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Message Publié : 12 Juin 2016 8:39 
Pierma a écrit :
Preuve que la ligne Maginot ne rassurait pas tout le monde...
Dans Double crime sur la ligne Maginot (roman essentiellement policier et mélo), écrit en 1936, Pierre Nord exalte cette ligne et pourtant évoque déjà la crainte de "leurs grandes unités blindées" (de mémoire, et sans garantir qu'il n'y ait pas eu réédition et réécriture).


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Message Publié : 12 Juin 2016 9:07 
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Jean Froissart
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Pas de ré-écriture dans les éditions suivantes, juste une préface de mise au point sur l'auteur pour expliquer sa vision de la ligne Maginot à l'époque.
Ce qu'un homme fait, un autre peut le défaire, il n'y a pas de fortification imprenable, pas de prison dont on ne puisse s'échapper...
Ceux qui disent l'inverse répètent un mantra et/ou une idéologie, par le résultat d'un raisonnement.
Je ne pense pas qu'il faille chercher plus loin la raison de la phrase -d'ailleurs prudente- de Pierre Nord.

Par ailleurs, il était cavalier de formation, tout fraichement breveté d'état-major, peut-être avait il à ce titre une perception un petit peu plus moderne de l'ABC que d'autres.

Jean, avec Pierma, vous voici donc le deuxième à citer Pierre Nord de temps en temps... Cela fait plaisir de voir ressortir du Brouillard un auteur complètement oublié!


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Message Publié : 12 Juin 2016 20:23 
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Cush, je crois que nous ne tomberons pas d'accord sur ce sujet.

Les terrains d'aviation soviétiques étaient connus des Alliés, il y avait déjà eu des missions AR depuis l'Angleterre, avec ravitaillement côté russe. La logistique était en place. En réalité, début août, Staline fait fermer les terrains russes.

Dans "Feux du ciel", Pierre Clostermann consacre un épisode, "tempête sur Varsovie" à une mission effectuée de nuit par des Liberator des Polish Air Force pour aller parachuter des armes sur la ville assiégée. Ils décollent de Brindisi en Italie, l'aérodrome le plus proche qui permet seul de faire l'aller-retour. (Avec un tonnage d'armes limité par la distance à parcourir.) Le survol de la ville en flammes est un cauchemar - le navigateur n'arrive pas à reconnaître les rues de sa ville natale - et les quadrimoteurs qui s'acharnent et tournent pour trouver la drop zone se font allumer par la flak allemande.

Au départ, la RAF y consacra plusieurs missions, mais arrêta rapidement à cause des pertes. Seuls les forces aériennes polonaises - et sud-africaines - qui disposaient d'une certaine autonomie continuèrent jusqu'à la fin.

Clostermann : " Et dire qu'on est entré en guerre pour la Pologne ! Cette guerre dure depuis si longtemps qu'on a oublié pourquoi on la fait."

Sur les opérations au sol je n'ai pas creusé, mais je pense que Bor-Komorowski, commandant sur le terrain, avait le pouvoir de reporter l'insurrection. Il dira plus tard :" Il y avait au milieu de la ville la zone rasée de l'ancien ghetto juif, que nous ne pouvions regarder sans éprouver une lourde appréhension." Mon sentiment est qu'il a déclenché l'insurrection "à coup sûr" - la résistance polonaise savait parfaitement si des divisions Panzer entraient dans la danse et à quelle distance se trouvaient les Russes. Mais bon, c'est juste ma perception.

Rokossovski est certes polonais, mais depuis sa sortie du goulag (on lui a arraché les ongles pendant "l'enquête" Toukhatchevski) et jusqu'à Berlin il sera suivi par une équipe du NKVD.

Concernant le gouvernement polonais en exil, on peut à la rigueur contester qu'il ait rompu ses relations avec Staline (à cause de Katyn, justement) mais il faut reconnaître honnêtement que tout le monde a laissé tomber les Polonais. On peut notamment invoquer la responsabilité de Roosevelt.

Le lâchage occidental et le massacre des résistants - qu'il soit le fait des nazis ou du NKVD - ont été tels que la Pologne a eu droit directement à son gouvernement populaire - il n'y avait plus d'opposants - alors que dans tous les pays de l'est Staline a dû passer provisoirement par un régime d'union nationale et par le travail subversif du NKVD. (Prague ne tombera qu'en 1948) Seule l'Allemagne de l'est a eu droit directement à une équipe dirigeante communiste, mais sous le statut de zone occupée.

