Oliviert a écrit :
En plus de toutes les raisons données précédemment, on pourrait voir un rapprochement phonétique du prénom Louis avec :
- Lux, la lumière
- Lui, le roi c'est lui (avec un "u" qui pouvait être plus proche du "ou" autrefois que maintenant)
Oliviert, grace à cette méthode, on pourrait même faire des rapprochements avec le grec, l'hébreu, etc.
Le latin
lucere a donné l'ancien français
luisir par évolution phonétique régulière, refait en
luireEn français, le latin
lux, lucis n'aurait pu aboutir qu'à
*luis, pas à
Louis, c'est impossible. D'ailleurs, un bon exemple nous est fourni par Lucien, issu du
Lucianus, dérivé en
-anus du latin
lux, lucis. Il n'y a pas de possibilité de confondre
oui et
ui en français, pas davantage en ancien français. C'est ce qu'on appelle un
trait pertinent dans une opposition phonématique, d'où la
paire minimale fouir /
fuir qui ne peuvent se confondre.
En outre, dans la documentation, les formes latinisées le sont toujours en
Clodovicus et plus tard en
Ludovicus, ce qui n'a rien à voir avec
Lux, Lucis. Quant aux rois, mis à part Philippe, ils portent généralement un prénom d'origine germanique pour des raisons évidentes.
Pour en revenir à l'étymologie de Clovis/ Louis. La forme Clovis est une forme issue directement du latin
Clodovicus. Le groupe consonantique initial
Cl- résulte de l'impossibilité de rendre en latin le
Hl de l'ancien germanique
Hlodowig, le H initial se prononçant a peu près comme le Ach-Laut allemand ou la jota espagnole, son qui n'existe pas en latin. Ensuite, la semi-consonne [w] est notée
v en latin et elle s'est généralement consonantisée en [v] en bas latin, d'où dans les langues romanes. L'évolution régulière de l'élément
vicus est
vi en ancien français, comme en témoignent les noms de lieux issus de
vicus "bourg " du genre
Neuvy "nouveau
vicus", ensuite le
-s final s'explique par l'ancien cas sujet masculin du vieux français que se retrouve dans de nombreux prénoms Gilles, James, etc.
En revanche, la forme
Louis est issue plus directement du germanique
Lodowig, par un intermédiaire bas latin que je peine à reconstituer, En tout cas, le
Hl- s'était préalablement simplifié en
L- dans toutes les langues germaniques (vieux haut allemand, vieil anglais, ancien scandinave), là encore le
-s final témoigne de l'ancien cas sujet du français.
L'opposition entre une forme dite "savante" et une forme dite "populaire" est une constante de l'histoire de la langue française valable pour les noms propres, comme pour les noms communs. Ainsi
Jorres, Joires, etc. sont des formes populaires équivalentes à
Georges,
James à
Jacques,
A[o]ustin à
Augustin (cf. le mois d'août <
augustus),
Hue à
Hugues, etc.
Autres exemples de noms germaniques composés avec
Hlod(o) : le fameux saint Cloud, dont le nom est issu du germanique latinisé en
Clodoaldus (germanique
Hlodowald) ou encore saint Lô (ou saint Laud) (du germanique
Hlodo), évêque d'Avranche.