Brisbout a écrit :
A mon sens les romains sont superstitieux car ils font tout reposer sur des éléments extérieurs pour interpréter des signes d'origine divine et en tirer des conséquences. Ils sont persuadés que les dieux décident décident de la vie des hommes, que chaque homme dépend du fatum, destin choisi par les dieux. Alors que la religion a une dimension plus philosophique et vise à un approfondissement de l’intériorité.
Je suis désolé, mais c'est votre définition à vous de la religion. Et honnêtement, c'est très restreint de dire que la religion viserait à l'approfondissement de l'intériorité. Non, c'est une des dimensions possibles, mais c'est très loin d'être la seule, et ce n'est sûrement pas la définition de la majorité des religions dans l'histoire de l'humanité.
Selon Cicéron, "la religion (religio) est le culte pieux des dieux" : c'est l'ensemble des rites permettant d'assurer une relation harmonieuse avec les dieux.
Pour les Romains, la religion n'est pas un type de croyance : il n'y a pas "une" religion et "une autre religion". C'est un domaine de l'organisation des cités, comme le serait pour nous la "politique" ou "l'économie".
Dire que les Romains n'ont pas de religion, c'est comme dire d'un pays non démocratique qu'il n'a pas de politique, ou d'un Etat non capitaliste qu'il n'a pas d'économie. Si, c'est juste une autre manière de faire de la politique ou de l'économie.
Aigle a écrit :
C'est sans doute peu sincère mais néanmoins le fait que ce motif est été mis en avant témoigne bien du lien entre le culte et la citoyenneté romaine et décrit bien une certaine vision du monde, et la religion et de l'identité collective à mes yeux.
Vous avez raison, ce texte montre bien le lien indissociable entre religion et citoyenneté. Accorder la citoyenneté, c'est en même temps faire que ces nouveaux citoyens adoptent les pratiques du culte romain et donc souder le peuple.
Mais qu'est-ce qui permet de dire que c'est peu sincère?
Certes, Dion Cassius dit que Caracalla n'a fait cette mesure que pour prélever plus d'impôts, ce qui est étrange car les citoyens romains sont censés être privilégiés sur le plan fiscal. Et je ne sais pas si Dion Cassius est plus objectif que Caracalla.