Même De Gaulle n'a pas élevé d'objection contre le gouvernement "de Lublin" au cours de son voyage en URSS. Position réaliste : c'était trop tard. (Je crois qu'il a remis à plus tard sa reconnaissance officielle, mais je n'en suis pas certain.)

Edit : je viens de lire l'article de Wiki sur l'insurrection, qui semble vous donner raison à propos des opérations au sol. Je suis extrêmement surpris à l'idée que Bor-Komoravski ait pu déclencher une opération suicide. (???)

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Message Publié : 13 Juin 2016 0:29 
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Philippe de Commines
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Mon intervention n'a pas pour objet d'absoudre les Soviétiques des crimes qu'ils ont pu commettre, loin de là mais pour ce qui concerne Varsovie, ils ont pour le moins des circonstances atténuantes.
Hormis le fait que Varsovie ne faisait pas partie des objectifs de l'armée rouge (Paris était dans le même cas et les Américains ont été très réticents, seuls la crainte de l'opinion publique et De Gaulle les ont fait changer d'avis en détachant la 2eme DB). Varsovie est atteinte le 28/07 par le premier front de Biélorussie après une offensive ininterrompue de 5 semaines (Bagration). Il y a 400km entre les bases de départ de Rokossovski et Varsovie. Je pense que vous pouvez admettre que la performance est là mais que le fil est tendu à l'extrême. La troupe est épuisée, la logistique prête à craquer et Varsovie est située derrière la Vistule qui est tout sauf ruisseau. Lorsqu'ils attaquent le 28/07, les 2eme et 3eme corps blindés sont repoussés par Model avec de lourdes pertes. Varsovie aurait pu être une prise opportuniste mais Model change la done. Par contre, d'après Lopez, c'est effectivement cette attaque qui a convaincu Bor Komorovski (chauffé à blanc par le gouvernement en exil à Londres - et d'après Werth, en sous-main par Churchill) de déclencher l'insurrection. Staline n'accordera une aide aux insurgés qu'à partir du 9 septembre (en autorisant les Américains à se poser en URSS et en envoyant les VVS au dessus de la ville pour nettoyer la chasse allemande et parachuter du matériel). Le mois d'août a donc été perdu mais de toutes façons, l'appui aérien aurait été insuffisant. Pour sauver les insurgés, il fallait que les soviétiques traversent le fleuve. Or, à ce moment, tout montre qu'ils n'en ont pas les moyens (sans même évoquer la position de Staline qui voit des opposants éventuels écrasés à peu de frais, je suis d'accord). En gros, on reproche à Staline de n'avoir ni assumé ni soutenu les ordres d'insurrection donnés par les Polonais de Londres avec une armée qui était au bout du rouleau. On peut regretter ces faits mais les imputer uniquement aux Soviétiques, voire à Staline me semble excessif et faux d'un point de vue purement historique.


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Message Publié : 13 Juin 2016 9:42 
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J'avais remarqué cela - la pointe vers Varsovie - en regardant de près l'opération Bagration, mais sans creuser la question davantage. Bagration se déroule au départ en Biélorussie et détruit totalement le groupe d'armées Centre. Le front de Rokossovski attaque vers Varsovie en remontant nord-ouest. (Effectivement il a pu penser à une prise opportuniste de Varsovie) Hors c'est précisément la région où Model peut trouver des unités indemnes pour tâcher de limiter la casse, sur place et éventuellement en contre-attaquant vers le sud, où les restes du Groupe Centre sont dans un état de désordre effrayant.

Entendu donc pour les opérations terrestres. Mais les arrière-pensées de Staline sont évidentes lorsqu'il fait fermer ses aérodromes à l'aviation alliée. (Là il y a un absent de marque dans la discussion, c'est Roosevelt, qui reste inerte. Hors la décision de Staline est pour le moins une sérieuse entorse à l'alliance de guerre.)

Le plus étonnant est ce que vous dites de Churchill : préoccupation politique ne tenant pas compte de la situation militaire réelle ?

