Narduccio a écrit :
...Bernard de Chartres disait que nous sommes des nains perchés sur des épaules de géants. Nous avons du mal à nous en rendre compte, mais notre réussite technologique n'est possible que parce qu'entre les premières "inventions" jusqu'à nous, il y a eu une longue chaîne de savants qui avec des moyens réduits sont arrivés à voir un petit peu plus loin que les générations précédentes....
Je vais contribué au débat en prenant un exemple que je connais bien (son portrait est mon avatar) Nicolas Copernic, l'homme qui a popularisé le principe selon lequel la terre tourne autour du soleil. Il s'est effectivement appuyé sur les travaux de prédécesseurs, dont des astronomes grecques, dont Ptolémée est le principal, et aussi, pour une toute petite partie, sur les travaux de savants arabes, traduits notamment par Pic de la Mirandole puis repris par d'autres Italiens qui ont influencé Copernic.
Kurnos a écrit :
Hypothèse, tentative d'approche logique :
Il y a probablement une relation entre l’aptitude à la démarche scientifique rationnelle et l’aptitude à innover, à inventer.
Logiquement un environnement contraignant d’un point de vue religieux n’est pas de nature à favoriser la démarche rationnelle.
Il y a toujours des exceptions possibles, un esprit rationnel génial saura toujours s’affranchir du contexte, parfois au péril de sa vie. Un athée peut être stérile intellectuellement.
Innovation technologique et esprit religieux ne font pas très bon ménage.
Prier Dieu n'a jamais fait progresser les sciences dites exactes, à ma connaissance, c'est même un moyen de régresser, quand on brule des livres par exemple.
Je n'approuve pas cette hypothèse, et je vais à nouveau prendre l'exemple de Copernic qui sert souvent, à tort, pour illustrer l'intolérance religieuse, et notamment envers les livres des savants.
1. Copernic était l'un des plus hauts responsables du clergé dans sa région du nord de la Pologne, car il était chanoine, qui est le poste situé hiérarchiquement juste en dessous de celui de celui de l'évêque.
2. Copernic a été instruit et formé dans des écoles et des universités créés par des chrétiens. L'éducation est encouragée par l
"environnement contraignant d'un point de vue religieux" des chrétiens du 16e siècle et même de la plupart des autres siècles, et aussi de la plupart des autres religions. C'est une éducation qui est plus ou moins orientée idéologiquement, il est vrai, mais qui est néanmoins propice à l'éclosion des sciences parce qu'elle enseigne l'écriture, parce qu'elle apprend à débattre ad rem au lieu d'ad hominem, etc.
3. Copernic s'est intéressé aux mouvements relatifs du soleil et de la terre à la demande des autorités religieuses qui avaient émis le souhait d'une amélioration du calendrier lors du concile de Lateran en 1512, et plus tard avaient lancé un appel à tous les chefs d'université le 24 juillet 1514, et à tous les savants le 1er juin 1515 et le 8 juillet 1516. Le Vatican avait créé une commission chargée de collecter les résultats, dirigée par l'évêque, Paul de Middleburg, professeur de mathématiques à Padoue et astronome du duc d'Urbino. Il est vrai que certaines autorités civiles s'intéressaient aussi à l'astronomie, comme par exemple le bras droit du grand-maitre de la Prusse, Dietriech von Schönberg, qui encourageait les astronomes car il croyait à l'astrologie.
4. De son vivant, non seulement plusieurs collègues chanoines (notamment Giese, Sculteti, et Wapowski) de Copernic l'ont soutenu dans ses recherches, mais en plus ses évêques (notamment Watzenrode et Dantiscus) successifs l'en ont félicités, et même des personnes (notamment le cardinal de Capoue, et le secrétaire du pape Widmanstetter) très haut placées à Rome ont fait de même.
5. Les livres de Copernic et ceux de Galilée n'ont jamais été brûlés par quelques autorités religieuses européennes que ce soit. Cependant, il est vrai qu'une censure a été réalisée par la congrégation de l'index du Vatican (qui n'a rien à voir avec l'inquisition). Cette censure a consisté à autoriser la publication et la vente du livre de Copernic,
De revolutionibus, mais en demandant que soient cachés 11 petits passages, par un trait de plume, ou par des bandes de papiers collées (et facilement décollables). De plus, cette censue ne fut appliquée qu'à 60% en Italie, et beaucoup moins dans les autres pays, sans que cela ne provoqua de procès. Ces 11 petits passages censurés ne remettent pas en cause les travaux de Copernic. Ils ne font que cacher ses affirmations péremptoires sur le mouvement de la terre qui n'ont pas été présentées comme étant une théorie, mais comme étant une réalité alors que Copernic n'avait pas de preuve. En effet, les preuves du mouvement de la terre ne viendront qu'au 19e siècle avec des télescopes suffisamment puissants pour montrer un parallaxe des étoiles en 1837, et avec le pendule de Foucault en 1851. Mais déjà avant cela, le Vatican avait retiré sa censure en 1758. Plus tard, le 7 juin 1999, le pape Jean-Paul II réaffirmera une fois de plus le soutien de l'église aux travaux de Nicolas Copernic.
6. Copernic n'eut aucun procès, ni aucun ennui de la part des autorités religieuses. Galilée eut un procès dont la sentence ne fut pas la mort, ni l'exil, ni la prison, mais juste l'assignation à résidence. Son procès porta principalement sur ses écrits dans son livre
Dialogo..., qui contient beaucoup d'erreurs, par exemple sur les marées, alors que c'est supposé être un de ses arguments forts. Giordano Bruno et Julius Cesar Vanini furent condamnés à mort, et il est parfois dit que la raison en serait leur soutien à Copernic, alors que ce n'est pas du tout ce qui a principalement motivé les juges.
7. Un certain nombre de tribunaux civils ont condamné des livres et des savants pour leur travaux.
8. Prier Dieu sert à se remettre en question et à avoir une attitude humble, qui sont deux éléments qui favorisent la science.