre en l'air un long travail sérieux, mais je pense qu'il mérite d'être prolongé dans le cadre d'une étude plus large.
Bien à vous.
Il y a effectivement un vieux débat philosophique qui en arrive presque à qu'est-ce que l'homme et qu'est-ce que la civilisation. Il y a des approches pratiques ou empiriques de la question, des travaux de sociologues et/ou d'ethnologues qui montrent que les règles en vigueur dans une société ne permettent que des regroupements limités à à certain nombre de personnes. Il y a donc une structuration, au cours du développement de l'homme qui va d'une société clanique, peut-être familiale vers une société capable de gérer des millions de personnes qui vivent ensemble, voire des milliards, actuellement ou le monde tend presque à devenir un village mondial.
Bien que connaissant les bases philosophies de ce débat, j'avoue que j'ai plutôt tendance à m'accrocher à l'approche empirique. On peut la voir en œuvre dans certains documentaires ou l'on voit l'évolution de l'homme. Les plus représentatifs des connaissances que nous avons montrent aux époques les plus lointaines des petits groupes d'humains. Aux époques les plus tardives, on les voit vivre dans des villages, des ébauches de cités et on sent qu'ils sont entourés de plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de personnes. Il semble exister une milite aux nombres de personnes avec lesquelles nous sommes capables de nouer de relations. En fonction de la force du lien relationnel, ce nombre est de plus en plus grand, mais il semble se limiter aux alentours de 200 personnes (faudra que je retrouve la référence, mais c'est dans un documentaire que j'ai vu, il y a pas mal de temps). Pour organiser un groupe d'humains d'un nombre supérieur, il faut nouer des relations de groupe à groupe, plus d'humain à humain. Puis de méta-groupe à méta-groupe et ainsi de suite.
Cette stratification de la société semble avoir mis du temps à se mettre en place, sans que les spécialistes puissent dire si c'était le temps qu'on élabore la réponse ou le fait qu'on en éprouvait pas le besoin. Effectivement, dans les époques lointaines, le nombre d'humains était limité et la densité faible. On éprouvait pas le besoin de viver en groupes de plusieurs dizaines d'individus => d'où le mode de vie clanique. Mais, la chasse aux gros animaux impose la présence d'un nombre conséquent de chasseurs et de rabatteurs. Elle semble donc indiquer que les clans de ces époques étaient capables de s'unir en vue d'un objectif commun. Il y a aussi des preuves très anciennes d'humains blessés ou tués par d'autres humains et dans certains cas, l’intentionnalité de l'acte fait peu de doute. Des hommes ont donc tué intentionnellement d'autres hommes depuis .... au moins plusieurs dizaines de milliers d'années. Ils ont aussi su coopérer intentionnellement avec d'autres hommes depuis au moins aussi longtemps.