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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 24 Avr 2016 20:36 
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Aigle a écrit :
un complement un peu curieux. Tous les Juifs de France ne furent pas soumis au "décret infâme" du 17 mars 1808. Les Juifs "assimilés" furent exemptés des mesures restrictives.

J'ai écrit 1 an pour l'interdiction de payer un remplaçant, en réalité ce décret est resté en vigueur - là où il était appliqué - jusqu'en 1818.

Aussi restrictif que soit le statut accordé par Napoléon, la reconnaissance assumée de la citoyenneté pour les Juifs et surtout la création du Grand Sanhédrin ont provoqué un tollé dans plusieurs pays européens, la Russie taxant même Napoléon "d'Antéchrist."

https://fr.wikipedia.org/wiki/Napol%C3%A9on_et_les_Juifs#Les_r.C3.A9actions_des_puissances_.C3.A9trang.C3.A8res

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 24 Avr 2016 20:41 
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Drouet Cyril a écrit :
Une carte :
[...]

Merci pour l'info.
(la rive gauche du Rhin, ça fait un peu rêver...)

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 24 Avr 2016 20:47 
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Grégoire de Tours
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Bonsoir,

Ce sujet a été abordé dans "Histoire transversale : Les préjugés antisémites" : on y retrouvera les liens avancés par Aigle.
Je crois les avoir évoqués, cependant hormis les dates, les lois et ce qui est incontournable, certaines choses semblent rendre ces liens interpellants.
Les noms seraient donc le fruit d'une germanisation et à "Benyamin" correspondrait "Wolff" ?
De plus la fin du rédactionnel du second lien est dans un style "courtisan". Par ailleurs rien de nouveau que l'on puisse trouver sur wiki.
Ces fameux liens sont-ils vraiment fiables pour tout ce qui est autre qu'indiscutable (lois, dates etc.) ?
Je n'ai pas trouvé l'auteur dans les historiens... Est-ce un travail personnel ?
C'est la fameuse transcription qui m'a fait réfléchir depuis...
Merci de votre avis.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 27 Avr 2016 12:12 
Pierma a écrit :
Aussi restrictif que soit le statut accordé par Napoléon, la reconnaissance assumée de la citoyenneté pour les Juifs et surtout la création du Grand Sanhédrin ont provoqué un tollé dans plusieurs pays européens, la Russie taxant même Napoléon "d'Antéchrist."
Léon Poliakov cite un article d'un journal autrichien insinuant que Napoléon lui-même était juif : "[Soit que sa famille] fût issue de race juive [soit que] sa joyeuse mère, Laetitia Fesch, lui ait donné le jour, après avoir exercé à Ajaccio, à l’égard de quelques descendants d’Israël, la même hospitalité que Rahab, à Jéricho, envers les espions de Josué".


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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 27 Avr 2016 14:42 
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Fustel de Coulanges
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Pierma a écrit :
Aigle a écrit :
un complement un peu curieux. Tous les Juifs de France ne furent pas soumis au "décret infâme" du 17 mars 1808. Les Juifs "assimilés" furent exemptés des mesures restrictives.

J'ai écrit 1 an pour l'interdiction de payer un remplaçant, en réalité ce décret est resté en vigueur - là où il était appliqué - jusqu'en 1818.


Ledit décret prévoyait en effet une durée d’exécution de dix ans :
« Art .18. Les dispositions contenues au présent décret auront leur exécution pendant dix ans, espérant: qu'à l'expiration de ce délai, et par l'effet des diverses mesures prises à l'égard des juifs, il n'y aura plus aucune différence entr'eux et les autres citoyens de notre Empire; sauf néanmoins, si notre espérance était trompée, à en proroger l’exécution, pour tel temps qu'il sera jugé convenable. »

Il convient cependant de préciser qu’à partir du 9 juillet 1812, l’interdiction fut levée de manière générale (elle l'était dans près d'une vingtaine de départements) à condition que le remplaçant d’un Juif soit également juif.

Pierma a écrit :
Aussi restrictif que soit le statut accordé par Napoléon, la reconnaissance assumée de la citoyenneté pour les Juifs et surtout la création du Grand Sanhédrin ont provoqué un tollé dans plusieurs pays européens, la Russie taxant même Napoléon "d'Antéchrist."


