Salutations Narduccio,
Tout comme vous je suis assez amateur et intéressé par toutes ces nouvelles découvertes et hypothèses dans le domaine paléo-anthropologique, bien qu'à maintes reprises je sois dérouté voire désarçonné par les dites avancées et leurs contre arguments. C'est ainsi le cas de votre synthèse (pour laquelle par ailleurs je vous félicite) qui a l'art de me "tarabuster" par la présentation que vous en faites et qui ne correspond pas forcément avec le(s) idée(s) que je m'étais faite(s) sur le sujet.
Alors, si vous le permettez et afin de clarification réciproque je vais reprendre votre exposé, en vous mentionnant sur les points suivants :
Narduccio a écrit :
Depuis quelques années, les choses se complexifient en ce qui concerne l’origine de l’homme moderne....Lorsque erectus est sorti d’Afrique, ces descendants se sont fixé à divers endroits dans le monde et ont prospéré. Quand sapiens est sorti d’Afrique, sa « modernité » était telle qu’il a supplanté partout les populations antérieures. Ce schéma correspondait au fait qu’on n’a trouvé de pré-sapiens qu’en Afrique."
Là je crois que l'on part d"un mauvais pied" (ha ha ha)!! pour ce qui est de la sortie ou de la définition des genres car:
L'homme moderne = homo sapiens
erectus = homo erectus
"pré-sapiens" c'est tout le genre homo* excepté homo sapiens (et par ailleurs appelation "peau de banane" car il existait d'autres hommes/homo non désignés comme sapiens, à l'instar de neandertaliens ou de homo floresiensis, tout aussi "modernes" (anatomiquement et biologiquement) et d'apparition antérieure à l'espèce sapiens.
Sapiens n'a probablement pas supplanté les espèces d'hominidés existantes hors d'Afrique à cause ou grâce à une supposée "modernité", mais est restée la seule espèce vivante (du moins connue jusqu'à maintenant) d'hominidés sur la planète probablement en raison d'un faisceau de raisons lui donnant un avantage sur sa capacité d'adaptabilité en accord avec la théorie et les lois de Darwin.
* source wikipédia (pour pas trop compliquer) :
Homo est le genre qui réunit l'Homo sapiens et les espèces apparentées. Le genre est apparu au Pléistocène, il y a environ 2,3 à 2,4 millions d'années.
Homo habilis, une des deux premières espèces du genre Homo, est le descendant direct de l'Australopithecus garhi qui vivait il y a 2,5 millions d'années.
Toutes les espèces du genre Homo sont aujourd'hui éteintes sauf Homo sapiens ; les dernières espèces apparentées, Homo floresiensis et Homo neanderthalensis, ont disparu respectivement il y a 18 000 et 28 000 ans, bien que des éléments récemment découverts suggèrent que Homo floresiensis ait pu survivre jusqu'à il y a 12 000 ans, et qu'un métissage ancien entre les hommes de Néandertal et les humains anatomiquement modernes aurait été découvert.
Narduccio a écrit :
Mais, il ne répondait pas à certaines interrogations comme le fait qu’on trouvait des traits morphologiques communs entre les sapiens installés dans une zone et les descendants d’erectus qu’on y trouvait. L’un des cas les plus emblématiques est le fait que les anciens humains vivant en Asie de l’Est avaient des dents dites en pelle. Ce qui était aussi le cas des sapiens qui vécurent plus tard dans la même zone.
Faisant tous partie du genre "Homo", bien qu'Erectus soit une espèce antérieure dans le genre, le caractère "dents dites en pelle" est dérivé / hérité sur/par tout le genre d'un ancêtre phylogénétique.
Narduccio a écrit :
D’autres chercheurs tenaient pour la théorie de l’arbre buissonnant : en fait, sapiens ne serait pas né en Afrique, mais il y aurait eu des contacts continus entre les diverses populations humaines pré-sapiens. Les diverses populations auraient en permanence échangées des gènes et auraient donc évoluées toutes en même temps. Sauf que dans de nombreuses régions, on ne trouvait pas de fossiles clairement pré-sapiens. Il y a des populations qui se spécifient, se singularisent et puis qui sont remplacées par des populations typiquement sapiens, même si elles ont des caractéristiques locales plus ou moins marquées. Ces observations ne collent pas avec la théorie de l’arbre buissonnant.
