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Message Publié : 03 Fév 2014 6:45 
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Philippe de Commines
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Ah oui, le système vis-écrou : la comparaison est finalement très pertinente. Vous vous "débrouillez" avec vis et écrous comme moi je me "débrouille" avec livres et marque-pages. Je sais en plus (je crois) calculer quelle vis il faut utiliser pour construire telle machine. Je n'en tire aucune gloire, je l'ai juste appris à l'école.

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


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Message Publié : 03 Fév 2014 14:27 
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Philippe de Commines
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Dédé a écrit :
Je sais en plus (je crois) calculer quelle vis il faut utiliser pour construire telle machine.

Je ne sais pas "calculer".
La meilleure version cinéma (qui m'a aidée à lire de nouveau ce livre) est -pour moi-celle avec Fiennes et Binoche. Le film est dépouillé et va à l'essentiel.
Fiennes est connu pour ses rôles assez gais : "La liste de Schindler" (il est évidemment l'officier allemand), "The English Patient" (ou bien entendu, c'est lui le comte Romasy). Des rôles toujours dans la transgression... Binoche est excellente dans "Fatale". Le duo ne pouvait que fonctionner :
- http://www.youtube.com/v/VNmWXt-8J1U
-http://www.youtube.com/v/7qd9u54lmRM
- http://www.youtube.com/v/W__xph6Pyk4
Si trop long, voici la BO :
- http://www.youtube.com/v/4clztbOrFps
Je n'ai jamais trouvé réponses à certaines questions :
- qu'en est-il de l'humanisme du Père Earnshaw qui ramène chez lui un enfant trouvé, décide de l'adopter et l'impose à ses enfants ? N'est-ce pas de l'égoïsme ou une inconscience totale ?
Heathcliff ne serait-il pas simplement le déclencheur de passions enfouies chez la famille Earnshaw ? Cathy est-elle la véritable victime ? Heathcliff serait-il revenu si Cathy l'avait attendu ou bien son mariage avec Edgar est le déclencheur d'une vengeance ? Pensait-il réellement que tout était encore possible ? (dans le contexte de l'époque). Est-ce au final une histoire d'hommes dont les femmes sont les dommages collatéraux ? Heathcliff a-t-il songé que son retour ne pouvait qu'aboutir à la fin de Cathy ? Cathy avait-elle le choix ? (une jeune fille à cette époque est mariée avant d'être une femme). A-t-elle fait le choix de cette union afin de trouver un "protecteur" en Edgar pour Heathcliff ? (c'est bien naïf de sa part mais à cette époque, une jeune fille est "naïve"). Heathcliff se trouve au final pris à son propre piège qui soudain lui apparaît bien vain, pourquoi cet abandon ? Est-ce vraiment lui le plus pervers ?
Réponses fluctuantes selon les personnes. Il en est de même avec le fameux "Autant en emporte le vent." Rett reviendra-t-il ? Je me suis aperçue que personne ne songeait à cette éventualité... ;)
En ce moment c'est Tournier : "Vendredi ou les limbes du pacifique" et Vendredi m'ennuie, il sera donc vite oublié et surtout jamais relu ! ;)

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 03 Fév 2014 14:39 
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Philippe de Commines
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Ben on a eu la chance de tomber sur un passionné des "Hauts". C'est toujours ça de gagné. Merci.
Continuons le hors sujet : Pour le calcul de la vis, il n'y a pas de guillemets. Si je conçois un mécanisme (exemple une automobile), quel diamètre de vis choisir, et combien de vis, pour tenir telle pièce (exemple une roue) ? pour être sûr que ça tienne, la plus grosse possible, mais alors ce sera cher, et lourd donc cher en consommation. Si je prends une plus petite, gaete va perdre sa roue. Et bien, la bonne vis se calcule. http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9sis ... C3%A9riaux.

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Message Publié : 03 Fév 2014 16:30 
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Philippe de Commines
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8-| 8-| 8-| Je ne verrai plus jamais les voitures, les roues, les ronds (si j'aime ce qui est rond) mais bref : Galilée, le caoutchouc etc. de la même manière ! C'est désolant de ne rien comprendre... :'( :'( :'( Je ne demande rien à un mécanisme que de fonctionner et surtout de garder son mystère sinon, quelle déception ! C'est comme un autopsie mais en pire...

