Jerôme a écrit :
Je remercie Pierma en particulier pour la référence à la victoire de 1945 mais J'exprimerais deux réserves. Pensaient ils vraiment que le peuple soviétique était heureux ? Et même s'il l'était la doctrine marxiste, même dans sa variante léniniste,fondée sur l'exaltation des masses et encore plus du Parti, n'était guère compatible avec l'admiration illimitée pour un homme seul !
Staline en est parfaitement conscient, sa lettre diffusée en 1938 en réaction à un livre sur son enfance est très claire:
"L'important réside dans le fait que le livre a tendance à graver dans l'esprit des enfants soviétiques (et des gens en général), le culte de la personnalité des dirigeants, des héros infaillibles. Ceci est dangereux et nuisible. La théorie des «héros» et de la «foule» est pas bolchevique, mais sociale-révolutionnaire. Les héros font le peuple, ils transforment la foule en peuple, disent les socialistes-révolutionnaires. Le peuple fait les héros, répondent les bolcheviques aux socialistes-révolutionnaires. Le livre porte l'eau au moulin des socialistes-révolutionnaires."
Staline est au départ plutôt réticent et il y a plusieurs exemples de la distance parfois ironique qu'il prend par rapport à son culte. Mais il faut comprendre que ce culte s'inscrit dans un contexte plus large celui de la "cultisation", de l'"héroïsation" des "constructeurs du socialisme". On créé dans les années 30 les titres de héros de l'Union Soviétique (militaire) et héros du travail socialiste (le premier à le recevoir est Staline), mais l'habitude d'élever des bustes aux travailleurs de choc existe déjà avant. Le mineur Stakhanov a droit à un "culte" et son nom inaugure une campagne d'émulation. Les stakhanovistes™ font l'objet d'articles, de chansons, de films. Les grandes parades sont l'occasion de déployer des portraits parfois géants, non seulement de Staline mais de tous les dirigeants, aviateurs et autres
udarnik.
Après la guerre, le culte de Staline prend un caractère un peu différent et il devient plus exclusif, mais une fois de plus, cela semble plus le fait de l'agitprop qu'une volonté particulière de Staline.