Pierma a écrit :
Aigle a écrit :
un complement un peu curieux. Tous les Juifs de France ne furent pas soumis au "décret infâme" du 17 mars 1808. Les Juifs "assimilés" furent exemptés des mesures restrictives.
J'ai écrit 1 an pour l'interdiction de payer un remplaçant, en réalité ce décret est resté en vigueur - là où il était appliqué - jusqu'en 1818.
Ledit décret prévoyait en effet une durée d’exécution de dix ans :
« Art .18. Les dispositions contenues au présent décret auront leur exécution pendant dix ans, espérant: qu'à l'expiration de ce délai, et par l'effet des diverses mesures prises à l'égard des juifs, il n'y aura plus aucune différence entr'eux et les autres citoyens de notre Empire; sauf néanmoins, si notre espérance était trompée, à en proroger l’exécution, pour tel temps qu'il sera jugé convenable. »
Il convient cependant de préciser qu’à partir du 9 juillet 1812, l’interdiction fut levée de manière générale (elle l'était dans près d'une vingtaine de départements) à condition que le remplaçant d’un Juif soit également juif.
Pierma a écrit :
Aussi restrictif que soit le statut accordé par Napoléon, la reconnaissance assumée de la citoyenneté pour les Juifs et surtout la création du Grand Sanhédrin ont provoqué un tollé dans plusieurs pays européens, la Russie taxant même Napoléon "d'Antéchrist."
On peut citer à ce sujet la proclamation du Saint-Synode de Moscou qui fut lue dans toute les églises de l'Empire :
"Pour achever d'avilir l'Eglise, Napoléon convoqua en France les synagogues judaïques, rendit aux rabbins leur dignité et fonda un nouveau Grand Sanhédrin hébreu, le même infâme tribunal qui jadis osa condamner à la croix Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Et maintenant il ose penser à réunir tous les Juifs que la colère de Dieu avait dispersés sur la face du monde et à les lancer tous à la destruction de l'Eglise du Christ, pour, ô audace indicible dépassant tous les forfaits, qu'ils proclament le Messie dans la personne de Napoléon."
Ou encore ce qu’on pouvait lire dans L'Ambigu, à Londres :
"A-t-il la prétention de se faire passer et reconnaître par [les juifs] pour le Messie qu'ils attendent depuis si longtemps ? C'est ce que le temps nous développera. Il ne nous reste qu'à voir cet Antéchrist lutter contre les décrets éternels de la Divinité : ce doit être le dernier acte de son existence diabolique."
Jean R a écrit :
Léon Poliakov cite un article d'un journal autrichien insinuant que Napoléon lui-même était juif : "[Soit que sa famille] fût issue de race juive [soit que] sa joyeuse mère, Laetitia Fesch, lui ait donné le jour, après avoir exercé à Ajaccio, à l’égard de quelques descendants d’Israël, la même hospitalité que Rahab, à Jéricho, envers les espions de Josué".
D’autres bêtises distillées à dessein :
"Joseph entreprend la généalogie de la famille et, par l'intermédiaire d'un archiviste de Sarzane, en Toscane, découvre qu'elle descend en ligne directe d'un Francesco Buonaparte, dit au XVIe siècle "le Maure" ou "le Maure de Sarzane". Ce Buonaparte-là, mercenaire à Ajaccio, était au service de la république de Gênes, dont on sait que les Africains y étaient appréciés. Un Maure, autrement dit : un Africain !
[...]
Derrière toute frénésie raciste, il y a toujours un secret de famille non assumé, des origines incertaines à faire oublier."
(Ribbe, Le crime de Napoléon)
Sur les origines abracadabrantesques de Napoléon :
« La conversation a conduit aujourd'hui à traiter le Masque de Fer. On a passé en revue ce qui a été dit par Voltaire, Dutens, etc., et ce que l'on trouve dans les Mémoires de Richelieu ; ceux-ci le font, comme l'on sait, frère jumeau de Louis XIV et son aîné. Or, quelqu'un a ajouté que, travaillant à des cartes généalogiques, on était venu lui démontrer sérieusement que lui, Napoléon, était le descendant linéal de ce Masque de Fer, et par conséquent l'héritier légitime de Louis XIII et de Henri IV, de préférence à Louis XIV, et à tout ce qui en était sorti. L'Empereur de son côté a dit en avoir, en effet, entendu quelque chose, et il a ajouté que la crédulité des hommes est telle, leur amour du merveilleux si fort, qu'il n'eût pas été difficile d'établir quelque chose de la sorte pour la multitude, et qu'on n'eût pas manqué de trouver certaines personnes dans le Sénat pour le sanctionner, et probablement celles-là mêmes qui plus tard se sont empressées de le dégrader sitôt qu'elles l'ont vu dans l'adversité.
Je suis passé alors à développer les bases et la marche de cette fable. Le gouverneur des îles Sainte-Marguerite, disait-on, auquel la garde du Masque de Fer était alors confiée, se nommait M. de Bonpart, circonstance au fait déjà fort singulière. Celui-ci, assurait-on, ne demeura pas étranger aux destinées de son prisonnier. Il avait une fille ; les jeunes gens se virent, ils s'aimèrent. Le gouverneur en donna connaissance à la cour ; on y décida qu'il n'y avait pas grand inconvénient à laisser cet infortuné chercher dans l'amour un adoucissement à ses malheurs, et M. de Bonpart les maria.
Celui qui parlait en ce moment disait que quand on lui raconta la chose, qui l'avait fort amusé, il lui était arrivé de dire qu'il la trouvait très ingénieuse, sur quoi le narrateur s'était fâché tout rouge, prétendant que ce mariage pouvait se vérifier aisément sur les registres d'une des paroisses de Marseille qu'il cita, et qui en attestait, disait-il, toutes les traces. Il ajoutait que les enfants qui naquirent de ce mariage furent clandestinement ou sans bruit écoulés vers la Corse, où la différence de langage, le hasard ou l'intention avaient transformé leur nom de Bonpart en Bonaparte et Buonaparte ; ce qui au fond présente le même sens. »
(Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)
« Croyant ennoblir leurs fonctions à la cour, certaines gens voulaient absolument donner à la famille Bonaparte une illustre origine. Pendant son ambassade à la cour d'Étrurie, Clarke avait fouillé pour cela dans toutes les archives. Des journaux publièrent, à ce sujet, certains documents vrais ou faux. Le journal officiel réprimanda vertement les auteurs officieux de cette généalogie, suivant lui aussi plate que ridicule, et ajouta : « Ces recherches sont bien puériles, et à tous ceux qui demanderaient de quel temps date la maison Bonaparte, la réponse est bien facile : elle date du 18 brumaire. Comment, dans le siècle où nous sommes, peut-on être assez ridicule pour amuser le public de pareilles balivernes? »
(Thibaudeau, Le consulat et l'empire ou histoire de Napoléon Bonaparte, de 1799 à 1815)
"Quand je dus me marier avec Marie-Louise, l'Empereur m'envoya une caisse de papiers qui me faisaient descendre des ducs de Florence, je me mis à en rire et dis à Metternich : "Croyez-vous que j'irai m'occuper de ces bêtises ? En admettant que le fait soit vrai, qu'est-ce que cela me ferait ? Les ducs de Florence étaient inférieurs aux empereurs d'Allemagne : je ne veux pas me mettre au-dessous de mon beau-père. Je crois, pour le moins, valoir autant que lui ; d'ailleurs ma noblesse date de Montenotte, remportez ces papiers." Metternich s'en divertit beaucoup..."
(Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène)