Ce que je veux dire, c'est qu'il y a tellement de cas particuliers, qu'il est impossible de laisser les nationalistes en décider. Il y avait des allemands des Sudètes qui disent qu'ils étaient heureux sous la "domination" tchécoslovaque, tellement heureux qu'ils firent parti des 10% qui ont voté contre l'annexion allemande. Et qui sont revenus dès qu'ils ont pu dans les Sudètes ... Non pas pour revendiquer ce qu'on leur avait enlevé, mais pour aider leurs anciens voisins.
Ces régions ont eu des histoires compliquées et il est très difficile de dire qui est quoi sur une base ethnique comme vous le faites constamment. La seule base à peu près valide, c'est la base culturelle. Même si on sait qu'elle fut très poreuse à certaines périodes. certains n'hésitant pas à changer de "nationalité" voire de religion en fonction de leurs intérêts. Et si vous avez lu l'un des liens que j'ai mis plus haut, c'est ce qui s'est passé dans la plupart des grandes villes, les notables devenant de la nationalité du pouvoir en une ou deux générations ... Alors que certaines grandes familles sont implantées depuis des siècles.
Vous savez très bien pourquoi ces gens-là furent expulsés. Mais puisque vous ne semblez pas vouloir le comprendre, je vais le répéter encore une fois. On a créé les frontières post 1918 en fonction du découpage des anciens territoires. Une partie de la Tchécoslovaquie, c'est le territoire du royaume de Bohème qui lui-même succédait au duché de Bohême. Dans ce territoire, il y avait des minorités. Lors des divers traités post PGM, il y a eu des discussions sur le statut de ces minorités. Mais, à l'époque, on désirait faire des états viables. Or, dans certains cas, il aurait fallu séparer les grandes villes de leurs territoires ruraux, puisque certaines nationalités vivaient surtout en ville et d'autres surtout à la campagne ... On aurait eu des territoire morcelés qui n'auraient pas été viables. La solution inverse a donné ce que l'on connait. Des territoires continus, mais avec pas mal de minorités locales. Certains pensaient qu'une république serait plus unificatrice que les anciennes monarchies. Ils se trompaient. Je pense que si on avait choisi l'autre solution, il y aurait aussi eu des guerres, puisque ces territoires discontinus auraient cherché à se rassembler géographiquement pour diminuer les contraintes économiques. On ne pouvait pas encore imaginer des solutions avec des marchés communs, du libre-échange et la liberté de circulation des biens et des personnes. Le monde n'était pas prêt.
Dans certaines régions, les minorités ont réussi à s'intégrer et à trouver leur place. Ce sont les régions où les mouvements pro-nazis feront les scores les plus bas et où il y aura parfois même une résistance "germanique" à la nazification de la région. Dans d'autres, les troubles ont commencé très tôt et cela à créé des situations avec des cycles de manifestations parfois violentes et de la répression. Ce fut le cas même en Alsace, où pourtant la majorité de la population était hostile aux allemands. Mais, l'occupation militaire de 1919 à 1921 fut si mal conduite que l'on s'est retrouvé avec jusqu'à 20% d'autonomistes et indépendantistes. Mouvements qui se sont finalement mis à la remorque du pouvoir nazi et dont certains des membres furent exécutés après la Libération à cause des actions faites contre la population alsacienne.
Des actions de ces groupes pro-nazis, à la Libération, on a surtout retenu qu'ils ont favorisé les revendications du NSDAP sur les régions qu'ils habitaient et qu'ils ont permis le démantèlement des pays dans lesquels ils vivaient. Dit autrement : des fauteurs de guerre. C'est pour éviter de tels problèmes dans l'avenir qu'on décida de créer des régions ethniquement purifiées (même si le terme n'existait pas à l'époque) en procédant à des regroupements de nationalité. Les allemands en Allemagne, les polonais en Pologne, .... Et cela a tenu jusqu'à la chute du mur de Berlin, où tout à coup le problème a resurgi. Les gouvernements de l'époque ont décidé de le traiter différemment, mais cela est une autre histoire.
Je considère que chasser une population du lieu où elle vit est une injustice et une catastrophe humanitaire. Voire même un crime contre l'humanité. Mais, en bon passionné d’histoire, je comprend les raisons qui ont poussé à faire cela et je ne sais pas s'il y aurait eu d'autres solutions viables.
_________________ Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable. Appelez-moi Charlie
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