Bonjour,
Pouzet a écrit :
J'aimerais rebondir... passionnant sujet intitulé "Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort"
J-M Théolleyre est envoyé spécial à Jérusalem durant le procès Eichman et rapporte :
"... dans toute l'évocation de ce chapitre [
rafle du Vel d'Hiv.] français, les hommes de Vichy n'ont pas été accablés. René Bousquet, Pierre Laval ont été nommés mais plus pour leur résistance finale que pour leur collaboration des premières années. M. Wellers lui-même répondant à une question du juge Halévi, qui voulait connaître le rôle des policiers de Vichy, a dit lui-aussi que dans l'ensemble, ils avaient cherché à éviter le pire.
Tout fut remis dans son contexte. En 1943, le régime [
des déportations] change. Les policiers français de Vichy, jugés trop mous, sont écartés. Les hommes d'Eichmann, Roethke puis Aloïs Brunner organisent Drancy à l'allemande. Les punitions, les humiliations, les tortures aussi apparaissent. Les convois partent avec une régularité d'horloge vers Auschwitz ou Orianenbourg. Les interventions de si haut qu'elles viennent, sont toutes inutiles. Ainsi lorsque le maréchal Pétain plaidera en personne pour Roger Massé, prisonnier de guerre, rapatrié à ce titre mais réintégré comme juif, Eichmann répondra :
"Le juif susmentionné a été déporté de Compiègne vers l'est à la date du 5 juin 1942. Je ne peux consentir à son retour pour des raisons de principe. Prière d'en prendre connaissance."
On remarquera que l'accusation a donné lecture de la fameuse protestation du clergé catholique à Vichy dans laquelle se trouvait la phrase : "Les juifs sont des êtres humains, ils sont nos frères. Un chrétien ne peut jamais l'oublier".
Que pensait Hitler de Vichy ? J'imagine que c'était vraiment une question très secondaire et pas de nature à lui gâcher ses nuits. Vichy collaborait, c'est tout ce qui était attendu d'un pays écrasé en deux temps trois mouvements et qui pouvait encore se montrer servile. Il y avait des hommes chargés de faire appliquer une politique et si le retour était "ralenti", on envoyait des plus aguerris histoire de se souvenir qui était à ce moment le patron.
Je n'aborde pas la question militaire, d'autres sont plus compétents.
Voici donc comment était perçu Vichy et son "rendement en juif" lors du procès d'Eichmann, à Jérusalem.
H. aurait eu grand tort de jouer les écoeurés maintenant au niveau de ses valeurs, de son rapport au conflit, de son vécu du conflit précédent, il est certain que son "blocage" quant à une Allemagne vaincue en 1918 ne pouvait qu'être renforcé par le grand fantasme de forces coalisées pour anéantir un pays qui devait être vainqueur, il suffisait de constater.
Ceci devait être encore plus évident pour l'Allemand lambda, aussi la propagande n'a pas eu à se donner trop de mal concernant la France : le résumé n'était pas tant long et tenait du Veni, Vidi, Vici.