À propos non du personnage de Siegfrid mais et la musique de Wagner , je vous suggère de lire cette étude :
http://www.espritsnomades.com/siteclass ... neree.htmlUn extrait qui décrit bien l'esthétique nationale socialiste en musique et fait un lien avec le romantisme et la philosophie du XIXe siècle.
* la montée de l’obscur, de la mythologie du Moyen Âge, du développement du moi. Cette plongée vers l'obscur va favorisert "le sommeil de la raison" et la fascination des fantômes, la présence continue de la mort.
* le romantisme et les mythes populaires, contes et légendes. La nuit est omniprésente, la nostalgie et la perte de sa patrie sont au centre des motifs.
La notion du sang et de la race glanée dans la mythologie du Nord avec la « pureté » du fol, de l'innocent, face aux intrigues de l’intellectuel est bien postérieure au début du romantisme, porté vers l'exil, la nostalgie, l'errance.
A ce premier romantisme va succéder une autre version, tirant ses sources à la fois de Nietzsche et des penseurs nationalistes allemands. Alors se développe:
* le surhomme face au reste du monde.
* le pouvoir prométhéen de la musique.
* l’impérialisme de l’orchestre qui écrase les autres formes de musique comme la musique de chambre.
* la toute puissance de Wagner sur la musique allemande reléguant le grand Brahms aux initiés. Wagner se voulait autant philosophe que musicien : le wagnérisme se veut un art total, écrasant, et va servir de vivier pour les nazis. Ainsi « Nacht und Nebel » tiré de l’or du Rhin, qui ensuite est devenu le nom de code d’un ordre célèbre organisant les premières déportations. Dès Le 7 décembre 1941, Hitler avait publié le décret Nacht und Nebel en référence à son idole.
Il y a un mélange qui associe, au sein du wagnérisme, la pensée hellénique à la pensée romantique et qui prépare aussi le terrain au nazisme : le thème de la dégénérescence y tient une place essentielle, l’anéantissement voulu, le héros pur, la ploutocratie de l’or, l'exalatation du paganisme et de la nature.
* la philosophie allemande faite de noirceur et de désespoir et qui trouvera dans le nazi Heidegger son apogée avec sa théorie des êtres faits pour la mort : la théorie du déclin ; l’appel du gouffre ; le surhomme ; la fascination du bûcher final ; Schopenhauer et son désespoir; Nietzsche et son sombre savoir…
On est passé de la quête mystique de la fleur bleue chère à Novalis, à l'exaltation morbide et aspirant au néant, une aspiration à un chaos rédempteur qui va faire le lit du nazisme.
La musique cristallise, dès le milieu du XIXe siècle donc avec Wagner, deux aspects essentiels de l’idéologie allemande, le nationalisme et l’antisémitisme, avec les corporations des Maîtres Chanteurs, l'apocalypse du cycle « L’Anneau du Nibelung » avec la mise en avant du héros pur et aryen, les odieux personnages comme Mime en qui on doit reconnaître le juif traître, et aussi la malédiction de l'or.
L’ouverture de Rienzi est l’hymne officiel des cérémonies du parti, Les maîtres Chanteurs de Nuremberg l’opéra culte.
Mais ce n'est pas l'univers du Nord, du Kalevala finlandais, et on est encore éloigné des mythes aryens que vont injecter les nazis.