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Message Publié : 03 Fév 2014 18:22 
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Et encore Dédé ne parle pas du calcul d'un escalier à vis
Celui ci , par exemple:

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Message Publié : 03 Fév 2014 18:32 
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Philippe de Commines
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Localisation : village des Pyrénées
Prisma a écrit :
Et encore Dédé ne parle pas du calcul d'un escalier à vis
Celui ci , par exemple:

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Allez, pour faire le malin, je peux en parler.
Il s'agit d'une figure qu'on peut faire en s'amusant avec les règles de la perspective.
La perspective permet de représenter en 2 dimensions (à plat) des objets en 3 dimensions (des volumes). Mais ce n'est qu'une convention de représentation, et ici on la torture un peu. C'est encore plus rigolo quand à la place de l'escalier, c'est un ruisseau qui coule.
Notez que si on cache quelques marches, on voit un escalier tout-à-fait plausible, mais avec des marches d'inégales dimensions (là est la torture de la perspective, d'ailleurs)
C'est donc une question de perspective, comme pour la lecture de "Jane Eyre" ;)
Tiens, au fait : celui qui m'a appris cette figure était mon professeur de "dessin" (appellation d'époque) en 6ème, qui est devenu ensuite (mais on l'avait prévu) le mari de ma professeur de "français", celle qui m'a éveillé à la littérature. Tous deux sont restés mes amis, 50 ans après.
Vraiment, si j'étais modérateur, je ne verrais pas le rapport avec le sujet :oops:

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Message Publié : 03 Fév 2014 18:41 
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Localisation : village des Pyrénées
Revenons donc au sujet : qui a lu (relu) récemment 325000 francs, de Roger Vailland ? Justement, Pablo et Françoise me l’avaient offert à l'époque, après une "rédaction" sur la vie à l'usine.
Comme déjà dit, je travaille dans le milieu industriel, et j'y ai souvent repensé, quand je traverse des ateliers.

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Message Publié : 03 Fév 2014 23:30 
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gaete59 a écrit :
8-| 8-| 8-| Je ne verrai plus jamais les voitures, les roues, les ronds (si j'aime ce qui est rond) mais bref : Galilée, le caoutchouc etc. de la même manière ! C'est désolant de ne rien comprendre... :'( :'( :'( Je ne demande rien à un mécanisme que de fonctionner et surtout de garder son mystère sinon, quelle déception ! C'est comme un autopsie mais en pire...


Hé bien, moi c'est presque la même chose pour ... les romans. Je me fout de la mécanique qu'il y a derrière, ce qui m'intéresse, c'est que çà m'emporte au loin dans un autre ailleurs. Si je commence à remarquer les détails de la construction, c'est que la lecture m'ennuie et donc, je considère que c'est un livre raté.

Un bon livre doit se lire d'une traite jusqu'au moment où l'on se rend compte que la nuit est passée et que le réveil sonne pour aller bosser ...

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 04 Fév 2014 7:09 
Narduccio a écrit :
Hé bien, moi c'est presque la même chose pour ... les romans. Je me fout de la mécanique qu'il y a derrière, ce qui m'intéresse, c'est que çà m'emporte au loin dans un autre ailleurs. Si je commence à remarquer les détails de la construction, c'est que la lecture m'ennuie et donc, je considère que c'est un livre raté.
Ah bon ? Chacun son optique, alors. J'ai lu et je relis à l'occasion le Roi des aulnes de Tournier. J'avais remarqué d'entrée de jeu le côté "roman d'apprentissage" (sans connaitre l'expression donc je l'appelais autrement) : un personnage principal qui passe par des conditions différentes dans des endroits différents, avec des transitions brusques et surprenantes à chaque fois. Ca ne me gâche pas le plaisir.

Idem, j'ai cru remarquer des similitudes (on en pensera ce qu'on voudra) entre les ficelles et techniques de Don Quichotte, Don Camillo, le brave soldat Chvéïk (tous trois fort instructifs sur l'histoire contemporaine de leur rédaction). En très bref, deux personnages que la vie a à la fois liés et opposés, avec une formidable ambivalence entre eux, à la fois comique et émouvante (Don Quichote et Sancho, Don Camillo et Peppone, Chvéïk et le Lieutenant Lucas). Là encore, ça ne me gâche pas le plaisir...


