Loïc,
C'est bien pour ça que je pointais la confusion initiale et qu'il importe de bien définir de quoi on parle.
Aujourd'hui, on distingue classiquement :
- les fonctions dites "de contact" : infanterie, arme blindée cavalerie, aérocombat (hélicoptères) ;
- les spécialités d'appui : génie, artillerie, transmissions, appui au mouvement ;
- les spécialités de soutien : maintenance, approvisionnement, transport, service de santé, infrastructure, services administratifs et financiers.
La fonction logistique est même divisée en dix sous-fonctions :
- acheminements (mouvement, transit et transports) ;
- condition du personnel en opération ;
- hygiène et sécurité en opération ;
- maintien en condition opérationnelle ;
- protection de l'environnement ;
- soutien de l'homme/soutien du combattant ;
- soutien médical ;
- soutien munitions ;
- soutien pétrolier ;
- soutien au stationnement.
La fonction "soutien administratif militaire", qui est parfois distinguée de la fonction logistique, comprend elle-même trois sous-fonctions :
- soutien administratif ;
- soutien financier ;
- soutien juridique.
Les spécialités d'appui sont elles-mêmes divisées en de nombreuses branches. Par exemple, pour l'artillerie, il y a la sol-sol, la sol-air, l'observation dans la profondeur ; pour le génie, l'appui à la contre-mobilité, l'appui à la mobilité ; etc, etc.
Il est évident que lorsqu'on dit que pour un "combattant", il y a dix à douze membres des forces armées qui produisent une activité d'appui et de soutien, cela incorpore donc l'artilleur, le sapeur, le tringlot et le circulateur, le maintenancier, le transmetteur, le commissaire, le médecin, l'officier communication, etc. Et pas le seul "logisticien".
Si on rentre trop dans le détail, c'est absolument insoluble. Prenons le cas d'une compagnie d'infanterie. Elle est organisée en quatre sections de combat et une section de commandement et de logistique.
Tous sont des fantassins, formés au "0/0" (au combat débarqué), mais certains occupent une fonction partiellement logistique (l'adjudant d'unité, chef de la section de commandement et de logistique, est de ce fait le "patron" du train de combat de la compagnie, chargé avec ses subordonnés de la distribution des approvisionnements aux sections et de l'évacuation des matériels endommagés). Dans cette section, il y a le "groupe d'échelon" de la compagnie, en d'autres termes... le secrétariat du capitaine. Elle comprend aussi le "sous-officier en charge des matériels de l'unité élémentaire", le ou les fourriers, etc, etc.
La section comprend elle-même des soldats plus spécifiquement dédiés à la bonne marche de l'unité : le sous-officier adjoint et son équipe sont ainsi dédiés, entre autres nombreuses tâches, au contrôle des actes d'entretien des véhicules, au suivi des potentiels des véhicules, etc. Le radio du chef de section est-il un "combattant" ou un "transmetteur", donc membre d'un appui et de ce fait "non-combattant" ?
Donc, sur 174 membres théoriques, la compagnie d'infanterie ne comprend pas 174 "combattants" ? Eh bien en ce qui me concerne, si, parce que certains ont une double ou une triple fonction (le secrétaire du capitaine peut aussi être le pilote de son véhicule blindé de commandement, par exemple ; le radio du chef de section peut aussi être l'opérateur du canon de son véhicule blindé). Et surtout, faites attention, si vous dites à un adjudant d'unité blanchi sous le harnais dans la "biffe" qu'il n'est pas un combattant, il risque de s'énerver très fort.
Donc, si on veut faire un décompte un tant soit peu exact mais rationnel, il faut prendre une unité tactique de base (section/peloton, compagnie/escadron, bataillon au maximum) et considérer que l'intégralité de son effectif est "combattant". Les effectifs qui fournissent l'autre volet du ratio "combattant"/"non combattant" sont ceux appartenant aux unités d'appui ou de soutien (batterie d'artillerie, compagnie du génie, bataillon logistique, compagnie de transmissions, hôpital médico-chirurgical ou antenne chirurgicale aéroportée, etc, etc).
Je considère de toute manière cette distinction très spécieuse, puisque aujourd'hui, la guerre asymétrique générant des espaces lacunaires, la zone de contact est étendue à l'ensemble du théâtre d'opérations quand elle était censée être limitée à l'"avant" auparavant. Tout soldat présent sur un théâtre d'opérations est donc un "combattant", même s'il appartient à une spécialité d'appui ou de soutien, même s'il est prioritairement occupé à des tâches d'appui et de soutien, et même si cela ne change pas le fait que le redoutable privilège du "contact" - l'engagement de l'ennemi dans une action de combat - reste majoritairement réservé aux fonctions... "de contact" - et c'est heureux, ils sont formés pour ça.
Loïc a écrit :
sur les Grandes Unités de son Corps de Bataille sont envoyées au Vietnam
la 1ére Division de Cavalerie
ses 2 Divisions Aéroportées
la moitié de ses Divisions d'Infanterie (5 et partiellement une autre)
contre, restées aux Etats-Unis, Allemagne, Corée du Sud : 4 Divisions Blindées et l'autre moitié de ses DI
Sans oublier la 173rd Airborne Brigade (qui en 1965 est la seule réserve stratégique du CINCPAC), les 196th et 199th Light Infantry Brigades indépendantes, la Task Force "Oregon"/23rd Infantry Division "Americal" (dont une compagnie s'illustrera tristement à My Lai début 1968), les 1st, 3rd et 5th Marine Divisions...
Ce qui fait plus de grandes unités que ça. A un moment ou un autre :
- 1st Cavalry Division (airmobile) ;
- 82nd et 101st Airborne Divisions ;
- 1st, 4th, 9th, 23rd "Americal" et 25th Infantry Divisions ;
- 173rd Airborne Brigade ;
- 196th et 199th Light Infantry Brigades ;
- 11th Armored Cavalry Regiment ;
- 1st, 3rd et 5th Marine Divisions.
Je compte onze divisions et au moins trois brigades indépendantes. Et j'en ai sans doute oublié.
CNE EMB