En brossant à grands traits, on peut garder deux approches principales, du moins en France :
- L'école "jacobine" ou "classique" trouve son identité avec Aulard et Mathiez (l'un dantoniste, l'autre robespierriste) au début du siècle dernier. L'école est encore très vive, avec la Société des études robespierristes, l'IHRF de la Sorbonne et la revue Annales d'histoire de la Révolution française. Certains historiens jacobins ont pu être marxistes, mais ce n'est pas une fatalité. Ils sont de gauche, tout de même, pour la plupart. Peut-être même tous, d'ailleurs. Ils proposent plutôt une lecture sociale de la RF, mais leurs objets sont d'une extrême variété. Pour ces historiens, en général, les Jacobins sont très sympathiques.
- L'école "libérale", qui apparaît avec le livre-brûlot de Furet et Richet en 1965. Ils s'en prennent alors à l'école "classique", dont les maitres règnent du haut de leur chaire de la Sorbonne. Pour faire simple, Furet et Richet pensent que la RF a dérapé en 1791 et qu'on a manqué la possibilité d'un compromis - donc d'une monarchie constitutionnelle. Furet reviendra sur ses positions quelques années plus tard, sans les renier, mais en acceptant le fait que, peut-être, la terreur était inscrite dans la révolution depuis les premiers jours, et qu'on ne fait finalement pas d'omelette dans casser d'œufs. Mais bon, chez les libéraux, les Jacobins, en général, ce sont des salopards et la "terreur", ce n'est pas bien du tout. La rivalité entre Soboul et Furet est encore plus violente que celle qui opposait Aulard et Mathiez au début du siècle, c'est dire.
Après, vous avez d'autres "écoles", qui, ayant eu à mener moins de guerres, sont forcément moins honorables, mais ont orienté la recherche historique sur des chantiers très riches : c'est le cas des thèses atlantiques, qui intègrent la RF dans un contexte large, avec les révolutions batave et américaines (Jacques Godechot). Les historiens jacobins ont parfois critiqué ces thèses atlantiques, mettant en avant les spécificités de la RF, mais les apports de l'école atlantique n'en ont pas moins été très importants.
Vous avez aussi tous les historiens contre-révolutionnaires qui font régulièrement parler d'eux. Vous en trouverez une bonne partie dans les pages du Livre noir de la Révolution française, qui fera vibrer n'importe quelle bonne fibre catholique.
Et puis tous ceux qui ne peuvent être placés dans une école. Ce qui fait tout de même pas mal de monde.
Bref, "Jacobins" (ou "classiques") versus "Libéraux" et vous pouvez déjà comprendre pourquoi Soboul jouait tous les soirs aux fléchettes sur un portrait de Furet accroché au mur de sa chambre.
Ps - Quand aux "atlantes", ils auraient disparu au milieu de l'océan atlantique, au-delà les colonnes d'Hercule, bien avant l'avènement de l'Athènes classique, selon Platon.
_________________ "Le génie mériterait les chaînes s'il favorisait les crimes des tyrans"
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