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Message Publié : 04 Fév 2014 9:53 
Jean R a écrit :
Chvéïk et le Lieutenant Lucas...
Tant que je suis sur Jaroslav Hašek, j'ai adoré (et donc je relis) ses Aventures dans l'Armée Rouge, présentées comme du vécu. Ayant comme beaucoup de Tchèques déserté l'armée austro-hongroise, il s'est retrouvé officier de l'Armée Rouge naissante, et il en dresse un tableau. Deux épisodes qui m'ont accroché :
Dans le premier, il réquisitionne les religieuses d'un couvent pour nettoyer une caserne. Elles y vont persuadées que le martyre les attend, chantent des cantiques de circonstance, s'acquittent de leur tâche... et sont abasourdies quand il les remercie poliment et leur dit qu'elles peuvent disposer.
Dans le deuxième il reçoit l'ordre d'exécuter, par principe, le pope, le plus gros propriétaire terrien, et le maire. Il refuse. Il est ensuite stupéfait et indigné de découvrir les tombes toutes fraiches des personnes en question. Un subordonné lui explique qu'il n'y a personne dedans, mais que c'était indispensable pour lui éviter, à lui, de se faire fusiller si ses supérieurs venaient passer l'inspection.


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Message Publié : 04 Fév 2014 18:21 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Localisation : Armorique
Narduccio a écrit :
Hé bien, moi c'est presque la même chose pour ... c'est que çà m'emporte au loin dans un autre ailleurs.

Je déteste les romans. J'ai dû me farcir des romans car nulle en maths, j'ai été "collée" en littéraire (2 langues + latin) + évidemment les langues auxquelles je n'étais pas sensée m'intéresser. J'ai bouffé du Flaubert, du Zola, du Hugo, du Balzac... J'ai détesté ! Mais il faut un minimum de culture et même en n'écoutant pas les explications : on entend. Le mot "roman" est un vaste fourre-tout et certaines oeuvres sont mises dans ce tiroir.
Je choisi mes livres ainsi : je lis les 8 premières pages, 8 au milieu et 8 à la fin. Si c'est OK, c'est bon, j'achète et jamais je n'ai été déçue. De nos jours on achète sur ordi., pour ce qui me concerne, c'est la cata. : je suis toujours déçue. C'est pourquoi j'aime les biographies : c'est carré, nulle place pour l'improvisation etc. J'ai en détestation tout ce qui touche à la fiction. C'est anguleux à la lecture. Pire encore sont les films pseudo historiques. Un bon roman (comme un bon film) est celui où l'on est total dedans. Comme un coup de foudre. On pourrait être tous les personnages, on pourrait anticiper la réplique qui va venir, le geste qui va être fait etc.
J'en profite pour répondre à l'intervenant qui n'aime pas Baudelaire et à Narduccio -pour ma part d'enfance oubliée-. Je ne suis pas HS car qui lit Baudelaire de nos jours ? ;)
Enfant (7/8 ans), j'ai remarqué qu'un livre "dépassait" de la bibliothèque interdite. J'ai tiré et j'ai lu le titre. Grosse interrogation : que sont des "fleurs du mal" ? Des chrysanthèmes (à cause de la Toussaint, un moment très liquide devant les tombes : on pleure sans doute parce-qu'on a mal, mal où ? Perso, mal aux pieds debout pendant les Vêpres : déduction tout le monde devait avoir mal aux pieds) ? Des arums (la fleur utilisée lors des décès d'enfants, ça c'est un peu triste mais bon, on n'a pas le temps d'avoir trop mal quand on est un enfant et puis un plus non négligeable : on va tout droit au ciel !), peut être des fleurs empoisonnées ? Un bruit, fffrttt, je remets le livre. "Mine de rien", le soir j'évoque les fleurs et soudain "c'est quoi les fleurs du mal ?". J'ai eu mal sans les fleurs ! Cependant on m'a lu deux poèmes qui concernaient les chats. C'était magnifique. Mais deux sur tout un livre...