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Message Publié : 13 Juin 2016 10:14 
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Philippe de Commines
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Pierma a écrit :
J'avais remarqué cela - la pointe vers Varsovie - en regardant de près l'opération Bagration, mais sans creuser la question davantage. Bagration se déroule au départ en Biélorussie et détruit totalement le groupe d'armées Centre. Le front de Rokossovski attaque vers Varsovie en remontant nord-ouest. (Effectivement il a pu penser à une prise opportuniste de Varsovie) Hors c'est précisément la région où Model peut trouver des unités indemnes pour tâcher de limiter la casse, sur place et éventuellement en contre-attaquant vers le sud, où les restes du Groupe Centre sont dans un état de désordre effrayant.

Entendu donc pour les opérations terrestres. Mais les arrière-pensées de Staline sont évidentes lorsqu'il fait fermer ses aérodromes à l'aviation alliée. (Là il y a un absent de marque dans la discussion, c'est Roosevelt, qui reste inerte. Hors la décision de Staline est pour le moins une sérieuse entorse à l'alliance de guerre.)

Le plus étonnant est ce que vous dites de Churchill : préoccupation politique ne tenant pas compte de la situation militaire réelle ?


Il y a eu courant août, des discussions entre Micolackzyk (alors à la tête du gouvernement en exil à Londres) et Staline. Ce dernier a exigé de Micolackzyk qu'il rejoigne le gouvernement de Lublin, ce que Micolackzyk a bien sur refusé. Staline est donc resté sur ses positions d'autant plus facilement qu'il voyait très certainement d'un bon œil l'élimination d'adversaires résolus et armés. Le fait de fermer ses aéroports aux avions américains est certainement symptomatique de cet état d'esprit: ne pas risquer de se retrouver dans Varsovie face à des résistants polonais armés par les Américains (Staline et les Russes en général ont de quoi être méfiants: Vatoutine a été assassiné début 1944 par des résistants(?) terroristes(?) ukrainiens). En septembre, Staline change son fusil d'épaule et vient en aide à la résistance polonaise sous la pression semble t-il de Roosevelt et Churchill qui le menacent d'en faire une affaire publique et de décrédibiliser ainsi l'URSS. C'est bien sûr trop tard et trop peu mais les deux tentatives existent (celle terrestre de fin juillet et celle aérienne à partir de septembre).
En dehors de toute géopolitique, je crois que la seule solution pour apporter une aide efficace à l'insurrection était une attaque terrestre. Matériellement, la chose était compliquée mais peut-être pas impossible. Il aurait fallu que Staline modifie sa stratégie en profondeur et dédie à Rokossovski des forces autrement plus importantes que celles dont il disposait. Micolackzyk de son côté est peut-être le seul qui aurait pu infléchir la ligne dure de Staline en acceptant ses conditions, c'est à dire en renonçant au combat qu'il menait depuis 5 ans...
Pour ce qui est de l'attitude de Churchill, je vais reprendre pour confirmer mais je me souviens d'avoir lu ça dans Werth ("La Russie en guerre"). Je n'ai pas d'autre info sur le sujet mais en dehors du fait que ça ressemble assez à du Churchill, ça ne me semble pas être d'une grande importance sur le plan militaire.
Au final, on peut quand même remarquer que Staline s'est tiré une balle dans le pied sur le long terme avec cette histoire de Varsovie. Il y avait déjà le précédent de Katyn (beaucoup plus clair sur le plan morale d'après moi), Varsovie va creuser le fossé et empêcher toute réelle réconciliation entre Polonais et Russes (on en voit encore les signes de nos jours).


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Message Publié : 13 Juin 2016 10:27 
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Je pense qu'il serait bon de débattre de cela sur les fils qui existent déjà sur la question.

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Message Publié : 13 Juin 2016 20:04 
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Philippe de Commines
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Pierma a écrit :
Citer :
Si vous avez le temps, n'hésitez pas à en dire deux mots. Implicitement je vous suis mais que vous mettiez des mots me permettrait de mieux l'intégrer.


Hé bien je vais essayer, sous réserve d'être contredit par d'autres intervenants.

La Pologne : Là franchement, sa politique dépasse l'entendement. La Pologne se comporte comme une grande puissance, refuse un accord avec l'Allemagne qu'elle aurait mieux fait d'accepter - quitte à y perdre Dantzig - mais participe avec l'Allemagne au démembrement de la Tchécoslovaquie - elle récupère la ville de Teschen - refuse le passage éventuel de l'Armée Rouge en cas d'alliance franco-anglo-russe (refus ridicule qui justifierait un chantage allié : vous acceptez ou on vous laisse tomber - d'autant que cette triple alliance aurait paralysé Hitler) et enfin s'allie avec la France et l'Angleterre en comptant qu'une violente offensive française en Allemagne lui permettra de tenir seule un second front en cas de guerre, alors qu'elle n'en a absolument pas les moyens. (L'offensive française, ses généraux l'attendront, mais personne n'avait prévu que les Allemands atteindraient Varsovie en une semaine.)

Victime de la haine séculaire et irrationnelle de ses deux voisins, la Pologne sera le pays d'Europe de l'est le plus maltraité de la guerre.

L'Angleterre : elle n'a pas d'armée de terre : dix divisions en mai 40. (Elle rétablit le service militaire début 39, il était bien temps !) Je pense que Caesar Scipio a touché juste en expliquant que sa politique d'apaisement consiste à octroyer à Hitler tout ce qu'il réclame ouvertement - le rattachement des minorités allemandes - à condition que ce ne soit pas par la guerre. C'est donc l'invasion de la Tchécoslovaquie qui la décide à garantir la Pologne. (personnellement je pense que c'est un test pour savoir si Hitler va faire la guerre ou continuer de grignoter par la négociation, histoire de mettre d'accord entre eux les politiciens anglais, mais je n'ai aucune preuve de ce que j'avance, et il y faudrait une connaissance assez fine des discussions entre gentlemen de tous bords.) Elle n'a aucune intention de s'allier à l'URSS. Elle compte sur la solidité de l'armée française pour tenir le front, dans le cadre d'une guerre longue basée sur le blocus naval et des interventions périphériques pour affaiblir l'Allemagne.

Ses moyens terrestres détruits à Dunkerque, l'Angleterre se retrouvera seule face à l'Allemagne, et théoriquement sous le risque d'une invasion. Une hypothèque qu'un millier de pilotes courageux permettra de lever, mais qui ne l'empêchera pas de subir neuf mois de bombardements continuels et des avanies un peu partout : Grèce, Crète, Libye... Hitler mettra fin à son calvaire en se jetant dans l'aventure à l'est. Au moins la détermination de Churchill ne permet pas de suspecter la "perfide Albion" d'avoir pu être réceptive à l'idée d'une paix séparée.

L'URSS : découragé à juste titre par la mollesse alliée depuis 36, Staline conclut un pacte avec le diable et en tire même des bénéfices immédiats : Une part de Pologne, les pays baltes, et j'en oublie. Son but est de gagner de l'espace et surtout du temps, beaucoup de temps : l'armée française étant la meilleure du monde, sa guerre avec l'Allemagne promet d'être longue et saignante. Ensuite ? On verra bien, mais avec un peu de chance il peut devenir l'arbitre et le gagnant du conflit. Dans le pire des cas, il n'aura à affronter qu'une partie de l'armée allemande.

Staline gagnera exactement 22 mois, et se retrouvera seul à affronter sur le continent l'armée la plus puissante que le monde ait connu jusque-là, renforcée en prime des ressources industrielles, financières et agricoles de la France, sans parler de ses nouveaux alliés.(Roumanie et Hongrie) L'URSS sera dévastée - au delà de l'imaginable - jusque sur la Volga, et perdra 11 millions de soldats et 13 millions de civils, une estimation faute de décompte exact possible.

Les USA : Roosevelt, bloqué par son opinion publique, n'interviendra pas. Il aura la frayeur de sa vie le 17 juin 1940 - jour où Pétain annonce la fin des combats avant même tout armistice. Il confiera à son ami René de Chambrun (gendre de Laval) "Hé bien, René, c'est la fin. Je ne pense pas que l'Angleterre puisse tenir." La perspective d'une Allemagne nazie maîtresse du continent laissait entrevoir des jours sombres. (Cette frayeur, il ne la pardonnera jamais à la France.)

J'ai l'air de dire que tout ce petit monde surestimait l'armée française. C'est vrai. En tous cas ils misaient beaucoup sur elle. Mais il serait juste d'ajouter que tous sous-estimaient les capacités de l'armée allemande, ignorant qu'elle préparait une nouvelle forme de guerre.

Et la France, au fait, que pensait-elle de son armée ?

