Saladin a écrit :
Certes mais est-ce que cela justifie le terme de "génocide" ? Les Arméniens n'ont-ils pas été assassinés pour des raisons politiques plus qu'ethniques ou religieuses ? Les Turcs étaient à la base contre toute volonté d'indépendance arménienne.
Les dirigeants ottomans étaient persuadés que tous les Arméniens, en tant qu'Arméniens, les trahiraient durant la guerre ou plus tard et c'est en tant qu'Arméniens que leur élimination a été planifiée. Et menée.
Ce n'est pas seulement un massacre. Sa préparation et sa conduite ont été dénoncées par leurs alliés mêmes et l'indignation qu'il suscita n'était seulement une manipulation politique. Si les Turcs d'aujourd'hui le dénient globalement et occultent les documents officiels d'alors, c'est qu'ils n'en sont pas davantage fiers. Ce que je veux dire, c'est qu'en dehors de toute considération factuelle (et donc historique) d'alors, en plein massacre de la Première Guerre mondiale, celui-ci, aussitôt découvert, a été moralement écoeurant autant pour les témoins étrangers que pour ses commanditaires, et que la honte de ces derniers n'est toujours pas effacée.
Il y a des génocides assumés, voire revendiqués (on en trouve pas mal dans l'Histoire de Chine et des Mongols) et certains ne passent pas. Ce qui était indigne, pour l'Empire ottoman, c'est que rien n'est venu corroborer la paranoïa de ses dirigeants : les Arméniens combattaient comme les autres soldats ottomans contre les ennemis de l'Empire. Ils ont été trahis par leur Empire, et ce qui était considéré comme moralement écoeurant alors et qui effraie et accable toujours les Turcs d'aujourd'hui, c'est la sournoiserie, la lâcheté, l'infamie, l'indignité de la conduite de ce massacre.
Historiquement, c'est un massacre. Pénalement, c'est un génocide. Moralement, les Turcs d'aujourd'hui comme leurs aïeux restent incapables de l'examiner de manière factuelle.