Niveau poésie, c'est mon livre de chevet : tout est dit et dans tous les domaines.
Je connais Hugo, c'est bien, c'est académique, y'a du lourd et puis c'est tellement que l'on ne peut que trouver quelque chose de potable. Il est qualifié de "génie". C'est le genre de génie dont on a fait le tour très vite, comme Lamartine et autres. J'aime la poésie anglaise, américaine, arabe, perse... J'ai essayé de goûter à tout et je reviens à Baudelaire, un peu honteuse comme la "Pomponette" de Pagnol. Baudelaire parle aux sens. Dans "Les chats" autant que dans le pire de ses spleens, c'est un poète sensuel, sensuel dans le plaisir, sensuel dans la douleur. Il vous rendrait "la madeleine" de Proust sensuelle. On connait "Les Contemplations" et la douleur exprimée par Hugo dans son "demain, dès l'aube". Oui, bon, il est malheureux et d'autant plus que lorsque sa fille s'est noyée il était sur la riviera avec sa maîtresse alors les larmes de "totor" (Juliette Drouet le nommait ainsi, et oui ça casse le mythe...). Mais lire et je défie quiconque de me dire qu'il n'a jamais éprouvé ceci : "... Moi mon âme est fêlée et lorsqu'en ses ennuis, elle essaie de ses chants à peupler l'air froid des nuits, elle semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie dans un grand lac de sang sous un grand tas de morts et qui meurt sans bouger dans d'immenses efforts." C'est impossible de n'avoir jamais ressenti ceci ou alors il y a un problème (toutes mes excuses pour l'extrait, il doit manquer des mots car c'est de mémoire). On sent la douleur, on sent l'épaisseur de cet esprit qui veut désespérément se sentir tiré vers le haut. On sent, on sait qu'aucune main ne viendra. C'est magnifique et terrible, c'est la vie. Qui n'a pas fait le "rêve" de Verlaine ? Ceci appelle à tous les sens et -bien que noir parfois- nous appelle à l'existence, à l'intensité, à donner, à ne rien thésauriser, ne pas être "comptable". C'est le plaisir, les couleurs, les images, la musique ("de la musique, de la musique avant toute chose et pour ceci préfère au paire, l'impair..." écrivait Verlaine). J'ignore si Baudelaire est "génial" mais il me parle. Il parle à tous. Lorsqu'il évoque le regard du chat : "Clairs fanaux, vivantes opales... qui me contemplent fixement" ; c'est un chat mais ce peut être n'importe qui. Il suffit de mettre des lapis à la place des opales et les yeux sont bleus etc. Baudelaire possède un art de la sensualité subtile et parfois sophistiquée, inné. Je souhaite que l'intervenant qui a écrit ne rien trouver de transcendant à Baudelaire changera d'avis ne lira pas Baudelaire mais "sentira" ses mots et tel "l'Albatros" prêt à rejoindre Verlaine en un lieu "étrange et pénétrant...""... tout n'est que beauté, luxe, calme et volupté", qu'un instant il sera "absence" vers un ailleurs où bien souvent "... ses ailes de géant l'empêche de marcher".

