Jean-Marc Labat a écrit :
D'accord, on attaque le 14, on entre en Allemagne, on se bat ville par ville, parce qu'il y aura résistance, l'Allemand est amoindri, mais il a des crocs, on perd combien d'hommes en plus.
La guerre était gagnée, c'est la paix qu'il ne fallait pas perdre, et celle-ci a été perdue.
En 1918, quand les Allemands ont demandé un armistice, aucun militaire ou politique allié n'aurait pu refuser. Tous les bélligérants savaient que leurs opinions publiques et leurs combattants désiraient que la guerre cesse.
Mais, ils furent nombreux à penser, après-guerre, que cela avait été une erreur. Très tôt, dès qu'il revient au pouvoir en 1940, Churchill pense qu'il faudra aller au bout cette fois-ci. Dès la déclaration des Nations-Unies, en 1943, Roosevelt et Churchill font de la capitulation sans condition de l'armée allemande la condition
sine qua non de la fin des hostilités.
Juger après coup est difficile. D'après pas mal d'historiens, on ne peut pas vraiment dire qu'il y a encore une armée allemande en novembre 1918. Mais, on ne peut pas préjuger de comment se seraient passées les choses dans le cas d'une invasion militaire de l'Allemagne. Les soldats qui étaient rentrés pour participer ou s'opposer aux mouvements ouvriers qui fleurissaient partout se seraient-ils regroupés pour contrer les alliés. Ou alors, l'invasion aurait été une promenade de santé ?
Mais, dès la fin novembre 1918, des officiers allemands lancent ce qui deviendra le mythe du coup de poignard dans le dos. Pourtant, ceux qui lancent cela savaient la réalité. Ceux qui vont croire le mythe connaissaient aussi la réalité, ou plutôt, ils auraient pu l'appréhender. Le mythe prend parce que "tout le monde" ou presque veut y croire.