Ils n'étaient pas en contact direct, c'est certain, mais indirect, via d'autres peuples intermédiaires avec qui ils pratiquaient des échanges commerciaux.
Par ailleurs, on a l'image, pour les Amérindiens d'Amérique du Nord, de tribus nomades migrant au fil des saisons. Apparemment, c'est loin d'être le cas avant l'arrivée des Européens : villages, exploitations agricoles, artisanat, ont laissé des traces.
J'ai lu ceci : à partir du premier contact entre Européens et Indiens caraïbes lorsque Colomb débarque (à Cuba, non ?), il y a également contact épidémique. A partir de là, les maladies, via les échanges commerciaux entre les différentes ethnies peuplant les deux Amériques, précèdent l'arrivée des Européens. Quand Pizarro débarque en Amérique du Sud, du côté de Lima, les peuples Inca, quechua et autres ethnies peuplant cette région sont déjà décimées par la variole et autres maladies infectieuses. Ajoutez à cela les troubles internes du royaume Inca (il me semble qu'ils étaient en pleine crise de succession), et on s'explique un peu mieux comment les Espagnols ont pu venir aussi facilement à bout de cet empire.
De même, en Amérique du Nord, les villages sédentaires ou semi-sédentaires sont déjà quasiment tous dévastés par les épidémies et abandonnés quand arrivent les premiers colons. Plus tard, certes, les Européens n'hésiteront pas à contaminer sciemment les autochtones via du linge souillé par exemple ou à les envoyer goûter à l'enfer des mines d'argent et de cuivre. Mais le gros du gouffre démographique a lieu juste avant la colonisation des Amériques, à partir du premier contact entre les marins portugais et les indiens caraïbes. Loin de vivre isolément chacun dans leur secteur, les peuples amérindiens, des rives du Saint-Laurent jusqu'au rio de la Plata, étaient en contact les uns avec les autres. Il n'en faut pas plus pour que des épidémies se propagent.
On en a un bon exemple avec la peste en Europe au XIIIe siècle : maladie disparue depuis des siècles, des peuples sans réponse immunitaire à un type de maladie, une population importante, sans moyen sanitaire ni prophylactique ni la moindre idée de ce qu'est une épidémie et la façon dont elle se développe... et à partir d'un contact, un seul, dans un lieu donné (Marseille pour la peste), la maladie infectieuse se répand comme une traînée de poudre et se transforme en pandémie extrêmement mortifère.
C'est la même chose pour les maladies infectieuses d'origine européenne aux Amériques, en pire puisque ces populations vivaient isolées du reste de la planète (ou quasiment) depuis des millénaires. Le génocide amérindien (car c'en est un) ne procède pas, au départ, tout au moins, d'une intention ou d'une volonté des Européens. Par contre, ce qui a suivi n'est que l'éternelle histoire des conquérants s'appropriant sans vergogne les terres et les biens des autochtones, quitte à les trucider au passage pour s'en débarrasser. Après tout, ce n'était pas grave, ils n'étaient pas chrétiens, donc moins que des hommes, et n'avaient pas davantage de valeur que les esclaves importés d'Afrique...
|