Borsig a écrit :
Je suppose que Noguès a fait le même raisonnement que Darlan. Ce dernier pensait, à tort ou à raison, qu'il ne fallait pas donner l'impression que la France était favorable à l'Amérique, sauf si les Américains faisaient un débarquement dont la probabilité de réussir était forte. A quoi bon soutenir les Américains si le débarquement échoue ? Ainsi pensait Darlan. Faut-il lui donner tort ?
Tout de même ces vichystes, quelle audace ! Oser se ranger du côté des Américains pour peu que ceux-ci leur assurent la victoire, quel courage !
De Gaulle avait trouvé le mot :"Une bande de vieux dégonflés."
On prête ce mot à Weygand : "Si les Américains viennent avec 20 divisions je leur tire dessus. S'ils viennent avec 40 divisions je leur ouvre les bras."
Quand je pense qu'on débat de la poursuite de la guerre dans l'empire en 40, et qu'elle reposait sur la volonté de ces terreurs ! S'ils mégotent sur le nombre d'Américains venus les mener, comment auraient-ils tenu l'AFN tous seuls ?
Il est vrai que Darlan pouvait craindre la puissance allemande, lui qui souhaitait quelques mois plus tôt se ranger à ses côtés. Sans doute croyait-il à la victoire de l'Allemagne. Il s'agissait donc que les Américains marquent leur puissance et fassent preuve de conviction, si je vous suis bien.
En réalité en 1940 Noguès se faisait fort de tenir seul l'AFN, proposant même d'attaquer immédiatement le Maroc espagnol pour éviter qu'il serve de tête de pont. Il demandait par télégramme à Pétain l'autorisation de faire sécession de la métropole. Autorisation refusée, il se rangea sous le képi du vieux maréchal. Et c'est le même homme - qui aurait fait un français libre bien moins démuni que De Gaulle - qui se soucie soudain d'indépendance française au point de se battre à fond contre les Américains ! C'est du propre !
Citer :
Il y avait peut-être des risques à montrer sa bienveillance envers les Américains dans le cas où le débarquement échouait.
Hé oui, il fallait sortir de la collaboration et Hitler allait être très très colère. C'est tout le problème de la position fausse de Vichy.
En somme, si je suis votre raisonnement, il fallait tuer un maximum d'Américains, et perdre malgré tout, pour être certains qu'ils étaient en force ?
(D'ailleurs la "bienveillance" envers les Américains excluait par définition un échec du débarquement. Votre raisonnement ne tient pas. Il illustre simplement le fait que Darlan, collabo la veille, voulait assurer ses arrières.)
Le plus beau est que les Américains ont ensuite accepté que ces hommes-là les rejoignent en gardant toutes leurs prérogatives. Quel sac de noeuds ! Pas étonnant que la presse libre anglo-saxonne se soit déchaînée contre Darlan !