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Vous nous citez le Portugal et moi, je vous renvoie à tous les cas où l'absence de contrôle des loyers conduit, soit à la même situation,
J'ai dû rater un épisode, je ne retrouve pas cette mention.
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soit au problème qui fait qu'une partie de la population se retrouve exclue du marché de l'immobilier. Les exemples historiques abondent. On peut parler des favelas brésiliennes, des bidonvilles de la IVème République qui ne furent éradiqués que sous la présidence de De Gaulle avec des politiques assez contraignantes d'aménagement du territoire. Sans citer de cas actuels, les exemples historiques ne manquent pas.
L'assomption de départ légitimant le choix d'opter pour un contrôle des loyers est qu'il y a un phénomène de market failure, c'est à dire que malgré une demande importante et financièrement viable, l'offre n'augmente pas. Pour démontrer la nécessité du contrôle des loyers, il faut démontrer que la production ne répond pas à la demande. Etait-ce le cas après-guerre en France? Et si oui dans quelle mesure l'Etat en était-il responsable (ce qui voudrait dire que le contrôle des loyers est simplement en place pour réparer les effets négatifs non pas du marché mais de l'intervention étatique en amont)?
Je vois une possibilité. C'est qu'après-guerre, les politiques ont arbitré contre la consommation des ménages (intérieure) et en faveur de la consommation publique (d'Etat) et de l'exportation. L'inflation était déjà rampante, il fallait brider la consommation à tout prix, mettre des bâtons dans les roues des constructions était une possibilité. En contre partie, il fallait éviter que la limitation de l'offre ne fasse exploser les prix, d'où le contrôle des loyer. En parallèle se développe une offre de marché noir, évitant les limites posées par l'Etat, les bidonvilles.
Je connais moins bien le cas des favelas, mais je pense qu'il y a quelque chose de commun ici puisqu'elles ont tendance à se développer sur des terrains inconstructibles.
Ce n'est qu'une hypothèse, mais si vous n'êtes pas d'accord, il faudra me dire pourquoi dans ces cas là l'offre n'a pas suivit la demande.
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On en revient toujours au même point, se cela a été tellement terrible que l'on instaure des contrôles des loyers, pourquoi c'est une solution qui s'est imposée à de nombreuses reprises tout au long des diverses périodes historiques ? Pourquoi des gouvernements, parfois par ailleurs très libéraux; se sont crus obligés de mettre en place de telles politiques.
La guerre est aussi une politique dont le caractère négatif a été amplement démontrer, ça ne nous empêche pas de bombarder tout le monde à tout va!
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D'accord, c'est souvent sous la pression de leur base militante. Donc, c'est qu'il y a un réel problème à ne pas encadrer les loyers dans certains cas. Ce qui explique que l'on n'a pas mis en place de telles politiques partout. Et souvent on voit que là où cela s'impose c'est lorsque la place pour l(habitat est limitée et que trop de monde vit dans un trop petit espace. Et d'ailleurs, c'est le problème de plusieurs villes portugaises. Du coup, est-ce qu'on en serait pas en train de confondre la cause avec la conséquence ?
Je dois admettre que je ne suis plus trop là.
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Plusieurs villes américaines ont imposé, à des périodes historiques, des politiques de contrôle des loyers. Alors que chez eux la place semble infiniment disponible. Or, ce n'est pas toujours vrai au niveau local. Dès que les conditions locales changent, par exemple que la population s'en va ailleurs car l'emploi local n'est plus garanti, les loyers s'écroulent et il n'est plus nécessaire de les contrôler. Du coup, ces lois tombent en désuétude et elles sont abrogées. Car en fait, il en est des lois comme de tout ce que produisent les humains, des" marchés" se mettent en place.
A New York, les lois de rent control sont toujours alive and well et affecte prodigieusement le développement urbain (empêchant par exemple la construction de nouveaux appartements dans le Lower Manhattan, ce qui a pour effet de limiter l'offre et donc d'augmenter les prix down town, et donc de pousser un nombre important de New Yorkais à aller habiter dans elles autres boroughs ou dans le New Jersey (yikes)).
C'est là l'un des gros problèmes du contrôle des loyers, en interdisant l'expression normal des signaux de prix, elle limite l'efficacité du marché. Dans le cas de New York, on peut estimer qu'il y a une sous-production de logement à Manhattan et une sur-production dans le New Jersey. Si c'est pour faire face à une petite crise passagère, à la limite pourquoi pas, mais à moyen terme ça fout le boxon dans le marché de l'immobilier, sans compter tous les voyages en plus que cela implique et la perte d'"utilité" que ça implique. Au final, les conséquences du rent contrôle sont donc socialement assez clairement négative.
On voit d'ailleurs l'un des effets pervers du rent control. Ceux qui en bénéficient reste à Manhattan alors que ce qui n'en bénéficient pas sont obligé de quitter l'île. Mais qui vote pour le maire? Il y a une sorte de sélection par le contrôle des loyer qui n'est pas excessivement démocratique.
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Vous restez bloqué sur le problème politique.
En même temps c'est un peu normal, c'est une décision politique non?
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On trouve assez facilement des articles sur Galica où des industriels militent pour l'instauration de loyers contrôlés. Dans une ville comme Mulhouse, qui sous le Second Empire a été un des centre industriels de la France, ces industriels iront jusqu'à bâtir une cité ouvrière pour que leurs ouvriers puissent avoir un logement à loyer modéré le plus prêt possible des usines. Avant cela, de nombreux ouvriers venaient des villages avoisinants et devaient faire plus d'une dizaine de kilomètres au petit matin avant de venir travailler (et idem le soit pour retourner dans leurs foyers). Ces gens-là n'agissaient pas par bonté d'âme (enfin, certains si, car ils pesaient qu'il était de leurs devoirs de protestants d'améliorer les conditions de vie de leurs ouvriers). Mais, ils l'ont fait essentiellement car en rapprochant leurs ouvriers ils permettaient à ceux-ci de plus se reposer et la productivité s'en ressentait. La ville "historique" de Mulhouse n'avait pas la surface d’accueillir ces milliers d'ouvriers et les loyers s'en faisaient sentir. Le fait d'aménager le territoire en construisant ces cités ouvrières à fait chuter les loyers (la loi de l'offre et de la demande ...), a permit une augmentation de la productivité et une baisse des prix des produits. Ce qui a augmenté l'attractivité de l'industrie mulhousienne.
Heu... je crois que là vous m'offrez un argument sur un plateau.
Vous avez des gens (les patrons et les ouvriers) qui se dépatouillent entre eux pour régler leurs petites affaires sans avoir besoin de l'Etat pour créer des logement à loyers modérés. Nous sommes sans doute dans des situations où les usines étaient relativement isolées et donc où le marché du logement n'était pas assez profond pour générer une offre suffisante. Construire un immeuble pour y loger ses ouvriers à côté de l'usine, c'est une décision microscopique, au niveau des individus, rien à voir avec les lois massives passés pour des nations ou des métropoles entières. Ce n'est peu être pas un fonctionnement du marché pur, mais ce n'en est tout de même pas loin