bourbilly21 a écrit :
Denangis a écrit :
Est il 'honteux' de revenir blessé, cela veut il dire que l'on ne s'est pas suffisamment battu?
Non
par contre, être prisonnier peut être ressenti comme honteux; il y a une photo célèbre des quatre frères de Gaulle prise après guerre 14/18, Charles est légèrement en retrait, comme s'il n'admettait pas sa situation d'ancien prisonnier à côté des autres décorés.
Pourtant fait prisonnier après une blessure, De Gaulle a très mal pris sa condition de prisonnier de guerre. Au retour, il pensait que sa carrière dans l'armée était compromise, par rapport à ceux qui s'étaient battus jusqu'en 1918.
En retrait de ses frères pour cette raison, je ne sais pas. Il me semble que ses trois frères ont fait la guerre dans l'artillerie, sauf erreur. (Ce qui n'a pas créé de heurts avec ses frères, qu'il estimait, mais il y a dans les notes de De Gaulle en 1915 quelques commentaires salés sur le personnage de l'artilleur, "assez courageux pour venir parader en première ligne lorsque le front est calme, etc..." On sait à quel point les les poilus considéraient les artilleurs - et on ne parle même pas du train - comme des planqués.)
Citer :
Le frère de mon GP m'a tjrs dit qu'il avait remâché toute sa vie la honte d'avoir été fait prisonnier en 40, mais circonstances atténuantes, il s'était battu jusqu'à fin des munitions, et en une fraction de seconde, il avait pensé à sa mère, (elle avait eu 7 enfants, il ne lui en restait que 2, lui était le dernier survivant des fils, il s'était donc dit qu'il fallait survivre pour la protéger).
Mais alors, il trahissait son idéal de jeune St Cyrien des années 20 de donner sa vie pour la France comme plusieurs de ses frères.
Votre grand-oncle avait des principes. On ne peut pas dire que c'était le cas général.
Dans un de ses ouvrages, Gilles Perrault laisse éclater sa colère d'adolescent à l'époque : jamais des prisonniers ramassés par centaines de milliers n'ont été aussi arrogants. Non seulement pendant la guerre la propagande pétainiste insistait pour qu'on pense à eux à chaque instant et qu'on se prive pour leur envoyer des colis, mais une fois libérés ils se sont considérés comme victimes (de fait ils auraient dû être libérés après le traité de paix... qui n'a jamais été signé) et on a vu pour la première fois des prisonniers de guerre arborer fièrement un insigne représentant un barbelé. Rage folle du jeune Gilles Perrault obligé de céder sa place dans le métro à l'un de ces "moutons bêlants" montrant fièrement son insigne.
Combien de fois je l'ai entendu, ce "moi, monsieur, j'ai été prisonnier 5 ans ! " Un homme de la génération et de la guerre précédente dans le même cas rasait plutôt les murs, en tous cas ne s'en vantait pas.