On leur reproche aussi les malheurs des temps ; ils se sont détournés des Dieux qui avaient fait la grandeur de Rome et ont ainsi provoqué sa ruine. Par exemple Julien, Lettre à Atarbius :
Car c'est à cause de la folie des Galiléens que tout à failli être bouleversé, tandis que la bienveillance des dieux nous a tous sauvé.
Saint Augustin écrira quelques pages pour défendre la foi chrétienne dans le contexte postérieur du sac de Rome dans la Cité de Dieu :
Ainsi, pour la plupart, ont échappé à la mort ces calomniateurs de notre âge chrétien qui imputent au Christ les maux que Rome a soufferts, et ce bienfait de la vie dont ils sont redevables au nom du Christ, ce n'est pas à notre Christ qu'ils l'attribuent, mais à leur destin; tandis qu'avec un peu de droiture, ils sauraient, dans ce qu'ils ont enduré de misères, reconnaître cette Providence qui se sert du fléau de la guerre pour corriger, pour broyer la corruption humaine; qui, exerçant par de semblables afflictions les âmes justes et méritantes, les fait passer, au sortir de l'épreuve, à une destination meilleure, ou les retient encore sur la terre à d'autres desseins.
Il retient l'argument que les Barbares n'ont pas saccagé les lieux sacrés :
Car ces adversaires du nom de Jésus-Christ, ne sont-ce pas ces mêmes Romains que les barbares ont épargnés au nom de Jésus-Christ! J'en atteste les monuments des martyrs et les basiliques des apôtres, qui, dans cette désolation de Rome, ont ouvert leur sein à tout ce qui venait s'y réfugier, fidèle ou étranger à la foi. Jusqu'au seuil sacré, l'ennemi furieux se baignait dans le sang; mais à cette barrière expirait la rage du meurtre.
Mais leurs adversaires évoquent avec force la rupture avec la tradition, élément fondamental des civilisations antiques, qui ne cesse de revenir sous la plume de Julien. Il est bien entendu un des contradicteurs les plus féroces dont l'oeuvre nous est en partie parvenu. Il y voit de l'absurdité. Par exemple dans une lettre à Photin :
Si nous obtenons l'assistance de tous les dieux et déesses, des Muses et de la Fortune, nous montrerons ses faiblesses [de Diodore, un chrétien] et combien il dénature les lois, les doctrines et les mystères des Hellènes ainsi que des dieux infernaux ; nous ferons voir que son nouveau dieu Galiléen, à qui ses fables prêtent l'éternité, se trouve en réalité, par l'ignorance de sa mort [pendu sur une croix] et de sa sépulture, exclu de la divinité que Diodore invente pour lui.
Il y a ici une critique théologique ; Julien aborde l'épineuse question de la sépulture si importante pour les Anciens. Devant les Alexandrins il montre qu'autrefois les Hébreux, dont il note le lien avec les "Galiléens", avaient été esclave en Egypte et que dès lors c'est le peuple hellénisé, victorieux des Egyptiens, qui entre dans l'esclavage volontaire de ces croyances (lettre 111).
Julien leur fait grief d'une chose particulière quand il leur interdit d'enseigner ; il ne peut admettre qu'ils transmettent ce en quoi ils ne croient pas.
En tout cas la question est ample.
_________________ Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.
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