Bonjour,
Barbetorte a écrit :
... Sous Louis XIV, les prêtres officiant à Versailles ont fait tout leur possible pour que le roi rompe avec leurs maîtresses. Ils n’y sont pas parvenus. Ce n’était pas tolérance de leur part mais tout simplement impuissance.
Il reste le Pape : l'Interdit n'était plus de mise ? Il a servi un temps (je songe à Philippe II et Agnès de Méranie, il doit y avoir d'autres exemples). Les souverains ne pouvaient avoir les derniers sacrements qu'une fois la/les favorites éloignées. Ce style de mesure n'est en rien disuasif une fois le souverain remis, Versailles en voit le retour.
Rome ne semble plus avoir le même impact depuis la Réforme. Il faut faire sans doute avec les rois catholiques restant pour la contre-réforme aussi vaut-il mieux se montrer "tolérant".
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Au départ, c’est indéniable. Mais s’il n’y avait rien d’autre, pourquoi ne pas avoir logé Jeanne Bécu au Parc aux Cerfs comme les précédentes ? Réellement amoureux...
Le Parc aux Cerfs était-il toujours existant ? Mais je pense en effet que le roi dont l'humeur était toujours à entretenir et source de tracas avait trouvé avec cette femme un équilibre. De plus, il pouvait demander à cette partenaire ce qu'il n'aurait pu à une "maîtresse de qualité" dans l'intimité, toute la Cour savait que Jeanne Bécu "... avait rôti le balais..." avant de connaître le monarque et pas dans les hautes sphères.
J'entends votre explication quant à l'extraction de Mme du Barry mais je suis aussi sur la même ligne que Pierma, Louis XIV dans ses ébats reste le roi, Louis XV : c'est autre chose et chacun se souvient de la fameuse apostrophe de Mme du Barry face au retard de son royal amant lors du café à deux : "... La France ! Ton café fout le camp...". Réel ou non, ceci montre tout de même que "formatée" par des "pointures" dûment remerciées, Mme du Barry gardait son franc parler. Il en sera de même quand à son insistance pour que la dauphine lui adresse la parole et là encore, le roi cèdera avec tout un cercle d'intermédiaires.
Comme vous le faites remarquer, Louis XIV ne fut pas en reste en épousant la veuve Scarron, gouvernante de ses enfants illégitimes et soudainement confite en dévotion. Le travestissement est bien plus choquant à mon avis mais songerait-on à dire à ce moment que "... le roi s'abaisse autant qu'il l'élève..." ; il semble que non. Pourquoi ?
Les temps ont changé ? Si Louis XIV a mis fin au Jansénisme, Louis XV refoulera les Jésuites (bannière de la contre-réforme outre-Rhin et ailleurs) ; l'Eglise se range-t-elle aux côtés des pamphlétaires voire les encourage ainsi qu'une partie de la Cour pour qui Mme du Barry est la goutte d'eau qui fait déborder le vase...
Versailles est-il soumis à la même pesante étiquette que sous le roi-soleil ? Il semblerait que non, Louis XV préférant l'intimité des petits soupers. Tout ceci doit faire autant de pensions et de titres en moins et bien des mécontents.
Si Montesquieu évoque le gouvernement du roi dans le respect des lois établies, je ne pense pas qu'il songe à l'arrière cuisine mais entend par là les pouvoirs.
Ce que vous nommez "lois établies" m'apparaissent comme étiquette et bon vouloir.
J'ouvre mon XVIIème et tombe sur Fénelon et son traité d'éducation royale. On peut noter : "... le roi doit se soumettre aux lois et associer la nation à son autorité..." ; il se montre le précurseur de Montesquieu et n'hésite pas à mettre en cause l'absolutisme. Il faut donc prendre là le mot "loi" stricto sensu et non pas un ballet décrété par tel ou tel souverain autour de sa personne (Cf. : les remontrances de Bossuet à cet égard).
Est honnorable qui est distingué par le roi et ceci est justement le terreau qui aboutira à l'exaspération du peuple et de l'aristocratie pour des raisons différentes. En lisant "Le métier de roi" de Fénelon, politique et moraliste, sont évoqués les rapports du souverain à ses sujets sans distinction pour les ordres, j'y verrais même une plus large place pour le peuple, relayé en ceci par Bossuet ("Riches, portez le fardeau du pauvre" et "Vanité de l'ambition").
Il existe déjà un courant "libertin" qui tend à se libérer des religions pour donner à l'existence humaine un sens uniquement terrestre. Combattu par Richelieu, il retrouve son audace en 1643 et 1653 surtout à la faveur de la Fronde. Cet esprit s'affirmera avec une vigueur accrue à partir de 1680.
"L'honneur" que vous évoquez tient plus de la vanité et de la position. Cette vision de "l'honneur" ne serait-elle pas dépassée ?
Ne faut-il pas voir déjà, une majesté en perte de vitesse et des attaques qui veulent toucher et le roi en tant que symbole et pour certains l'homme qui n'entretient plus une Cour de parasites dont la génération précédente s'est ruinée en courtisannerie et la génération suivante bien en peine de vivre à la Cour, le faste n'étant plus trop ce qu'il avait été.
Il semble que le pouvoir effectif est déjà à Paris, dans les mains de ces pamphlétaires qui à ce moment libellent sur les favorites avant de se faire les crocs sur les souverains (Affaire du collier de la Reine).
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A terme, ne détenant plus une autorité allant de soi, le roi doit soit l’assoir par la force, le régime glissant alors vers le despotisme, soit céder de plus en plus aux pressions venant de tous côtés.
Si je suis votre conclusion, je n'en comprends pas le prémisse. Où donc apparait le despotisme sous Louis XV ? Une comparaison entre le règne du trisaïeul et d'un souverain assez laxiste me ferait choisir Louis XIV comme l'exemple même du despote sans l'éclairage.
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Dans les deux cas le régime est à terme compromis.
Je suis d'accord mais avec son fameux testament (bien conscient de ce qu'il en adviendrait mais voulant une paix avec son épouse qui avait en détestation Philippe d'Orléans), Louis XIV a lui-même abaissé la fonction, politiquement parlant. Pour faire casser ce testament, Orléans redonnera le droit de remontrance qui sera grandement optimisé.
Ne pensez-vous pas que peut-être les temps ont changé et que les "péchés de roi" sont élevé à politique sans vouloir encore l'avouer ?