Jean Lacouture signale que le 2 septembre 1939 le général Colson, chef d'état-major de l'armée de terre, écoutant un de ses collaborateurs, le colonel Gauché - du 2ème Bureau - lui dire que "jamais la France ne s'est engagée dans une guerre dans des conditions aussi défavorables" lui réplique en soupirant :" Mon pauvre ami, nous le savons ! Mais nous sommes pris dans l'engrenage politique... D'ailleurs si nous laissions aujourd'hui écraser la Pologne, nous nous retrouverions dans une situation encore plus grave, et encore plus seuls."

Preuve que la ligne Maginot ne rassurait pas tout le monde...


Pierma,

un grand merci pour ce "tableau" complet et bien supporté. Je l'ai lu entièrement et attentivement...

Cordialement, Paul.


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Message Publié : 13 Juin 2016 20:23 
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Philippe de Commines
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Inscription : 21 Sep 2008 23:29
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Caesar Scipio a écrit :
Quelques éléments.

Ce que j'avance n'est pas une simple intuition. C'est une thèse que j'ai découverte récemment. Non pas, bien sûr, que j'ignorais la politique étrangère britannique des années 1930, mais je ne donnais alors pas un sens aussi affirmé aux faits.

Ce sens, c'est en lisant notamment Quigley et sa mise en relation de faits qui me paraît solide, que j'en suis venu à lui donner un certain crédit.

S'agissant de la Grande-Bretagne, il faut distinguer l'opinion publique de la classe politique d'une part.

Et d'autre part, au sein de la classe politique, et plus précisément de la classe politique constituant le parti conservateur, il faut distinguer Churchill, qui était une forme d'outsider et de dissident, du noyau dominant de l'establishment conservateur.

J'insiste sur le parti conservateur parce que dans la période de 1924 à 1945, le parti conservateur a été au pouvoir 19 années sur 21, hormis la parenthèse de 1929-1931.

J'ajoute un élément qui est souvent méconnu ou dont la portée est très sous-estimé. Le Parlement élu en 1935 à siégé pendant ... 10 ans. Il n'y a plus eu d'élections générales avant celles de 1945 qui ont vu pour la 1ère fois les travaillistes remporter la majorité absolue à eux seuls. 10 ans pour une législature, une telle prolongation, cela n'était jamais arrivé depuis le fameux Long Parliament de la première guerre civile anglaise (1640-1653).

La majorité de l'establishment conservateur était favorable à une entente avec l'Allemagne nazie, à la politique d'apaisement dans le sens que nous avons mentionné. Simplement cette majorité de l'establishment conservateur avait besoin de ne pas s'emplafonner trop frontalement avec une opinion publique fermement opposée à l'expansionnisme allemand dès le début de 1939.

Churchill n'a pu devenir Premier ministre en mai 1940 parce que tout le monde commençait à être furieux contre Chamberlain, le désastre de plus en plus évident de sa politique passée d'apaisement et de sa manière de conduire la guerre, et parce que Churchill était le seul parmi les conservateurs (hormis Eden) incarnant une ligne politique non compromise et non discréditée pour ce qui concerne la manière dont il convenait de s'opposer à l'Allemagne.

Mais on méconnaît aussi le fait que, quand Churchill, tout fraîchement devenu Premier ministre, a réuni le groupe parlementaire conservateur où Chamberlain faisait son retour, Chamberlain a eu droit à une ovation quand Churchill n'a eu que des applaudissements mesurés.

Sur la Pologne, cette puissance moyenne était dans une situation stratégique impossible. A la fin de sa vie, Pilsudski a, si mes souvenirs sont bons, tenté de faire mener avec les puissances occidentales ou à tout le moins avec la France, une guerre préventive contre l'Allemagne au motif que la présence de Hitler à la tête de l'Allemagne et la nature clairement affichée du programme nazi constituaient une menace mortelle pour les voisins de l'Allemagne. Il a été éconduit. Ensuite, la Pologne était dans une situation impossible, coincée entre 2 grandes puissances totalitaires, expansionnistes, et dont l'hostilité envers la Pologne n'avait rien d'irrationnel puisque c'était de l'impérialisme pur.

