Alain.g a écrit :
Est-ce que reconquête ne s'impose pas si les arabo-berbères nomment conquête leur occupation de l' Espagne à/c de 711 ? Principe du parallélisme des formes !...Reconquista est le terme consacré par les espagnols. Mais on peut dire aussi " la croisade chrétienne" en Espagne. Reconquista est mieux que l'expulsion des arabes d' Espagne par exemple ou la libération comme nous en 1945.
Sur le mot occupation: on ne l'emploie que si l'occupant n'est pas l'occupant actuel, me semble t-il ?? Les francs sont encore chez eux en France.
"Depuis Isidore de Séville au VIIe s. la question identitaire a préoccupé les générations successives d'historiens espagnols (tout comme celle de savoir ce qu'est la France à occupé l'historiographie hexagonale) mais la réflexion a véritablement débuté avec la "génération de 1898" traumatisée par l'affaiblissement de l'Espagne et la perte de l'immense empire colonial. Elle a grosso-modo abouti, à partir de 1936 et jusqu'à nos jours, a deux conceptions opposées:
- la première, incarnée par Americo Castro, avance que "la réalité historique Espagnole" réside dans la symbiose entre les apports des trois communautés et des trois cultures (chrétienne, musulmane et juive) qui coexistèrent la plupart du temps pacifiquement dans la péninsule. L'homme espagnol naitrait donc en 711 et aurait acquis ses spécificités en 1492.
- la seconde thèse, soutenue par Cl. Sanchez Albornoz en 1956 et émanant de tout un courant historiographique remontant à la fin du XIXe siècle, affirme une une hispanité originelle. "L'homo hispanicus" support de la civilisation espagnole existe depuis l'aube de l'histoire mais n'est pas immuable. Il doit certaines de ses caractéristiques au milieu géographique et d'autres aux vicissitudes historiques dont la Reconquête en est une fondamentale car elle lui a donné ses spécificités: goût du butin et mépris des activités économiques sédentaires.
Au-delà de leurs antagonismes les tenants de ces deux conceptions conviennent que la période médiévale est essentielle pour la compréhension de l'histoire espagnole et les deux partis identifient la Castille (puissance prépondérante par sa population, son étendue et ses ressources) à l'Espagne, reprenant les chroniques asturiennes de la fin du IXe siècle qui diffusaient l'idée d'une "Hispania" unie sous la direction des rois asturo-léonais (qui s'étaient donné pour mission de refaire l'unité de la Péninsule) et où se cristallise pour première fois celle d'une "naissance d'un destin collectif" situé sous dans le royaume indépendant de L'Hispania wisigothique antique."
Denis Menjot, professeur d'histoire médiévale à Lyon-II, dans "Les Espagnes Médiévales 409-1474"