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Message Publié : 04 Fév 2014 19:50 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 07 Mai 2004 17:04
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A-t-on parlé du "Journal d'un salaud" d'Henri Queffelec ? D'ailleurs lit-on encore ce roman qui me semble avoir complétement et injustement disparu.

C'est là un livre fort caustique dont l'action se déroule dans un Marseille figé d'avant guerre. Cynique, le héros et narrateur (nommé Boudot de La Mothe - ou peut-être réellement Boudot), y livre ses réflexions peu amènes sur le monde qui l'entoure et au passage sur lui-même, petit combinard étriqué et complaisant, à l'appétit trop grand pour sa frêle carcasse. C'est fin, drôle, lucide. Ambitieux également. Lorsque je l'ai lu la première fois, vers 20 ans, j'avais été scandalisé que cet ouvrage ne soit jamais cité parmi les romans français majeurs du XXéme siècle. Jamais la moindre référence. Sans doute à cause de sa moralité douteuse. Et pourtant...
Je l'ai relu 10 ans plus tard, l'enthousiasme est resté intact. C'était toujours à mon sens un bon livre, un livre fort, dérangeant, du même tonneau que "Le Chemin des écoliers de Marcel Aymé"...

De même "La conscience de Zeno" d'Italo Svevo. Le 4éme de couverture citait un auteur qui portait ce jugement (je cite à mon tour, de mémoire) : "C'est une réussite incomparable. On n'en voit que 3 ou 4 de ce calibre là par siècle.". Et en effet, il s'agit là d'un monument d'autodérision, dont le héros, l'infortuné Zeno évolue dans les milieux de la haute bourgeoisie de Trieste. Là encore, les 2 lectures, à 10 ans d'intervalle se sont révélées passionnantes. Je me souviens qu'à la première lecture j'avais souligné des phrases dont la pertinence m'éblouissait. 10 ans plus tard, ce n'étaient plus les mêmes phrases que je me plaisais à méditer mais d'autres et je n'en revenais pas de la richesse de ce livre.

J'ai prêté ces deux livres il y a fort longtemps et ne les ai jamais revus. Tant mieux d'ailleurs, leur souvenir, associé à ce regret de ne plus les avoir, en reste plus fort. Qui sait ? Avec le temps, j'aurais peut-être tenté de les relire une fois encore et à ce jeu là, on prend parfois un grand risque : celui de brûler ce qu'on a adoré ou pour le moins de ternir ce que l'on a aimé.

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"Dieu, je te prie que tu fasses aujourd'hui pour La Hire autant que tu voudrais que La Hire fit pour toi s'il était Dieu et que tu fusses La Hire !"


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Message Publié : 04 Fév 2014 21:36 
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Grégoire de Tours
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gaete59 a écrit :
J'en profite pour répondre à l'intervenant qui n'aime pas Baudelaire et à Narduccio -pour ma part d'enfance oubliée-. Je ne suis pas HS car qui lit Baudelaire de nos jours ? ;)


Dans la mesure ou c'est un incontournable des livres étudiés à l'école, on peut dire que de très nombreuses personnes le lisent (ou plutôt doivent le lire). Et je connais énormément de gens qui apprécient énormément cet auteur. Je ne vois d'ailleurs pas ce qui vous fait penser qu'il ne serait plus lu de nos jours. 8-|

gaete59 a écrit :
Il parle à tous. Lorsqu'il évoque le regard du chat : "Clairs fanaux, vivantes opales... qui me contemplent fixement" ; c'est un chat mais ce peut être n'importe qui. Il suffit de mettre des lapis à la place des opales et les yeux sont bleus etc. Baudelaire possède un art de la sensualité subtile et parfois sophistiquée, inné. Je souhaite que l'intervenant qui a écrit ne rien trouver de transcendant à Baudelaire changera d'avis ne lira pas Baudelaire mais "sentira" ses mots


A moi il ne me parle pas du tout. Je reconnais son génie dans la manière de construire ses poèmes, dans la qualité intrinsèque de son oeuvre qui me paraît indiscutable. Effectivement il joue très bien avec les mots et arrive à proposer des évocations très subtiles. Et je reconnais sans peine que c'est sans doute l'un des plus grands poètes de l'histoire, toutes langues confondues.

Mais il ne me touche pas. Il n'arrive pas à m'émouvoir. Donc non, je n'arrive pas à "sentir" ses mots. Ca n'est pas un drame, je n'ai non plus pas beaucoup d'intérêt pour Mozart tout en reconnaissant son génie. Mais au bout d'un moment la littérature est aussi, comme le disait Narduccio, quelque chose d'affectif et il ne saurait y avoir une vérité absolue dans le domaine.

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Comme disaient les Kennedy, "faut pas se laisser abattre"


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Message Publié : 04 Fév 2014 21:54 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Tonnerre a écrit :
Ce qui m'énerve chez Giono, et ne me donne aucune envie d'aller y remettre le nez, c'est son côté moralisateur, pétainiste et prêchi-prêcha: son apologie de la paysannerie--type humain dont les solides vertus sont données en exemple comme seules pouvant amener la régénération de la France urbaine corrompue par les mauvais bergers--me semble aussi indigeste que celle du prolétariat par certains écrivains marxisants.
J'aimerais vous réconcilier avec Giono. Son oeuvre romanesque emplit six tomes de La Pléiade. Il y a de quoi lire. Laissez tomber le premier tome, vous y retrouverez le Giono que vous n'aimez pas. Passez aux suivants, là c'est autres chose. Je vous recommande particulièrement :
Batailles dans la montagne
Un roi sans divertissement
Le hussard sur le toit
Les âmes fortes
Le moulin de Pologne
Deux cavaliers de l'orage
Ennemonde et autres caractères
L'iris de Suse.


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Message Publié : 04 Fév 2014 22:13 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Moi ... Je lis Baudelaire à l'occasion, de même que Prévert et François Villon.

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