the great khagan a écrit :
Je ne suis pas d'accord avec vous alain. La flotte ottomane s'est reconstruit très rapidement
Cet argument ne tient plus depuis que Gilles Veinstein a montré que les ottomans ne reconnaissaient jamais leurs défaites, que le Padishah était toujours victorieux y compris dans les défaites et qu'il semble bien qu'il y ait eu panique à Istambul après la défaite qui a été magistrale, la ville fut abandonnée.
L'argument que la flotte turque a été vite reconstituée n'est plus aujourd'hui accepté car rien n'a plus été comme avant pour la flotte turque dépassée en nombre et en qualité par les flottes chrétiennes.
Braudel: " L'immense défaite de Lépante mit un terme à peu près immédiat à ce retour de fortune (Le projet des turcs Osmanlis de ressaisir la suprématie navale perdue lors des croisades), qui d'ailleurs ne visait que la suprématie (navale) militaire. Il n'y eut jamais qu'une flotte turque assez médiocre de navires de transport (grecs en majorité et limité aux trafics entre Istambul, mer Noire, et l'Egypte), en face des nombreuses flottes de Venise, Gênes, Florence ....
Jamais les barbaresques n'eurent de flotte marchande."
Des succès ponctuels ne sauraient cacher la realité d'une domination sur mer des flottes chrétiennes. Venise notamment va dominer les mers comme puissance maritime, capable dans ses arsenaux de fabriquer une galère par jour.
Mais c'est au 17è siècle ajoute Braudel que la machine ottomane "se détraque". Il propose des explications à ce recul de "la grandeur réelle turque", son système militaire de travail forçé, sa bureaucratie.
L'inadaptation de la puissance turque aux réalités nouvelles remonte donc assez loin, il y a un décalage croissant avec l'occident, mais ne se manifestera avec éclat à la fin du 18è siècle, que quand " Avec l'intervention russe, un colosse jeune se dresse face à un colosse moribond pour le moins fatigué."
Je suis assez d'accord sur l'idée que Kémal n'avait pas le choix. Sans lui, la Turquie n'existerait plus comme pays de premier rang. Sa culture très ouverte lui a permis de comprendre la situation de son pays au début du 20è siècle. L'homme est impressionnant, lucide, informé, homme d'action.