CNE_EMB a écrit :
Désolé duc, mais lui a-t-on tenu tête ?
Jamais les Allemands n'ont essayé de conquérir l'espace stratégique français. Ils voulaient prendre Paris, estimant à raison que sa chute entraînera l'effondrement de la volonté de combattre de leurs ennemis. Ils ont couvert les axes d'approche au nord et au sud - notez que la couverture d'une force, de nature défensive, peut comprendre des composantes offensives - et on fait de même pour protéger leurs gains territoriaux alsaciens et empêcher le dégagement de Belfort au sud-est.
Ainsi, ils ont juste voulu maintenir les Français éloignés de Paris, si possible localement en les repoussant plus loin (notamment sur la Loire). Et ils y ont parfaitement réussi.
Ni Coulmiers - succès tactique sans lendemain et sans importance obtenu face à un seul corps de la 2. Armee allemande par l'ensemble de l'Armée de la Loire - ni Villersexel qui, malgré le bel élan français, s'avère être une "victoire à la Pyrrhus" qui retarde le dégagement de Belfort et in fine le compromet parce que le corps prussien battu ne l'est pas suffisamment pour ne pas prendre sa revanche sur la Lisaine quelques jours après - ni même les beaux succès de Faidherbe ne peuvent cacher la misère : les armées françaises se sont pris une leçon magistrale quasiment du début à la fin du conflit.
Les Allemands ont obtenu la liberté d'action dont ils avaient besoin en éliminant les armées impériales - les seules qui commandées intelligemment auraient pu les inquiéter - en un mois. Ils l'ont ensuite conservée pendant tout le conflit en couvrant efficacement les axes d'approche du seul combat qui avait une importance, le siège de Paris, de septembre 1870 à janvier 1871. Pour ce faire, profitant des leçons napoléoniennes en matière de position centrale, ils ont intelligemment utilisé leurs forces de couverture en les renforçant rapidement lorsque le besoin s'en faisait sentir (en particulier sur la Loire en décembre 1870). Jamais ils n'ont perdu le contrôle des opérations ou même n'ont été près de le perdre.
Si le terme d'"archi-battu" vous chagrine, je peux le retirer, mais je pense qu'il y a dans ce conflit une différence énorme entre les capacités de l'armée allemande et celles de l'armée française, qu'elle soit impériale ou républicaine - et sans que cela enlève quoi que ce soit au sacrifice de ceux qui y sont restés.
CNE EMB
Je suis d'accord avec vous, mais nous mélangeons finalement tout par différentes digressions.
Au départ il était uniquement question de s'interroger sur les motivations des officiers généraux qui ont suivi le gouvernement de Défense nationale. De savoir s'ils étaient déterminés à poursuivre la lutte et non pas à se comporter en traitres, comme on a pu le lire dans cette discussion. J'ai tenté de démontrer qu'ils l'ont fait avec les moyens du bord et qu'ils l'ont bien fait. Si de nombreux soldats de ces armées improvisées de l'automne sont bien des "bleus", parfois privés de tout entrainement solide, ce n'est pas le cas de leurs officiers, voire d'une partie de leurs sous-officiers.
On critique beaucoup Gambetta et Freycinet pour leurs improvisations, mais ils ont toutefois eu le mérite de rappeler des "anciens" les plus distingués (Farre, puis Faidherbe), des opposants au Second Empire (un Le Flo par exemple ou un Ducrot), des "Africains" qui ont fait encore preuve au printemps 1870, alors en "campagne" dans l'Oranais (Chanzy, Saussier ou encore Wimpfen), de qualités importantes.
Mes remarques se plaçaient bien pour l'après 9 octobre 1870, lorsque le gouvernement provisoire tente une réorganisation des débris de l'armée impériale de métropole avec les apports africains, arrivés pour la plupart entre la mi-août et l'après Sedan.
Pour ce qui précède, c'est malheureux à dire, mais oui, et encore oui, les armées impériales ont sombré dans la nullité la plus totale, elles ont été "archi-battues".
Alors après une telle mise en déroute et la pitoyable conduite de Bazaine, il n'y plus rien à faire. Pourtant, la Défense nationale a tenté le coup et parfois joliment (Je ne pense pas que les Bavarois à Coulmiers aient pensé sur le moment à un "petit succès tactique" ; pour la première fois de la guerre leurs lignes ont bien craqué et ces soldats ont bien été pris de panique) et cela aurait pu fonctionner au final.
Enfin, qui sait ce qu'il serait advenu si les 150 000 hommes de Bourbaki avaient été utilisés pour déloger Paris par l'Est au lieu d'être envoyé à Belfort ? C'est bien pour cela qu'il me semble important de ne pas tomber dans un déterminisme qui met fin à toute discussion. La période octobre 1870 - février 1871 ne se résume pas comme on peut le faire parfois trop rapidement pour mai-juin 1940.
Si l'on se place après le 15 juillet, alors oui, on ne peut pas dire qu'on ait tenu tête aux Allemands, mais après le 4 septembre je pense que si. Donc battue, oui, archi-battue non.