A la lecture de ce fil de discussions, on tombe sur des affirmations qui laissent pantois.
Harrison est bien le premier à avoir obtenu du parlement britannique la reconnaissance, en 1761, de la conformité de son chronomètre aux exigences du Longitude Act de 1714. C'était pour son modèle H4, qui n'était pas un modèle primitif, mais un instrument très perfectionné comportant un balancier à ressort spiral et non un système à pendules gravitationnels comme dans le H1 représenté dans le message initial. Au cours de ses recherches, Harrison a mis au point différentes innovations telles le roulement à rouleaux et le bilame. D'autres horlogers avaient produit à la même époque des horloges aux performances comparables à celles de Harrison, mais on ne peut lui dénier le mérite de figurer parmi les tout premiers horlogers de son temps. Les chronomètres de Berthoud et de Leroy étaient peut-être supérieurs à celui de Harrison, mais ils sont tout deux arrivés deux ans plus tard, même si l'invention de l'échappement à détente datait de 1748.
Huygens était un théoricien qui s'était beaucoup intéressé à l'horlogerie mais ses travaux, aussi remarquables qu'ils fussent, n'avaient pas permis d'aboutir aux résultats obtenus par Harrison. Si cela avait été le cas, Huygens étant décédé en 1695, le parlement britannique n'aurait pas ressenti le besoin du Longitude Act en 1714.
Les pendules fonctionnent-ils en mer ? Non, ils ne fonctionnent pas, ou mal. Pour s'en convaincre, il suffit d'incliner, même très légèrement, une horloge à pendule pour observer qu'elle ne fonctionne plus correctement et qu'elle ne tarde pas à s'arrêter. En fait, Harrison s'était, il est vrai, employé à corriger ce défaut en mettant au point un système à double pendule, insensible aux inclinations, mais, finalement il dut y renoncer. Dans le chronomètre présenté au parlement, un balancier avec ressort spiral avait remplacé le pendule.
La méthode des distances lunaires permettant de se passer de chronomètre n'est pas si compliquée qu'il faille embarquer professeurs de mathématiques et astronomes pour l'employer. Les officiers de marine étaient suffisamment formés et cette méthode a été couramment utilisée jusqu'au début du dix-neuvième siècle tout simplement parce que les chronomètres étaient tellement coûteux que peu de navires en possédaient (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_navigation_astronomique#D.C3.A9termination_de_la_longitude_par_les_.C2.AB.C2.A0distances_lunaires.C2.A0.C2.BB). Il faut certes de la documentation, éphémérides et tables de calcul, mais il en faut aussi pour la méthode des mesures de hauteur.
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D'une part, la plupart du temps, les bateaux sont stables, contrairement à ce que croient les terriens. D'autre part, on peut mettre l'horloge sur des cardans. Cela dit, il est vrai que certains mouvements peuvent perturber un peu le pendule. Mais, le pendule dans une horloge ne joue qu'un rôle mineur, celui d'un régulateur. Ce n'est pas lui qui fait avancer les aiguilles. Ce sont les contrepoids ou le ressort qui donnent de l'énergie. Harrison a inventé des dispositifs de régulation différents du pendule. Ses chronomètres de marine n'ont pas de pendule.
Comment peut-on dire des choses pareilles ?
Stables les navires, la plupart du temps, contrairement à ce qu'affirment les terriens ? Sauf peut-être les gros paquebots de croisière avec stabilisateurs pour le confort des passagers ou les super-tankers, et encore ! Si le temps est vraiment mauvais, ils bougent. Prenez juste un ferry pour une petite balade en Angleterre, vous verrez ! De toutes façons, si l'on embarque un chronomètre, on veut qu'il fonctionne correctement tout le temps et non seulement la plupart du temps. Il doit donc être conçu pour les pires conditions.
Faire avancer les aiguilles, sur une horloge, ce n'est pas vraiment le problème. Le vrai problème est d'obtenir une régulation précise et c'est ce à quoi Harrison (comme tous les horlogers avant et après lui) a passé sa vie. On peut bien sûr poser le chronomètre sur des cardans, mais cela n'élimine pas les forces centrifuges créées par les mouvements du navire, ce qui perturbe le pendule et ce dont Harrison s'est rendu compte, ce pour quoi il y a renoncé.
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Mais des horloges à poids ? Elles sont autorisées en mer ?
Formellement interdites, je ne sais pas, mais fortement déconseillées. Quand la mer est grosse, un ressort bien tranquille dans un boîtier est préférable à des poids au bout d'une ficelle qui se baladent dans tous les sens. De toutes façons, comme dit plus haut, le problème de l'horloger n'est pas la propulsion des aiguilles, fonction des poids, mais la régulation du mouvement qui ne peut être bien assurée sur une plate forme mouvante par un pendule gravitationnel.