Je connais la période aussi bien que vous je vous remercie. Et comme je l'ai dit ailleurs, il existe une ambassade du 10 octobre 1870 de Napoléon Boyer laquelle convient d'envoyer les 170 000 hommes français de l'armée de Metz sur Paris pour réprimer les insurgés futurs communeux. Bazaine demande l'autorisation (!) à Bismarck de traverser son territoire occupé pour lancer les hommes. Mais Bismarck lui rappelle que les soldats français ne feront pas ça (ils ne vont pas massacrer aussi facilement leurs concitoyens). et donc qu'il faut se rendre, c'est ainsi que Bazaine va s'exécuter le 28 octobre. On en retrouve trace chez Henri Welschinger :
http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37340bIl n'y a donc aucune envie politique de résister mais plutôt un besoin pressant de laisser l'occupant s'occuper de réprimer les pauvres gens qui réclament un peu plus de justice sociale dans ce monde gangrené par les intérêts financiers et les privilèges nouvelle formule. Inacceptable pour le peuple français, le vrai. Pas les traîtres au pouvoir. Traîtres ici n'est pas un jugement de valeur, c'est une observation froide des choses.
On continue…
Même duc de Raguse (on peut difficilement le soupçonner d'être mon meilleur soutien) vous dit que la plupart des généraux parisiens ne voulait pas la victoire contre les prussiens car l'empire est tombé ; ce serait donc une victoire des républicains. Pas question, avec le peuple qui boue depuis maintenant quelques années, d'autant que les parisiens s'étaient déjà exprimés par le vote contre l'Empire. Celui qui était vraiment isolé c'était Gambetta, c'est le seul qui voulait combattre jusqu'à la mort, un vrai patriote (appelons les choses par leur nom). Ces petites manœuvres étaient un secret de polichinelle. Je prouve ce que j'avance…
Le futur maréchal Foch , dans ses cours à l'école de guerre, disait qu'il aurait été très possible de vaincre si l'on avait voulu. Alors effectivement c'était pas les conditions rêvées dont parlait le général Lebœuf « tout est prêt jusqu'au dernier bouton de guêtres » mais le général Foch (qu'on ne peut pas soupçonner d'amateurisme) dit clairement que la défaite de Sedan est une bataille perdue, pas plus (comprendre pas la guerre). L'artillerie tenait la route, même si elle n'envoyait pas les boulets aussi loin que les canons allemands, nous avions l'argent nécessaire (célèbre nerf de la guerre), des centaines de milliers d'hommes dans les casernes et une levée en masse ça a déjà existé en France (je le répète tout ceci est de Foch).
Fausse sortie de Champigny et feinte d'être affecté par la famine (le 28 janvier), on donne Paris.
Tout ceci est gros quand même mais d'ailleurs, après coup ils avoueront. Le général Trochu dira qu'il « n'a jamais eu de stratégie, tout ce que je voulais c'était gagner du temps jusqu'à ce que l'Assemblée nationale, seule habilitée à statuer sur la cession de territoires, capitule. Le très nationaliste Maurice Barrès le dira aussi dans un article au célèbre
journal du 20 novembre 97 : « ce n'est pas la victoire que voulaient les généraux mais la reddition, ils ont trahi la France." La femme d'Édouard Quinet écrit dans son journal du siège « si les parisiens un jour s'aperçoivent qu'on a joué Paris, le revirement sera terrible ». Tout le monde le savait, c'était quasiment de notoriété publique et les parisiens, qui avait payé le plus lourd tribut à la guerre, ne pouvaient se résigner à avoir fait tout ça pour rien…
Comme nous avons déjà eu cette discussion ailleurs, je prévois l'argument de la condamnation de Bazaine mais elle est beaucoup plus une condamnation de l'empire (car il est avant tout un soldat de l'empire) qu'une condamnation pour trahison ; ce serait en fait un prétexte pour légitimer l'instauration de la République. D'ailleurs ne nous y trompons pas cette même cours martiale envoie immédiatement une demande de grâce de Bazaine au président de la République.
(F. de La Brugère,
L' Affaire Bazaine : Compte-rendu officiel 1874
En conclusion, pour que vous puissiez avoir raison, il faudrait que vous démontiez objectivement chacun de la demi-douzaine de mes éléments d'époque que je viens de vous fournir. Un seul restant suffisant à tenir pour vraie la thèse soutenue (l'argument d'autorité étant bien sûr irrecevable messieurs). L'Histoire écrite par les vainqueurs, nous n'en voulons plus.
)