Diviacus a écrit :
Narduccio a écrit :
EDF a racheté le brevet et il l'a amélioré et adapté. Les centrales des paliers suivants sont donc de "conception" EDF qui a toujours été l'ensemblier de ses centrales.
N'est-ce pas plutôt Framatome qui a acheté le brevet de Westinghouse, et qui en a adopté la conception pour EDF ?
En fait, il y a une série de brevets et il faudrait rentrer dans le détail. Tel que je l'ai rappelé, l'assemblier des centrales nucléaires fut toujours EDF, Framatome, puis Areva fournissant les appareils et réalisant l'assemblage mécanique de l'ensemble. Mais, Framatome n'a jamais fourni à EDF un réacteur "clef en main" comme pouvait le faire Westhinghouse pour ses clients. Les réacteurs vendus à l'étranger à l'époque eurent leurs caractéristiques définies par EDF. En fait, sauf erreur le premier réacteur vendu clef en main par Areva, c'est l'EPR d'olkiluoto 3 en Finlande.
Il est parfois difficile de s'y retrouver de qui fait quoi entre la maîtrise d'ouvrage, le ou les maître(s) d’œuvre(s) et les ensemblier. Les ingénieurs de divers services d'EDF étaient en relation avec leurs confrères des divers fournisseurs. Il y avait un dialogue permanent. Certains systèmes étaient livrés clefs en main, donc c'était le concepteur/fabricant qui faisait toutes les études et le système était intégré tel quel à l'ensemble. D'autres systèmes résultent d'études EDF à partir de la définition de certains éléments par leurs partenaires industriels. Par exemple, la définition des dimensions des cuves de réacteurs tient compte des capacités des industriels. Entre les paliers 900 MW et 1300 MW, il a été décidé de faire des cuves de même diamètre, mais plus hautes. On aurait pu prendre d'autres décisions, sauf qu'il y a peu d'industriels capables de forger de telles pièces et il fallait rester dans ce qu'ils étaient capables de réaliser ne serais-ce que pour contenir les coûts Il y a donc toute une série de choix technologiques qui influencent sur le projet et EDF travaillait en étroite collaboration avec les industriels concernés. A certaines époques, cette position a semblé déplaire à certains industriels qui voulaient prendre le leadership de la filière, pour engranger plus de bénéfices. Mais aussi car, de leur point de vue, EDF prenait plus que sa part. Alors qu'EDf avait parfois l'impression d'être prise en otage par les industriels concernés. Ce qui s'est traduit par une certaine ouverture à la concurrence, EDF demandant à d'autres industriels s'ils étaient en capacité d'assurer la maintenance de certains systèmes. Ces industriels étaient prêts à casser les prix pour entrer sur le marché et ont apporté parfois une réelle plus-value technologique.
En fait, pour les industriels français fortement impliqués dans la construction des centrales, les marchés EDF furent souvent une opportunité, mais parfois une malédiction. Leur chiffre d'affaire a été garanti pendant plus d'une décennie. Mais, certains se sont complu dans cet état de fait et quand il a fallu retourner sur le marché pour trouver des clients, ils n'étaient plus en adéquation avec les attendus du marché et ils proposaient des prix trop élevés avec parfois des qualités qui n'étaient pas à l'attendu. Le traditionalisme technologique d'EDF était en cause dans ce cas-là.
EDF a toujours désiré s'appuyer sur des technologies éprouvées pour être sûr de ne pas se retrouver dans une impasse technologique. Tout en ayant des équipes de R&D qui travaillent à la pointe de la technologie dans bien des domaines ... Les fournisseurs nous livraient donc, dans les années 80, des matériels répondant aux standards industriels des années 70... Mais, quand ils se sont retrouvés sur le marché à la recherche de clients à la fin des années 90, leurs clients attendaient de la technologie des années 2000 avec des prix compétitifs. Certains surent rebondir, d'autres ne le surent pas.
Mais, EDF et Aréva ne pouvaient pas les laisser couler, car ils en avaient encore besoin. Donc, la plupart furent rachetés, par EDF ou Areva remis en ordre de marche. Souvent ces entreprises furent séparées en 2 entités. Ce qui était utile à EDF ou Aréva étant intégré à l'un de ces deux groupes. Avec ce qui restais des activités étant regroupé dans une entreprise qui reprenait souvent le nom de l'ancien industriel, entreprise "rebâtie", remise en ordre de marche, puis revendue. Mais, indirectement, cela a été aussi une des cause de la désindustrialisation de la France.