Malicorne a écrit :
Pour ce qui est de la suppression du briquet en 1809, il me semble qu'il y a plus que cette lettre. Il me semble que Pigeard parle d'un décret (je ne l'ai pas sous la main mais ça doit être sans son dictionnaire de la Grande Armée) qui n'aurait pas été appliqué. Napoléon voulait remplacer les briquets par de vrais outils de bivouac. Cette idée fut définitivement abandonnée en 1811.
Quelques éléments :
Décret du 7 octobre 1807 :
« Art. 1er. Les voltigeurs de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère, les soldats des basses compagnies de l'infanterie légère, les voltigeurs et soldats des basses compagnies de l'infanterie étrangère, ne seront plus armés d'un sabre-briquet.
Art. 2. Les corps remettront en bon état, dans les magasins de l'artillerie, les sabres devenus inutiles par suite de cette suppression.
Art. 3. Notre ministre de la guerre est chargé de l'exécution du pré• sent décret. »
Règlement du Ministre de la guerre en date du 15 octobre 1807, pour l'exécution • du décret impérial du 7 octobre 1807 :
« Art. 1er. A dater de ce jour, il ne sera plus fait de distribution de sabres-briquets aux corps d'infanterie, pour les voltigeurs et les basses compagnies de l'infanterie légère et étrangère.
Art. 2. Les corps de cette arme ne devant conserver de sabres que pour les sous-officiers, caporaux, grenadiers, carabiniers et tambours, il sera dressé, dans chaque régiment, un état certifié par le conseil d'administration, constatant le nombre de sabres existants et le nombre de ceux nécessaires : cet état sera envoyé au ministre.
Art. 3. Les corps d'infanterie employés dans l'intérieur de l'Empire et à l'armée d'Italie, verseront dans les plus prochains arsenaux ou magasins d'artillerie, les sabres excédant le nécessaire actuel; ils sont tenus de les remettre en bon état.
Art. 4 Les directeurs d'artillerie constateront, par un procès-verbal, l'état dans lequel ces armes sont remises par les corps, et les feront de suite réparer, s'il en est besoin. Le montant de ces réparations sera à la charge des corps.
Art. 5. Les bataillons de guerre employés à la grande armée remettront les sabres excédant le nécessaire, dans le magasin d'artillerie des places où ils repasseront le Rhin. »
Lettre de Clarke à Napoléon, 15 mars 1809 :
« Sa Majesté m'a fait connaître que son intention est d'essayer de faire porter par l'infanterie des outils de pionniers et tranchants au lieu de sabres briquets.
Je pense, comme S. M., que les outils seraient beaucoup plus utiles que les sabres dont les soldats d'infanterie font fort peu d'usage à la guerre. Mais pour que les soldats puissent les porter en guise de sabre, sans se gêner dans les rangs et sans embarrasser les évolutions, il a fallu réduire à de plus petites dimensions la pelle, la hache et la pioche ; cette diminution de proportion rend ces outils peu susceptibles d'un bon service ; cependant tels qu'ils sont, ils pourraient être utilisés.
Mais je prie S. M. de se rappeler qu'on avait donné, en l'an XII, des outils aux compagnies d'élite de cavalerie et que ces outils ont été promptement perdus ou abandonnés, et il est à croire qu'il en sera de même dans les troupes d'infanterie obligées de les porter et qui chercheront à s'en débarrasser. Le prix de ces outils et leur fréquent remplacement coûteront presque aussi cher que celui des sabres briquets.
Le premier achat pour 300 000 hommes d'infanterie reviendrait à environ 1 800 000 fr. et, pour éviter les pertes ou dégradations, on pourrait mettre les remplacements à la charge des corps en leur faisant une masse pour cet objet ou en augmentant celle générale qui serait chargée de pourvoir aux achats.
Cependant je ne crois pas qu'il y ait d'inconvénient à en faire l'essai dans un ou deux régiments et je prie S. M. de me faire connaître ses intentions à cet égard. »
Décret du 16 mars 1809.
« Art. 1er. Le briquet est supprimé dans l'armement des compagnies de grenadiers et de voltigeurs de nos régiments d'infanterie légère et de ligne.
Art. 2. Au lieu de briquets, les grenadiers et voltigeurs porteront à leur bandoulière, la moitié des compagnies des haches avec le manche et l'autre moitié des pics à hoyaux.
Art. 3. Notre ministre de la guerre enverra aux colonels des différents corps le modèle de ces outils. »
Décret du 16 mars 1809.
« Art. 1er. Le briquet est supprimé dans nos compagnies d'artillerie à pied, des outils y seront substitués.
La 1ère escouade de chaque compagnie portera des haches avec le manche ;
La 2e escouade de chaque compagnie portera des pics à hoyaux ;
La 3e escouade de chaque compagnie portera des pioches ;
La 4e escouade de chaque compagnie portera des pelles.
Art. 2. Notre ministre de la guerre enverra aux commandants le modèle de ces différents outils. »
« Il faut renoncer à donner des outils à l’infanterie ; ils sont trop lourds, les manches trop longs et trop embarrassants. Ils gêneraient le soldat dans sa marche où il finirait par les jeter : ce serait donc une très grande perte ; faites-en faire la remise au génie. »
(Napoléon à Clarke, 18 juin 1811)
Ordonnance royale du 16 janvier 1815 :
« Art. 1er. Les compagnies de voltigeurs de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère seront armées d'un sabre-briquet, conformément aux décrets des 22 ventôse an 12 [art. 6 : « Les voltigeurs seront armés d’un sabre d’infanterie »]et 2e complémentaire an 13 [idem], relatifs à la formation de ces compagnies.
Art. 2. En conséquence, le décret du 7 octobre 1807 est rapporté, en ce qui concerne les dispositions contraires à celles de l'article 1er de la présente ordonnance.
Art. 3. il ne sera plus délivré de sabres aux sous-officiers et soldats des troupes de toutes armes qui quittent leurs corps par congé absolu, par retraite, ou pour passer dans les vétérans. »