Guide Stone a écrit :
Force est de constater que tous les ans,les 5 ans,les 10 ans,le sujet revient .
Je n'ai rien qu'il revienne ...
Mais j'aimerais bien aussi qu'on parle du contexte général de la Shoah,qu'on élargisse le champ des débats qu'on aborde de nouveaux points ,des points "capitaux" politiquement et historiquement .
J'ai quelques sujets dont il faut bien admettre on ne parle pas ou jamais alors qu'ils me semblent importants ,très "éclairant" sur le contexte :
1° L'affaire du Saint Louis : pourquoi est ce que personne ne voulait accepter des juifs pouvant pourtant fuir l'Allemagne nazie ? Pourquoi est ce qu'on ne parle jamais de cette histoire ?
Et pourquoi vous ne parlez pas de
Conférence d'Évian en 1938 ? Face au problème des réfugiés, le président Roosevelt décide d'une conférence internationale devant régler le sort des réfugiés. En fait, l'Allemagne nazie retire la nationalité allemande a ses ressortissants d'origine juive et on se rend compte que cela peut concerner tous les juifs d'Allemagne. Nous sommes en 1938, je tiens a le rappeller. Donc, à l'époque cela ne concerne que les juifs vivants sur le territoire du Reich et on ne parle pas des populations juives vivant en Pologne, en URSS, en France, en Belgique, ...
Disons les choses tout net, les pays participants à la conférence auraient pu "régler le problème" et accepter ces réfugiés qui auraient été entre 3 et 5 millions. Dans l'idéal, on le peut toujours ... Pourtant, je me refuse de porter un jugement moral sur le fait qu'ils ne réussirent pas à ce mettre d'accord pour accueillir ces réfugiés. Premièrement, il n'y avait pas tant d'exemple que cela dans l'histoire moderne d'une nation qui décide qu'une partie de ses ressortissants ne fasse plus partie du corps national... Deuxièmement, je m'interdit tout jugement moral,parce que nous ne sommes pas capables de faire mieux qu'eux. Voici une population qui est exclue du corps social, à l'époque, sauf pour ceux qui ont lu à la lettre "Mein Kampf", rien ne laisse supposer qu'il risque de leur arriver malheur. A part le fait d'être jeté de leur vie sociale, de la maison qui parfois était à leurs ancêtres depuis des générations. Bref, ils perdent tout, l'Allemagne ne leur accorde que le droit d'emmener avec eux une très faible partie de leurs avoirs (le reste étant confisqué) et ils doivent trouver un autre endroit où débuter une nouvelle vie. Sachant qu'ils sont souvent de la classe moyenne, mais qu'il y a aussi de nombreux artisans.
Je vais m'autoriser à faire une petite incursion en deçà de la barrière chronologique. Je ne désire pas discuter de la situation actuelle, mais apparemment, il faut rendre les choses perceptibles. En effet, certains ont tendance à faire de l'histoire à l'envers, "il fallait sauver les juifs", sous-entendu parce que l'on savait qu'ils allaient être massacrés. Dans l'actualité de ces derniers jours, on nous parle de divers pays où des populations civiles sont menacées, pour certaines leur future annihilation ne fait presque pas de doutes. On peut parler des syriens, des irakiens, non-sunnites qui se trouvent sur le territoire de Daech, des nigérians, des centrafricains, des libyens, ....
Parlons de la Syrie, on estime qu'il y a eu environ plus de 200 000 morts depuis le début du conflit. Environ 130 000 belligérants et donc 70 000 civils. Sur une population initiale de 22 millions de personnes, il y a un million d'expatrié au Liban. Il y en aurait 600 000 en Jordanie et le même nombre en Turquie. Quand aux déplacés intérieurs, ils se chiffreraient à environ 6,5 millions. Mais, le sort de certaines populations inquiète plus, il s'agit de minorités religieuses qui sont périodiquement menacées de massacres par les divers groupes djihadistes.
Soyons honnête, malgré nos difficultés financières, "on" pourrait accueillir toutes les personnes de ces minorités menacées. De la même façon que les participants de la Conférence d'Évian auraient pu sauver les 3 millions de juifs allemands de 1938! Le gouvernement français vient de se féliciter en catimini qu'il a réussi a faire venir en France 4500 membres de ces communautés pour les mettre à l'abri. 4500 depuis 2011. Et, on annonce un effort particulier pour 2015. On espère pouvoir en accueillir 500! L'Allemagne a fait un effort un peu plus conséquent, mais il est vrai que sa population vieillit et qu'elle a besoin de jeunes travailleurs qui acceptent de travailler pour quelques euros de l'heure. Je ne m'étendrais pas sur les raisons qui font qu'on ne peut pas accueillir plus de ces réfugiés pour les sauver d'une mort annoncée et, personnellement, je considère que le plus gros échec est de ne pouvoir pas faire que chacun puisse vivre sa vie dans le pays des ses ancêtres sans avoir à choisir entre la mort et le baluchon.
On sait ce qu'il advint des juifs. Alors, on porte un regard critique et on dit : "On aurait pu les sauver." On découvre assez couramment des charniers en ex-Yougoslavie. Ceux-là, on n'aurait pas pu les sauver ? On n'aurait pas dû les sauver ? Et les charniers que l'on va découvrir en Syrie ou en Irak ? Si on ne tient pas compte des contingences, l'Amérique (dans son ensemble) aurait pu facilement accueillir ces quelques migrants. Après-guerre, ils seront plus nombreux a être accueillis et cela ne posera aucun problème ... Sauf que l'historien sait bien tout ce qui a changé entre 1938 et 1948. Entre autre sur le plan économique. Quand l'économie fonctionne, la main-d’œuvre supplémentaire est toujours la bienvenue et on est peu regardant sur divers critères comme son origine ethnoculturelle et sa religion. Quand il y a des difficultés économiques, les pays se font moins accueillants, les frontières se ferment. Comme c'est le cas aujourd'hui. Alors, oui, on peut constater que s'il y avait eu la volonté politique (mais aussi sociale et économique), on aurait pu accueillir plus de juifs dans divers pays, mais il faut faire un travail d'historiens et comprendre les raisons pour lesquelles ce ne fut pas possible. Parmi ces raisons, il y eut un vieux fond d'antisémitisme, il ne faut pas se voiler la face. Il y eut aussi le fait que ces réfugiés venaient les mains vides. Des familles plus riches et surtout plus prévoyantes surent se mettre à l'abri. Mes il y a eu aussi des familles très riches dont tous les membres ont disparus dans la fumée des fours. Il faut éviter les généralisations hâtives. Et surtout garder les yeux et l'esprit ouvert et constater que malgré le "Plus jamais ça!" nous sommes capables de retomber dans les mêmes travers. A moins qu'on considère, dans un optique complotiste que les futurs membres d'un état yazidi ont fait massacré une bonne partie des membres de leur communauté pour avoir le droit dans l'avenir à un pays ...