J'ai toujours bien aimé les thèses visant à spéculer sur d'éventuelles «fonctions» des séquences d'ADN non-codantes. Certes une petite part de l'ADN non-codant est fonctionnel il s'agit par exemple de séquences de régulations, et certes sans doutes que d'autres séquences fonctionnelles restent à découvrir, cependant comme
le biochimiste Laurence A. Moran je pense que la majorité de l'ADN non-codant est réellement inutile et cela notamment parce que bon nombre de ces séquences d'ADN non-codant accumulent de grande quantité de mutations sans que cela n'affectent les organismes.
Il reste la présente hypothèse selon laquelle tout cet ADN non-codant serait utile car accumulant les mutation «à la place» des séquences d'ADN fonctionnel, et donc épargnant celles-ci. Mais là encore je suis dubitatif et à ce titre
le biologiste T. Ryan Gregory à proposer une manière intéressante de tester l'hypothèse d'une éventuelle utilité à la vaste part du génome que constituant l'ADN non-codant chez bon nombres d'organismes vivants. Il s'agit du
«Test de l'Oignon» et peut se résumer de manière simple.
En effet soit différentes espèces d'onions appartenant au même genre à savoir le genre
Allium.
Nous avons différentes tailles de génomes pour ces différentes espèces d'onions, par exemple pour
Allum altyncolicum nous avons un génome de 7 pg (10exp-12 grammes) et pour
Allium ursinum un génome de 31.5 pg. Par comparaison nous avons un génome de 3.5 pg pour
Homo sapiens sapiens c'est-à-dire notre espèce!
Et donc le «Test de l'Ognon» est le suivant, à quoi pourrait bien servir cette quantité excessive d'ADN, essentiellement composé de séquences non-codantes, chez des espèces d'ognon comme
Allium ursinum? Pourquoi un génome aussi important par apport à d'autres espèces d'ognon pourtant étroitement apparenté ou alors par apport à nous-mêmes?
Après tout les espèces d'ognons au génome bien plus petits ne semblent guère moins adaptés que
Allium ursinum et on voit mal en quoi par exemple, cette dernière espèce aurait besoin d'un génome plus gros pour par exemple se protéger des mutations délétères.
Bref tout cela pour dire qu'il apparait assez clairement que la majorité des séquences d'ADN non-codantes représentent en réalité de «l'ADN poubelle» («Junk DNA» en anglais) et donc n'a aucune utilité adaptative pour les organismes concernés. C'est même d'ailleurs également sur la présence de cet «ADN poubelle» que se fonde en partie
la Théorie neutraliste de l'évolution du généticien japonais
Motoo Kimura.
Référence:
A. Ricroch, R. Yockteng, S.C. Brown, and S. Nadot (2005), Evolution of genome size across some cultivated Allium species,
Genome