On peut citer à ce sujet la proclamation du Saint-Synode de Moscou qui fut lue dans toute les églises de l'Empire :
"Pour achever d'avilir l'Eglise, Napoléon convoqua en France les synagogues judaïques, rendit aux rabbins leur dignité et fonda un nouveau Grand Sanhédrin hébreu, le même infâme tribunal qui jadis osa condamner à la croix Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Et maintenant il ose penser à réunir tous les Juifs que la colère de Dieu avait dispersés sur la face du monde et à les lancer tous à la destruction de l'Eglise du Christ, pour, ô audace indicible dépassant tous les forfaits, qu'ils proclament le Messie dans la personne de Napoléon."

Ou encore ce qu’on pouvait lire dans L'Ambigu, à Londres :
"A-t-il la prétention de se faire passer et reconnaître par [les juifs] pour le Messie qu'ils attendent depuis si longtemps ? C'est ce que le temps nous développera. Il ne nous reste qu'à voir cet Antéchrist lutter contre les décrets éternels de la Divinité : ce doit être le dernier acte de son existence diabolique."


Jean R a écrit :
Léon Poliakov cite un article d'un journal autrichien insinuant que Napoléon lui-même était juif : "[Soit que sa famille] fût issue de race juive [soit que] sa joyeuse mère, Laetitia Fesch, lui ait donné le jour, après avoir exercé à Ajaccio, à l’égard de quelques descendants d’Israël, la même hospitalité que Rahab, à Jéricho, envers les espions de Josué".


D’autres bêtises distillées à dessein :
"Joseph entreprend la généalogie de la famille et, par l'intermédiaire d'un archiviste de Sarzane, en Toscane, découvre qu'elle descend en ligne directe d'un Francesco Buonaparte, dit au XVIe siècle "le Maure" ou "le Maure de Sarzane". Ce Buonaparte-là, mercenaire à Ajaccio, était au service de la république de Gênes, dont on sait que les Africains y étaient appréciés. Un Maure, autrement dit : un Africain !
[...]
Derrière toute frénésie raciste, il y a toujours un secret de famille non assumé, des origines incertaines à faire oublier."
(Ribbe, Le crime de Napoléon)


Sur les origines abracadabrantesques de Napoléon :
« La conversation a conduit aujourd'hui à traiter le Masque de Fer. On a passé en revue ce qui a été dit par Voltaire, Dutens, etc., et ce que l'on trouve dans les Mémoires de Richelieu ; ceux-ci le font, comme l'on sait, frère jumeau de Louis XIV et son aîné. Or, quelqu'un a ajouté que, travaillant à des cartes généalogiques, on était venu lui démontrer sérieusement que lui, Napoléon, était le descendant linéal de ce Masque de Fer, et par conséquent l'héritier légitime de Louis XIII et de Henri IV, de préférence à Louis XIV, et à tout ce qui en était sorti. L'Empereur de son côté a dit en avoir, en effet, entendu quelque chose, et il a ajouté que la crédulité des hommes est telle, leur amour du merveilleux si fort, qu'il n'eût pas été difficile d'établir quelque chose de la sorte pour la multitude, et qu'on n'eût pas manqué de trouver certaines personnes dans le Sénat pour le sanctionner, et probablement celles-là mêmes qui plus tard se sont empressées de le dégrader sitôt qu'elles l'ont vu dans l'adversité.
Je suis passé alors à développer les bases et la marche de cette fable. Le gouverneur des îles Sainte-Marguerite, disait-on, auquel la garde du Masque de Fer était alors confiée, se nommait M. de Bonpart, circonstance au fait déjà fort singulière. Celui-ci, assurait-on, ne demeura pas étranger aux destinées de son prisonnier. Il avait une fille ; les jeunes gens se virent, ils s'aimèrent. Le gouverneur en donna connaissance à la cour ; on y décida qu'il n'y avait pas grand inconvénient à laisser cet infortuné chercher dans l'amour un adoucissement à ses malheurs, et M. de Bonpart les maria.
Celui qui parlait en ce moment disait que quand on lui raconta la chose, qui l'avait fort amusé, il lui était arrivé de dire qu'il la trouvait très ingénieuse, sur quoi le narrateur s'était fâché tout rouge, prétendant que ce mariage pouvait se vérifier aisément sur les registres d'une des paroisses de Marseille qu'il cita, et qui en attestait, disait-il, toutes les traces. Il ajoutait que les enfants qui naquirent de ce mariage furent clandestinement ou sans bruit écoulés vers la Corse, où la différence de langage, le hasard ou l'intention avaient transformé leur nom de Bonpart en Bonaparte et Buonaparte ; ce qui au fond présente le même sens. »
(Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)