Cette théorie est battue en brèche par les études et analyses des ADN (qu'il soit fossile ou des populations existantes). Le genre Homo-sapiens est né en Afrique de l'Est, quelque part proche ou dans la vallée du rift. C'est là que se trouve la plus grande "variabilité génétique"* parmi les populations vivantes sur le globe, et cette grande variabilité est la signature de l'origine d'une espèce. De plus tous les plus anciens marqueurs** génétiques formant les lignées phylogénétiques qu'on appelle les haplogroupes se trouvent tous en Afrique. C'est d'ailleurs en suivant l'apparition et le lieu d'apparition de ces marqueurs (et grâce aussi à ce que l'on nomme l'horloge moléculaire) que l'on a pu identifier le parcours géographique de peuplement effectué par Homo-sapiens.
* le plus grand nombre de versions d'un même gène considéré.
**Le marqueur génétique est un gène ou une séquence polymorphe d'ADN aisément détectable grâce à un emplacement connu sur un chromosome. On peut l'utiliser en cartographie génétique pour « baliser » le génome et identifier des individus ou des espèces.
Narduccio a écrit :
La troisième théorie est une théorie mixte qui essaye de faire la synthèse des 2 théories précédentes. Sapiens serait né en Afrique, mais il se serait hybridé avec les populations locales lors de sa/ses sortie(s) d’Afrique. Ce schéma suppose que les populations locales, même si elles sont restées suffisamment isolées pour développer une quasi-spéciation étaient encore génétiquement assez proches de sapiens pour s’hybrider avec lui.
Pour le dire autrement : Sapiens est né en Afrique (c'est un fait) mais il n'était pas le premier spécimen du genre homo a sortir de son berceau africain. D'autres espèces antérieures (peut être Ergaster, Antecessor ou Erectus) ont éffectué elles aussi des sorties engendrant une autre descendance "homo" hors Afrique et c'est cette descendance "homo non-africaine" qu'aurait pu rencontrer homo sapiens lors de sa (ses) sortie(s) à lui.
Pour ce qui est de la question de l'hybridation, je me (vous) reporte plus loin....
Narduccio a écrit :
Cela semblait improbable à de nombreux spécialistes. Durant certaines périodes, il y avait peu d’humains en dehors de l’Afrique. Les différents groupes humains étaient très espacés. De plus, à certaines périodes, les conditions climatiques ont imposé des épisodes de séparations à ces divers groupes humains. Or, des petits groupes dispersés et sans contacts avec les rameaux principaux de l’espèce ont de grande chance de diverger sur le plan génétique et de conduire vers des espèces distinctes qui ne peuvent plus se reproduire avec les autres groupes.
Voilà déjà une première raison pour douter de l'hybridation inter-spécifique.
NB :Attention à la bonne utilisation (ou mélange) entre genre, espèce, groupe, type où bien souvent se produisent les "incompréhensions et dérapages" sur le sujet. Ainsi l'homme est une espèce (parmi d'autres) du genre Homo (humain) où anthropologiquement parlant l'on peut trouver des groupes ou types dits africains, asiatiques, européens...
Narduccio a écrit :
l'ADN jette un certain trouble sur ces schémas et oblige à redessiner l'arbre généalogique des populations sapiens qu'on trouve hors d'Afrique. En Afrique, les choses paraissent actuellement très claires. On trouve des pré-sapiens et on a des fossiles qui vont d'homo erectus à homo sapiens
- Voir me remarques précédentes sur les genres, espèces...et "pré-sapiens" (à éviter absolument)
- En Afrique, on trouve toutes sortes de fossiles d'homininés* (comprenant pour sa sous-tribu des hominines les genres australopithèques, Homo (les humains actuels), les Paranthropes, les Ouranopithèques, les Sahelanthropes, Orrorin, Ardipithecus et Kenyanthropus).
- Hors Afrique, ce n'est pas l'arbre généalogique des populations homo-sapiens qui est à clarifier mais celui des autres genres homo.
*La sous-famille des Homininés, ou Homininae (en latin), est une sous-famille de la famille des Hominidés regroupant les grands primates africains, à savoir la tribu des Hominini (Humains et Chimpanzés) et celle des Gorillini (les Gorilles).