Pierma a écrit :
... C'est moins simpliste que ce que j'imaginais.
C'est justement votre post, loin d'être "simpliste" qui fait s'interpeler. Volonté ? Volonté du désespoir ? Acte d'un désespéré ?
Une chose est sure, ceci ne peut être accolé systématiquement à un "dépressif". Si tous arrivaient au suicide, ceci se saurait.
Jean R a écrit :
Justement, la question n'a-t-elle pas été posée un peu trop simplement, ou trop vaguement ? C'est une chose de dire que Napoléon a connu des épisodes dépressifs (qui n'en a pas ?). C'en est une autre de suggérer, supposer, voire soutenir, qu'il était globalement plus dépressif que la moyenne. C'en est encore une d'avancer que c'est un ressort majeur de sa carrière.
Vous évoquez le sujet ? Non, la question est posée, il faut s'ouvrir à tout pour y répondre grandement aidés en ceci par Cyril.
Tout le monde en effet a des "hauts et des bas" (dixit Mme Chirac mère : "... reprise les hautes, méprise les bas...") mais il faut savoir faire la différence entre un coup de blues, une déprime, une fatigue due à un changement (surcroit de travail, changement dans l'entourage -deuil, nouveau chef de service etc. donc deuil de l'ancien et, parfois il faut trouver une nouvelle manière de travailler, ce qui crée une déstabilisation-, déménagements, arrivée d'un enfant etc.) d'où souvent une réaction que l'on retrouve chez les personnes ayant touché la dépression : une tendance à suivre des "rites" (prendre la même route, s'arrêter au même endroit, éprouver de la difficulté à de petits changements dans leur intérieur etc.) ceci est souvent pris par l'entourage comme une agression car la personne ne peut argumenter le "pourquoi", elle ne sait que dire : "je ne veux pas que l'on change...".
Le mot est posé : le plus petit changement crée une déstabilisation et la personne éprouve une difficulté sans pouvoir mettre un nom là-dessus -ce qui entraîne un surcroit d'angoisse- mais elle constate que les mêmes choses entraînent ce même "mal" intérieur. On peut prendre ces "rites" pour des TOC. C'est en effet parfois ceci.
Citer :
Ayant cru comprendre que la dépression est fondamentalement une panne d'énergie psychique,
La panne d'énergie psychique arrive après et reste sur un plus ou moins long temps.
Par exemple, un antidépresseur ne ramène personne au stade antérieur, il ne guérit pas : il empêche de tomber plus bas. Il ne faut donc pas attendre de cette médication des miracles. C'est pour ceci que de nos jours on peut voir des personnes sous antidépresseurs jusqu'à leur fin sans pour autant être revenue à leur état "d'avant".
Bien souvent l'honnêteté est d'annoncer à l'entourage qu'il y a un "avant" et un "après" dans une dépression. Sinon nous sommes dans la déprime.
Citer :
on devrait le retrouver pour d'autres. Je n'en ai pas entendu parler, alors que pour l'épilepsie les exemples abondent.
Que penser de Louis IX, Louis XI, Louis XIII, Louis XV ? On peut noter qu'à certains moments, ils décrochent franchement et s'orientent vers des chemins pour le moins "étranges" vu leur statut.
Il faut aussi évoquer le fardeau du pouvoir qui devient plus lourd alors que l'individu vieillit, l'entourage, le terrain, un chemin qui tient de l'invincibilité au point de s'en croire et soudain, la chute, le "hic" : comment réagir à ceci ? Ceci tient de l'incroyable stricto sensu, ceci ne peut se répéter et tel un joueur on remet la mise et... soit on rechute un peu plus bas, soit ça passe mais psychiquement, ce sera un pallier. Le psychisme a été fragilisé et apparait alors le lot de doutes, d'essais, la concentration est difficile, le rapport au temps biaisé et source d'angoisse, la tendance à exacerber les pistes à fins négatives prend le dessus, on se sent "perdu" ou alors ce peut être exagérément du contraire et là, pour le coup, toute décision tient de la roulette.
Est-ce donc ceci qui ferait dire que Napoléon était "joueur" ? A ce stade de pouvoir, peut-on se montrer joueur, perdre et passer ? Je ne crois pas...
Vous évoquiez l'épilepsie. Souvent les épilepsies idiopathiques (le plus grand nombre) s'arrêtent lors d'une dépression et pourtant l'une est "mécanique" et l'autre soignée en psychiatrie. On peut comprendre, le psychiatre va prescrire des anxiolytiques qui vont bloquer la source de la crise d'épilepsie bien souvent un effet "cocotte minute" ou l'angoisse est un déclencheur. C'est pour ceci que de nos jours l'épilepsie est soignée avec des anti-épileptiques associés à des anxiolytiques.
Le corps est une machine formidable mais il faut savoir ménager le moteur le plus important : le "cerveau" et entendre par là, le psychisme. Un coeur qui fonctionne impeccablement c'est bien mais ceci ne sert à rien si là-haut, ça ne va pas ou ça ne va plus.