Bonjour,
Alain.g a écrit :
Esterhazy est un homme douteux et vénal, pas de doute sur ce point et il était par ailleurs le correspondant de l'ambassade d'Allemagne. A t-il été mis en place au début par l'Etat-major, échappant ensuite à son contrôle comme certains agents doubles ? J'en doute car l' armée ne lâche pas les siens. Or, elle a été très dure avec Esterhazy, le mettant en position de réforme et le priant de quitter la France sauf probablement poursuites à son égard; et à part l'interview de presse dans laquelle Esterhazy avoue avoir agit à la demande du SR, il n'y a pas de preuves ni même de témoignage crédible en sa faveur. Esterhazy a visiblement trompé le SR qui le lui a fait payer, sans rattrapage ultérieur.
C'est une bonne série d'arguments dont je ne peux que saluer l'expression.
Jean R a écrit :
Je reste sur ma position et je m'en tiendrai là :
- il y a des présomptions multiples d'une fausse trahison, relevées par plusieurs auteurs...
Il y a des opinions émises par des romanciers... Et les opinions de romancier ce n'est pas de l'histoire. Vous vous êtes trompé de forum.
Jean R a écrit :
- un faux traitre ne peut se présenter que comme un vrai, et ses donneurs d'ordre ne peuvent se présenter que comme ses dupes et victimes...
C'est faux. L'histoire montre de multiples contre exemples, et comme le signale AlainG, un agent double, officier supérieur de surcroît, n'est jamais lâché par ses traitants. (voyez l'affaire Schnaebele)
Jean R a écrit :
- le doute doit profiter à l'accusé (il peut avoir des descendants)...
Il n'y a aucun doute. Esterhazy était un traître de la plus ville nature.
Vos connaissances du sujet paraissent trop lacunaires pour le saisir. Vous gagneriez à les combler par quelques saines lectures.
gaete59 a écrit :
Je vois les choses autrement. Au départ, les Esterhazy...
Je ne sais pas où vous avez recopié tout cela, mais c'est un tantinet confus. Pensez à donner la référence de vos lectures et à distinguer votre propos personnel des extraits tirés de vos lectures. Cela n'en sera que plus clair.
Ceci dit, j'attire votre attention sur le fait que le père et l'oncle de Ferdinand Walsin-Esterhazy étaient de célèbres généraux du Second Empire, et qu'il a vécu son enfance dans la religion de ces deux hommes, s'en référant constamment dans les réclamations multiples qu'il a adressées aux autorités civiles et militaires françaises.
gaete59 a écrit :
Oui, bien sûr, le bordereau c'est lui et alors où est le problème ? Il a toujours été payé grassement pour "faire du faux",
Ah si, la révélation du bordereau en novembre 1896 a provoqué une panique chez Esterhazy. Comme c'était la seule base officielle de la condamnation d'Alfred Dreyfus, révéler le véritable auteur amenait à transférer la culpabilité par voie de conséquence.
Par ailleurs, on ne connaît pas de faux réalisé par Esterhazy. Sans doute a-t-il écrit, avec la complicité de du Paty de Clam et du commandant Henry, un ou deux télégrammes pour compromettre le colonel Picquart. Mais ce n'est rien en comparaison des faux produits par la Section de statistiques.
Enfin, Esterhazy n'a jamais été payé pour ces actions, à son grand dam d'ailleurs.
Pour ce qui concerne les travaux effectués pour le compte de Schwartzkoppen, il a été payé une fois avec certitude 1500 francs (une belle somme pour l'époque) et peut-être une deuxièmes fois. Les affirmations de Schwartzkoppen dans ses mémoires ont pu être recoupés exactement par les livres de comptes de la banque du traître militaire.
gaete59 a écrit :
Ferdinand Esterhazy est une victime dans la mesure où ceux qui connaissaient ses penchants les ont optimisés sans alors trop se poser de questions.
Esterhazy lui-même aurait bien ri en lisant une phrase pareille.
C'est en effet faire bien peu de cas de sa roublardise. Esterhazy était un homme très intelligent, qui avait de gros besoins d'argent.
Après avoir ruiné sa belle famille, après avoir spéculé avec des résultats bien inférieurs à ses espérances, les huissiers constamment à ses trousses, il s'était décidé à trahir une patrie qui ne lui rendait pas les charges et honneurs dont il se croyait le juste bénéficiaire.
Par la suite, il encore ruiné son cousin et complice Christian, ce dernier se retournant contre lui en amenant la révélation de l'extraordinaire conjuration orientée contre Picquart, à laquelle ont été associés des officiers généraux de l'état-major de l'armée.
Pierma a écrit :
Les moeurs de l'époque étaient décidément bien pacifiques. La solution qui aurait consisté à le suicider en laissant une lettre "de sa main" pleine du remord de la trahison n'aurait pas mis fin à toutes les suites judiciaires de l'affaire (puisque Mercier pouvait être poursuivi pour forfaiture) mais aurait été un argument majeur pour solder le cas Dreyfus.
Sauf que pour les membres de la conjuration, le cas était déjà soldé, jugé, terminé. Esterhazy avait été innocenté par un verdict d'acquittement dans un Conseil de guerre de pacotille.
Le suicider eût donc été à la fois extrêmement risqué, mais surtout inutile.
Pierma a écrit :
En même temps à un moment Picquart craint pour sa vie parce qu'il a mis la main sur la preuve que le traître est bien Esterhazy. En tous cas Picquart prend ses précautions.
Cela me semble un peu contradictoire...
Picquart a effectivement craint pour sa vie devant les menées louches de l'état-major à son encontre.
Outre la mort suspecte d'un faussaire et escroc patenté en février 1898 (au moment où Picquart était lui-même incarcéré au Mont Valérien), des journaux proches de l'état-major avaient publié des articles insinuant une faiblesse de l'état psychologique du colonel à l'été 1898.
Picquart venait en effet d'être emprisonné à la Santé, à la suite de la réplique qu'il avait adressée au Gouvernement sur un discours de Cavaignac à la Chambre.
Picquart avait pris ces insinuations pour une préparation de l'opinion à l'annonce de son suicide.
On ne connaîtra jamais les intentions des conspirateurs à cet égard.