« Croyant ennoblir leurs fonctions à la cour, certaines gens voulaient absolument donner à la famille Bonaparte une illustre origine. Pendant son ambassade à la cour d'Étrurie, Clarke avait fouillé pour cela dans toutes les archives. Des journaux publièrent, à ce sujet, certains documents vrais ou faux. Le journal officiel réprimanda vertement les auteurs officieux de cette généalogie, suivant lui aussi plate que ridicule, et ajouta : « Ces recherches sont bien puériles, et à tous ceux qui demanderaient de quel temps date la maison Bonaparte, la réponse est bien facile : elle date du 18 brumaire. Comment, dans le siècle où nous sommes, peut-on être assez ridicule pour amuser le public de pareilles balivernes? »
(Thibaudeau, Le consulat et l'empire ou histoire de Napoléon Bonaparte, de 1799 à 1815)

"Quand je dus me marier avec Marie-Louise, l'Empereur m'envoya une caisse de papiers qui me faisaient descendre des ducs de Florence, je me mis à en rire et dis à Metternich : "Croyez-vous que j'irai m'occuper de ces bêtises ? En admettant que le fait soit vrai, qu'est-ce que cela me ferait ? Les ducs de Florence étaient inférieurs aux empereurs d'Allemagne : je ne veux pas me mettre au-dessous de mon beau-père. Je crois, pour le moins, valoir autant que lui ; d'ailleurs ma noblesse date de Montenotte, remportez ces papiers." Metternich s'en divertit beaucoup..."
(Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène)

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 27 Avr 2016 15:22 
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Fustel de Coulanges
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Drouet Cyril a écrit :
Pierma a écrit :
J'ai la réponse à la question : pourquoi l'Alsace ? Les Juifs d'Alsace représentaient la moitié des Juifs français. 8-|


Un peu moins : près de 34 %.


Le décret de 1806 concernait principalement les départements de la Roer, de Rhin-et-Moselle, du Mont-Tonnerre, du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle, des Vosges et de la Sarre ; soit près de 74 % de la population juive totale selon le recensement de 1808.
La Meurthe n'était pas citée, pourtant peuplée de neuf plus de Juifs que les Vosges.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 27 Avr 2016 18:26 
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Drouet Cyril a écrit :
Le décret de 1806 concernait principalement les départements de la Roer, de Rhin-et-Moselle, du Mont-Tonnerre, du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle, des Vosges et de la Sarre ; soit près de 74 % de la population juive totale selon le recensement de 1808.
La Meurthe n'était pas citée, pourtant peuplée de neuf fois plus de Juifs que les Vosges.

Oui c'est très étonnant cette répartition. Y compris si on s'en tient aux départements qui resteront français après le Congrès de Vienne, la plupart des Juifs sont dans le nord-est. Le reste se trouve à Paris intra-muros et dans quelques grandes villes, spécialement le bordelais.
Situation héritée de l'Ancien Régime, dont on peut se demander comment elle a évolué au cours du 19ème siècle.

Si le reste des départements que vous citez (exception faite de la Meurthe ?) n'est pas touché par ce décret, cela signifie sans doute qu'il vise les Juifs germanophones, les autres étant jugés assimilés. (C'est une simple hypothèse, mais ça me semble coïncider. Je me demande d'ailleurs si la Meurthe n'est pas francophone ? - J'ai le souvenir d'une discussion sur la langue parlée par Jeanne d'Arc, où il apparaissait qu'au moins une partie de la Meurthe regardait vers le duché de Champagne.)

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 27 Avr 2016 22:46 
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Pierre de L'Estoile
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Les articles de wikipedia Histoire des Juifs en France et Napoléon et les Juifs apportent aussi un éclairage intéressant.

