Sauf que c'est un biais beaucoup plus ancien que l'émergence de l'islamisme dans les années 1980.
J'ai été trop liminaire en effet, mais la filiation existe : le début de l'étude scientifique de l'Orient par les Européens, milieu XVIIIe grosso-modo, s'est fait essentiellement à travers ses textes. Pourquoi ? Parce qu'il fallait former des personnes capables de s'y rendre et d'en parler la langue, pour des raisons politiques et économiques (ambassadeurs et consuls). Qui a ramené les textes, qui forme les premiers orientalistes ? Des missionnaires. Quels sont les premiers textes qui se trouvent alors dans les bibliothèques ? Des textes littéraires (les 1001 nuits, par exemple), et surtout des textes religieux, qui ont attiré l'attention des érudits depuis le XIIe siècle à peu près (1re traduction du Coran).
C'est là dessus que se base toute la science orientaliste du XIXe s. ; les productions matérielles, l'histoire purement événementielle, etc., restent au second plan lorsqu'on regarde les productions scientifiques sur l'Orient.
Ce biais est bien connu, mais on a encore beaucoup de mal à l'éviter, parce que les textes sont souvent le fait de personnages religieux, (l'imbrication de la religion et de la politique/justice étant plus importante en pays islamique, où le législateur est souvent - pas toujours - un religieux), et que ce sont les textes religieux qui ont fait l'objet du plus de commentaires, d'éditions, etc. C'est un serpent qui se mord la queue.
L'émergence de l'islamisme, bien évidemment, ne fait que renforcer le phénomène, mais plutôt dans une sphère médiatique qu'universitaire. On a une vraie génération de jeunes chercheurs qui arrivent à passer outre, en se plongeant directement dans de nouvelles sources.
(Edit. C'est une réponse à Cesare Scipio, j'avais négligé de tourner la page
).