Souvent, on lit que la boîte supposément offerte par Napoléon à Lesueur contenait une croix de la Légion d’Honneur. Or à chaque fois, on « oublie » de préciser que Lesueur était membre de la Légion depuis près de deux ans (Lacepède lui avait annoncé sa nomination le 25 juillet 1802)…
J’ai retranscrit plus haut la lettre de Rémusat annonçant le cadeau de la boîte d’or et de la somme de six mille francs. Cette missive (et les présents impériaux) n’est pas sans rappeler celle que Talleyrand écrivit à Grétry (lui aussi membre de la Légion, depuis fin 1803) le 22 avril 1806 :
« L'Empereur ayant entendu avec beaucoup de plaisir la musique de Richard Cœur de Lion [c’était le 17 avril précédent], m'a chargé. Monsieur, de vous remettre la boîte ci-jointe et la gratification de 6000 francs qu'elle contient.
Sa Majesté a daigné accompagner ce présent d'expressions pleines de bienveillance pour votre personne et votre talent.
Je me félicite, Monsieur, d'avoir à vous transmettre ce témoignage honorable des bontés de l'Empereur, et je saisis cette occasion de vous renouveler l'assurance de mes sentiments les plus distingués et de l’estime particulière que je vous porte.»
ezio-auditore a écrit :
ALEXANDRE 1ER a écrit :
L'Opéra de Lesueur "Les Bardes" joué en 1804,trés appréçié de Napoléon .Lui était 'il dédié?
Non semble-t-il, le livret ayant été choisi en 1795.
Lesueur dédicaça son œuvre à Napoléon, en ces termes :
« Sire,
Votre nom glorieux à la tête de l’opéra d’Ossian le recommande à la Postérité.
La gloire du héros du III. siècle occupait une partie de notre continent: si ma voix s'est élevée quelquefois en s’essayant à le chanter, c est que mon coeur m'offrait sans cesse pour modèle le tableau vivant du héros l’orgueil de notre âge dont le nom et la gloire occupent le globe sur lequel nous marchons: j’allais dire l’univers : est-ce trop présumer ? il remplit les desseins de l’auteur des choses; il occupa la pensée du moteur du monde : ses destinés sont connues comme les astres qui nous luisent.
Mais comment eusse-je pu atteindre ce modèle objet de mes chants ? il doit l’être du siècle à venir. J’y découvre les héros des races futurs, qui s'échauffent à l'idée de mériter de lui être comparés. Les pleurs mouillent leurs yeux attachés sur son histoire. Un jour elles leur seront rendues ces chaudes larmes d'une émulation sublime; elles leur seront rendues par les voyageurs lisant sur leurs tombes: « ils avaient quelque chose de Napoléon ». »