Napoléon semble avoir cultivé un mépris certain envers les Juifs. Cependant, le décret du 17 mars 1808, qualifié de décret infâme, ne procède pas d’une volonté de discrimination à l’égard des juifs qui devraient être distingués des autres citoyens comme sous l’Ancien Régime. Ce décret n’est qu’une mesure de circonstance temporaire prise pour mettre fin à des troubles sérieux en Alsace. Comme l’a rappelé Pierma, l’intégration des juifs dans la nation n’est pas remise en cause. Fondamentalement, ils restent des citoyens à part entière, ce qui est inconcevable dans la plupart des autres Etats d’Europe de sorte qu’après la chute de l’Empire, la fin de la tutelle française a valu aux Juifs un retour vers la situation antérieure. Dans les Etats du pape, les Juifs ont dû réintégrer les ghettos.

Si, dans les premiers temps de la Révolution, l’assimilation des Protestants s’est faite rapidement et sans aucune difficulté, ce fut plus lent et plus laborieux en ce qui concerne les Juifs. La correspondance de Napoléon citée dans la discussion Hitler et Napoléon est révélatrice. Il y emploie le terme de Nation. C’est que les Juifs se percevaient et étaient perçus comme un peuple distinct. C’est particulièrement net en Europe Centrale où les Juifs se sont donné une langue qui leur est propre, le yiddish et en Russie où Staline a créé une république autonome juive. J’y vois la survivance d’une notion archaïque de la nation qui a eu cours après la chute de l’Empire Romain lorsque deux peuples gallo-romain et germanique ont cohabité sur le même territoire tout en conservant chacun ses propres lois. C’est une notion tout à fait opposée à celle affirmée par la Révolution et ensuite par l’Empire. Napoléon s’est employé, avec les méthodes autoritaires qui étaient les siennes, à mettre fin au particularisme juif. Il ne faut pas voir, malgré les apparences, une mesure réactionnaire dans le décret du 17 mars 1808.


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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 28 Avr 2016 12:28 
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Fustel de Coulanges
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Pierma a écrit :
Je me demande d'ailleurs si la Meurthe n'est pas francophone ?


Justin-Lamoureux dans son "Mémoire pour servir à l'histoire littéraire du département de la Meurthe" (1803) indique qu'1/20 de la population départementale parle allemand.
Le préfet Marquis dans son "Mémoire statistique sur le département de la Meurthe" (1804) dit que l'allemand est parlé dans l'arrondissement de Sarrebourg et dans trois cantons de celui de Château-Salins.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 29 Avr 2016 8:33 
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Jean Froissart
Jean Froissart

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Il me semble que ce lien n’a pas été cité :
Napoléon et les juifs : la création d’un état envisagée ?
viewtopic.php?f=55&t=33039

Bonaparte était à ses début un admirateur de Pascale Paoli qui lui a été à l’origine de l’immigration en Corse de nombreux juifs italiens. Concernant les juifs, fondamentalement sur les objectifs, très probablement, les divergences ne devaient pas être si importantes ?
Pour les méthodes employées pour atteindre des objectifs qui semblent compatibles les divergences sont indiscutables.


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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 29 Avr 2016 17:12 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Localisation : Kaamelott
Barbetorte a écrit :
Les articles de wikipedia Histoire des Juifs en France et Napoléon et les Juifs apportent aussi un éclairage intéressant...

Je crois qu'en Prusse, 1714 voit un édit instructif sur la considération des Juifs comme 1781 (?), en Autriche avec Joseph II (Emancipation des Juifs / Statut des Juifs en Allemagne - Wiki). Napoléon légifère afin d'obtenir une harmonie étatique ; ajoutons à ceci le rapport très personnel de NB à l'argent et à l'emprunt...
Citer :
...Fondamentalement, ils restent des citoyens à part entière, ce qui est inconcevable dans la plupart des autres Etats d’Europe...

Par exemple et tout en tenant compte du fonctionnement législatifs des autres Etats à ce moment, de la place qu'y occupe le clergé, de la religion majoritaire etc. ?
Nous ne sommes plus aux jugements de Luther et autres allumés et pas encore aux pogroms d'Alexandre III.
Citer :
... Si, dans les premiers temps de la Révolution, l’assimilation des Protestants s’est faite rapidement et sans aucune difficulté, ce fut plus lent et plus laborieux en ce qui concerne les Juifs.

