ezio-auditore a écrit :
calame a écrit :
Hasan, puis Husein,
Là, je ne suis plus.
Après la grande
fitna, Ali est imposé. Il doit cependant faire face au gouverneur de Syrie Mou'awiya. Les deux parties s'affrontent à Siffin. Un arbitrage est demandé, Ali accepte. Dans son camp se crée alors une scission. Les "réciteurs du Coran" lui repproche d'accepter cet arbitrage avec un "rebelle" : "
.... et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l'un d'eux se rebelle contre l'autre, combattez le groupe qui se rebelle jusqu'à ce qu'il se conforme à l'ordre d'Allah" ; devant le refus d'Ali cette scission est menée par les Kharidjites.
Les arbitrages continuent, on en vient à déclarer que l'assassinat d'Othman était injuste, ce qui met Ali en position de non légitimité. Mou'awiya se déclare calife (c'est ainsi que j'ai compris la chose). Ali ne contrôle plus désormais que le sud de l'Irak ; Ali ne veut pas être pris en tenaille ---> bataille d'Al-Narwan (exit les Kharidjites). Ali est assassiné. Son fils Al-Hasan prête serment à Mou'awiya. Une des conditions est qu'après Mou'awiya, le pouvoir revienne à Al-Husein.
Comment se fait-il qu'Hasan ait été "compté" puisqu'il prête serment ?
L'abdication de Hasan face à Muawiya (qui est due surtout à sa faiblesse militaire) a posé de nombreux problèmes aux Alide qui, par la suite, ont tenter de revendiquer le pouvoir. Cela ne le destitue pourtant pas de la lignée familiale : il ne perd pas son "statut de sang" (l'expression n'est pas heureuse, c'est la seule qui me vient sur le moment) parce qu'il abdique. Les shiites (tous mouvements confondus) estiment qu'il a été désigné par son père pour lui succéder, et qu'il est donc le 2e imam.
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qui ont pris sa suite. Ali, Hasan, Husein, et leurs successeurs sont des imams pour les shiites
Ce sont des imams "divins". Peut-on dire que chez les Sunnites, ce rôle est capté par les Oulemas : j'ai du mal à situer les Oulémas... ?
Non, un ouléma est simplement un savant, quelqu'un de versé dans la science religieuse, capable d'interpréter le coran pour dire la loi. Il existe des ulema sunnites comme des ulema shiites
L'imam chez les shiites a un côté impeccable et unique : il est le seul habilité à interpréter le Coran et le seul capable d'en comprendre l'esprit, de par son appartenance à la lignée de Ali, premier imam. Les shiites considèrent en fait Ali et Muhammad comme un couple (au sens figuré du terme) : Muhammad est le dépositaire de la révélation divine, et Ali est dépositaire du sens caché du divins (couple d'opposition entre zaher et batin, ce qui est visible, accessible à tous, exotérique vs. ce qui est caché, nécessite une interprétation, ésotérique). Cette dimension ésotérique est absente du sunnisme, qui a une vision plus littérale du Coran.
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c'est à cause de Karbala que le shiisme a un côté très martyrial, que des gens se flagellent et pleurent tous les an à moharram, etc.
Ne retrouve-t-on pas ce côté "martyrial" dans le soufisme avec bien sûr une dimension plus mystique ?
Je rame...
Non, le shiisme a une dimension martyriale a cause de Karbala. On pleure a cause de Karbala. C'est quelque chose de collectif et non lié à un choix individuel comme la recherche sufie.
Le sufisme, qui peut être sunnite ou shiite (plus souvent sunnite quand même), est un ensemble de pratiques mystiques, et non pas un courant religieux en soi. Même si les sufis font soufent des acèses, voire se mutilent, il n'a pas de caractère martyrial en soi, il n'a pas de grande figure de martyr comme référence. Le sufi cherche directement Dieu, sans intermédiaire ; il se place à un autre niveau que les religieux sunnites ou shiites ; sa recherche n'est pas d'ordre légal, mais l'expérience intime de contact avec Dieu. Il existe un sufi qui a subi un "martyr", si l'on veut, c'est à dire une exécution particulièrement horrible : c'est al-Hallaj, qui se promenait dans les rues de Baghdad tout nu en se prenant pour Dieu - ce qui ennuyait quelques personnes - mais a été condamné pour tout autre chose, à savoir avoir prétendu au statut de quelqu'un capable de dire la loi. C'est une figure respectée par beaucoup de sufis (et non sufis d'ailleurs, sa poésie est magnifique), mais il n'a pas le caractère sacré des imams dans le shiisme.
Si on tente une comparaison avec le christianisme, sunnisme et shiisme sont comparables au protestantisme et au catholicisme, tandis que le sufisme pourrait être comparé aux pratiques de retraite et de recherche de perfection des ermites ou des moines. (mutatis mutandis).
Cependant, s'il y a quelque chose qui rapproche les pratiques sufies du shiisme, c'est l'idée que Dieu n'est accessible que par une recherche ésotérique, qui est évacuée dans le sunnisme de base.