Dernier point enfin, concernant F D Roosevelt. Plus j'y pense, plus je trouve que ce personnage était véritablement une détestable pourriture. Reprocher à un pays de 40 millions d'habitants, saigné à blanc en 1914-1918, le pays le plus vieux du monde en raison d'une natalité atone depuis 3 générations, un pays que les grandes puissances anglo-saxonnes se sont employées sans relâche à affaiblir et à entraver dans l'entre deux guerres, de ne pas avoir su résister seul à une Allemagne jeune de 80 millions d'habitants et 1ère puissance industrielle d'Europe, c'est à rendre anti-américain le mis plus americanophiles des français.


Caesar Scipio,

je vous remerchie pour cette splendide analyse. J'essaierai de vérifier auprès de mes amis anglophones...

"Dernier point enfin, concernant F D Roosevelt. Plus j'y pense, plus je trouve que ce personnage était véritablement une détestable pourriture. Reprocher à un pays de 40 millions d'habitants, saigné à blanc en 1914-1918, le pays le plus vieux du monde en raison d'une natalité atone depuis 3 générations, un pays que les grandes puissances anglo-saxonnes se sont employées sans relâche à affaiblir et à entraver dans l'entre deux guerres, de ne pas avoir su résister seul à une Allemagne jeune de 80 millions d'habitants et 1ère puissance industrielle d'Europe, c'est à rendre anti-américain le mis plus americanophiles des français"

Oui comme Narduccio va dire c'est aussi ici hors sujet et peut-être mieux de le discuter sur un autre fil. Parce que il existe un fil où j'ai aussi participé, concernant le trio Roosevelt, Churchill et de Gaulle...Là bas j'ai contribué avec le documentaire du BBC concernant leur rélation tourmentée...

En effet la relation entre Roosevelt et de Gaulle était plus complexe qu'on peut estimer à la première vue...

Cordialement et avec estime, Paul.


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Message Publié : 15 Juin 2016 17:54 
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Polybe
Polybe

Inscription : 23 Mai 2015 14:22
Message(s) : 103
Pierma a écrit :
La Pologne : Là franchement, sa politique dépasse l'entendement. La Pologne se comporte comme une grande puissance, refuse un accord avec l'Allemagne qu'elle aurait mieux fait d'accepter - quitte à y perdre Dantzig - mais participe avec l'Allemagne au démembrement de la Tchécoslovaquie - elle récupère la ville de Teschen - refuse le passage éventuel de l'Armée Rouge en cas d'alliance franco-anglo-russe (refus ridicule qui justifierait un chantage allié : vous acceptez ou on vous laisse tomber - d'autant que cette triple alliance aurait paralysé Hitler) et enfin s'allie avec la France et l'Angleterre en comptant qu'une violente offensive française en Allemagne lui permettra de tenir seule un second front en cas de guerre, alors qu'elle n'en a absolument pas les moyens. (L'offensive française, ses généraux l'attendront, mais personne n'avait prévu que les Allemands atteindraient Varsovie en une semaine.).

Au contraire, je trouve la politique polonaise plutôt réaliste. Ils sont face à deux superpuissances, l'Allemagne et la Russie qui veulent à terme la fin de la république de Pologne. Un traité d'alliance franc et sincère aurait été de faire entrer le loup dans la bergerie.
La Pologne n'est pas dans la position stratégique de Staline qui fait alliance avec Hitler pour gagner du temps, ou de Churchill qui fait alliance avec Staline car le Royaume-Uni n'est pas dans l'immédiat envahissable par l'URSS. La Pologne n'a ni de temps à gagner comme Staline, ni la position géo-stratégique du Royaume-Uni.


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Message Publié : 15 Juin 2016 18:17 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 13 Jan 2013 13:11
Message(s) : 414
Bonjour, je m’interrogeais:

Quid d'une éventuelle alliance défensive entre la Pologne et la Tchécoslovaquie contre l'Allemagne (avant 1938 et les accords de Munich bien sûr)?
Car mis à part la minuscule région de Teschen y avait il des sujets de discorde entre les deux pays? Tout deux pouvaient craindre la volonté de vengeance d'une Allemagne expansionniste...


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Message Publié : 15 Juin 2016 19:43 
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Polybe
Polybe

Inscription : 23 Mai 2015 14:22
Message(s) : 103
Bonjour,
Lors de la guerre soviéto-polonaise de 1920, la Tchécoslovaquie avait refusé le passage de troupes hongroises venues soutenir la Pologne, alors qu'on peut penser que les Tchèques étaient concernés par l'avancée russe.
Preuve si il en est que les relations entre ces deux nouveaux États étaient très tendues.


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