Une émission très intéressante est passée il y a peu de temps sur une chaîne. La Révolution fut pour les Protestants plus qu'une aubaine et l'économie y trouva son compte. Fin XIXème la plupart des grands chefs d'entreprise étaient de religion protestante. Leur religion leur interdisant les signes extérieurs de richesses, mettant le labeur comme la condition première fit que ces personnes ne devinrent pas rentières, ne "profitèrent" pas non plus des bénéfices de leurs entreprises mais réinvestissaient dans celles-ci ou tésorisaient pour la génération à venir (la Caisse d'Epargne fut créée par une personne de religion protestante).
On se souvient des dragonnades du tyran et on exhalte l'égalité quelle que soit la religion... ou non mais avec les Juifs, il y toujours ce petit quelque chose qui coince... et pourtant au nombre des banquiers, les Juifs se voient distancés par les Protestants mais bon... Pour être le "peuple élu", il semble avoir un prix à payer... ;)
Citer :
C’est que les Juifs se percevaient et étaient perçus comme un peuple distinct.

C'est vieux comme le monde. Les Juifs se bâtissent "contre" et non "avec", il n'y a donc pas de complète intégration mais un respect du cadre légal tant que celui-ci prend en compte les spécificités sur lesquelles on ne peut négocier. C'est très difficile de faire un parallèle entre intégration juive et intégration protestante sans ommettre des fondamentaux (ne serait-ce que dans les textes et le rapport à la religion). Peut-on faire une parallèle entre l'intégration musulmane et l'intégration protestante ? Ceci me semble périlleux.
Citer :
C’est particulièrement net en Europe Centrale où les Juifs se sont donné une langue qui leur est propre, le yiddish...

Le Yiddish est reconnu et même enseigné mais à cette époque dans les quartiers où résidaient les Juifs en France, il existe aussi une sorte de langue comme il existe le patois bretons ou le patois auvergnat. Cependant je doute que l'on ait fait en Mitteleuropa des traductions en yiddish pour les lois d'Etat. Le fait de s'exprimer de telle ou telle manière ne crée pas la différence qui pousse aux excès.
Le Gallois ou le Hessois n'est pas très important : tout le monde se retrouve lorsqu'ils s'agit des lois, qu'importe telle ou telle prononciation, telle ou telle spécificité régionale ou autre.
Citer :
... à mettre fin au particularisme juif.

Qu'est-ce au juste ?
Un particularisme inhérent aux Juifs ou un particularisme accolé avec lequel les Juifs ont dû faire ou encore un mélange des deux ? Il ne semble pas plus y avoir de particularisme juif en France qu'il y eut -il fut un temps- un particularisme protestant. Une case est définie par un pouvoir ou une majorité, si vous n'entrez pas -à un moment défini pour des raisons X- vous présenterez toujours un "particularisme" qui fera que pendant cette période -plus ou moins longue avec plus ou moins de réactivation- vous présenterez un particularisme.
Pour les Protestants, la Révolution est un pied de nez à l'ancien régime confit dans un catholicisme réactionnaire englué dans ses prérogatives.
Mais le Juif semble avoir tout autant de particularisme vu par l'oeil d'un protestant, d'un catholique et d'un athée. ;)
Le qualificatif "d'infâme" -pour ces décrets- est-il apparu au même moment que les décrets (ce qui montre que le peuple français pouvait encore exprimer sa pensée) ou ultérieurement, sous un autre régime ? Autre régime qui serait né de nouveaux éléments historiques et déciderait de taxer "d'infâme", un pragmatisme concernant une unité et nul temps pour se pencher afin de décortiquer les particularismes de chacun.
Ces décrets sont-ils considérés par les historiens français -toutes religions confondues- comme "infâmes" avec la connotation que ceci traîne.
:wink:

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 30 Avr 2016 13:39 
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Fustel de Coulanges
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ezio-auditore a écrit :
Ces décrets sont-ils considérés par les historiens français -toutes religions confondues- comme "infâmes" avec la connotation que ceci traîne.


-Godechot (article « Juifs » du Dictionnaire Napoléon) :
« Dès sa publication, ce décret provoqua de multiples réclamations, et les Juifs le qualifièrent d’infâme.
[…]
Malgré son caractère discriminatoire, et parfois vexatoire, la législation de l’Empire sur les Juifs a complété l’œuvre de la Révolution et, incontestablement, accéléré leur intégration et leur assimilation. »


-Boudon (Napoléon et les cultes) :
« Connu depuis le printemps 1807, le contenu de ce décret suscite de vives protestations au sein de la communauté juive […]
Aux yeux de Napoléon, le rétablissement de l’ordre social était à ce prix, même si cette disposition remettait en cause le droit de propriété. Il avance donc à marche forcée, avec pour objectif d’intégrer les Juifs à la nation.
[…]
[La période napoléonienne] a favorisé [l’] intégration [des Juifs], même si ce fut au prix de mesures discriminatoires »


-Lentz (Nouvelle histoire du Premier Empire) :
« Le décret du 17 mars 1808, qualifié pour cette raison d’ »infâme » par certains contemporains et une partie des historiens du judaïsme français, prônait, pour une période de dix ans, « la réforme des Juifs »
[…]
Pour injuste et sévère qu’il puise paraître, ce décret allait avoir à terme des résultats positifs pour l’assimilation des Juifs
[…
Controversée, la législation napoléonienne d’assimilation des Juifs fut pourtant un succès […] même si ce fut au prix d’un abandon partiel et temporaire des principes d’égalité, de liberté des cultes et commerce pour une partie de la population. »


-Marcou (Napoléon face aux Juifs) :
« Rigoureux, [le décret du 17 mars 1808] fut vite désigné par les Juifs comme « un décret infâme »
[…]
Pour l’opinion publique de l’époque, le décret du 17 mars 1808 resta comme le retour à un régime d’oppression, comme l’avènement d’une législation particulière et comme une volonté de réprimer. On le considéra comme une loi persécutrice.
[…]
Il devait être perçu, ce qu’il était d’ailleurs, comme une loi provisoire qui ne changerait pas en profondeur l’esprit mais qui devait avoir une fonction éducatrice. L’œuvre impériale servit brillamment à l’intégration des Juifs dans la société française.
[…]
Au titre de bilan, on peut souligner et rappeler que, malgré certaines notes discriminatoires, qui firent alors et depuis beaucoup de bruit, l’œuvre de Napoléon, concernant les Juifs, s’inscrit dans la continuité de celle de Révolution. »


-Tulard (La province au temps de Napoléon) :
« Dans l’ensemble, Napoléon a contribué à l’assimilation des Juifs de France, même si elle a été parfois discriminatoire et vexatoire. »

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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 30 Avr 2016 14:03 
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Jean Mabillon
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j'ai l'impression que sous l'empire on distinguait nettement les ashkenazes (Juifs d'Alsace et de Lorraine) vus comme des étrangers un peu suspects qu'il fallait contrôler et assimiler de façon assez contraignante, des séfarades (juifs du Sud Ouest : Bayonne et Bordeaux) qui au contraire semblaient parfaitement assimilés (sauf sur le plan religieux) à leurs compatriotes chrétiens (de conviction ou d'origine).

Napoléon n'aurait dès lors fait qu'adhérer à cette doctrine.

Je ne crois pas que des mesures discriminatoires aient été prises à l'encontre des Juifs du royaume d'Italie (à vérifier néanmoins).

Je crois que le premier Juif à siéger dans un parlement français (et européen) fut élu sous la monarchie de Juillet. C'était un ancien officier de la Grande Armée : Max-Théodore Cerfberr.


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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 30 Avr 2016 14:29 
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Pierre de L'Estoile
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Je ne crois pas qu'on ait cherché à faire des distinctions ethnologiques entre "ashkenazes" et "séfarades". On est tout simplement intervenu dans les régions où des troubles s'étaient élevés. En toute logique, on a pris des dispositions adaptées (dans l'esprit du pouvoir, ce n'est pas une appréciation personnelle), temporaires rappelons-le, dans les seules régions troublées.


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 Sujet du message : Re: Napoléon et les Juifs
Message Publié : 01 Mai 2016 16:16 
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Fustel de Coulanges
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Dans le cadre des propos insultants tenus par l’Empereur à l’encontre des Juifs, j’avais retranscrit, dans le fil « Hitler et Napoléon », le passage de la lettre écrite par Napoléon à Jérôme, le 6 mars 1808 :
« J’ai entrepris l’œuvre de corriger les Juifs ; mais je n’ai pas cherché à en attirer de nouveaux dans mes Etats. Loin de là, j’ai évité de faire rien de ce qui peut montrer de l’estime aux plus misérables des hommes. »

Autre son de cloche, à l’heure des bilans, à Sainte-Hélène :
« Un autre intérêt religieux avait mérité mon attention, parce qu'il pouvait avoir une influence sur l'accroissement de la richesse nationale. Des millions de juifs étaient disséminés sur la terre, leurs richesses étaient incommensurables; on pouvait espérer de les attirer en leur donnant dans l'empire des droits égaux à ceux des catholiques et des protestants, et de les rendre bons citoyens. Le raisonnement était simple. Leurs rabbins leur enseignent qu'ils ne doivent pas pratiquer l'usure contre leur propre tribu, et qu'elle est seulement permise envers les chrétiens; du moment donc où ils devenaient égaux en droits aux autres sujets de l'Empereur, ils devaient le regarder comme Salomon ou Hérode, comme le chef de leur nation, et considérer le reste de ses sujets comme leurs frères de tribus semblables à la leur; ils jouiraient des droits, ils trouveraient juste de partager les charges, de payer les impôts et de se soumettre à la conscription. J'ai réalisé, en partie, mes projets à cet égard. Beaucoup de bons soldats furent acquis à l'armée française; de grandes richesses entrèrent en France; bien plus encore y eussent été apportées sans les événements de 1814, parce que tous les juifs seraient venus successivement s'établir dans un pays où l'égalité des droits leur était assurée, et où la porte des honneurs leur était ouverte. »
(Montholon, Récits de la Captivité de l'Empereur Napoléon à Sainte-Hélène)

Sur l’ouverture de l’Empire aux Juifs, il existait l’article 16 du décret du 17 mars 1808 :
« Aucun juif, non actuellement domicilié dans nos départements du Haut et Bas Rhin, ne sera désormais admis à y prendre domicile.
Aucun juif, non actuellement domicilié, ne sera admis à prendre domicile dans les autres départements de notre empire, que dans le cas où il y aurait fait l'acquisition d'une propriété rurale, et se livrera à l'agriculture, sans se mêler d'aucun commerce, négoce ou trafic.
Il pourra être fait des exceptions aux dispositions du présent article, en vertu d'une autorisation spéciale émanée de nous. »



Autres propos héléniens :

« Je lis la Bible : […] les Juifs sont un vilain peuple, poltron et cruel. »
(Gourgaud, Le journal de Sainte-Hélène)

« Pendant la conversation, je pris la liberté de demander à Napoléon quelles avaient été ses raisons pour encourager autant les Juifs. Il répondit :
« Il y avait beaucoup de Juifs dans les pays sur lesquels je régnais; j'espérais, en les rendant libres, et en leur donnant des droits égaux à ceux des catholiques et des protestants, les rendre bons citoyens, et les forcer à renoncer à l'usure, et à se conduire comme le reste de la communauté. Je crois que j'aurais fini par réussir. Mon raisonnement était que, puisque leurs rabbins leur expliquent qu'ils ne doivent pas pratiquer l'usure contre leur propre tribu, mais qu'elle leur est permise envers les chrétiens et autres, en les rendant égaux à mes autres sujets ils devaient me regarder comme Salomon ou Hérode, comme le chef de leur nation, et considérer mes autres sujets comme les frères d'une tribu semblable à la leur ; qu'en conséquence , il ne leur était pas permis de les traiter usurairement eux ou moi; mais qu'ils devaient en agir comme si nous étions de la tribu de Juda; que, jouissant des mêmes droits que tous mes autres sujets, ils devaient de la même manière payer les taxes, se soumettre aux lois de la conscription et à toutes les autres. J'obtins par ce moyen beaucoup de soldats. Outre cela, j'aurais attiré une grande richesse en France, parce que les Juifs sont très nombreux, et qu'ils se seraient empressés de venir en foule dans un pays où ils auraient joui de privilèges bien supérieurs à ceux que leur accordent les autres gouvernements. »
(O’Meara, Napoléon dans l’exil)

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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